Autobiographies sur l’expérience des camps

Quand un  lecteur lit une autobiographie, il cherche comme l’écrivain a assouvi un ou plusieurs désirs, qui sont la trouvaille d’informations sur une époque, une culture, une région, une expérience ;  l’identification à un modèle, à quelqu’un qui a réussi ; une attraction pour le moi ; une identification à quelqu’un par le désir de lecture  ; une lecture permettant de sauter des passages et avoir le plaisir de lire en tant que voyeur.

Le mot “autobiographie” comprend tout texte dans lequel le lecteur suppose que l’auteur témoigne de son expérience, qu’il se soit ou non engagé à le faire: “oeuvre littéraire, roman, poéme traité philosophiques, etc, où l’auteur a eu l’intention, secrète ou avouée, de raconter sa vie, d’exposer ses pensées ou de peindre ses sentiments” (Vapereau, 1878)

Exemples d’autobiographies sur les camps de concentration:

  • « […] je n’auteur de Si c'est un hommeai pas plus tôt détaché le glaçon, qu’un grand et gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient à moi et me l’arrache brutalement. « Warum ? », dis-je dans mon allemand hésitant. « Hier ist kein warum » [ici, il n’y a pas de pourquoi] »

Extrait de Se questo è un uomo (Si c’est un homme), Primo Levi, Enaudi 1958 (version original), Julliard 1987 (version française)

 

  • “Le thé fume en odeur écœurante. Les stubhovas le servent chichement à nos soifs de fièvre. Elles en gardent la plus grande part pour leur toileAuteur de Aucun de nous ne reviendrastte. C’est la meilleure utilisation qu’on en puisse faire, certes, et le désir nous vient de nous laver nous aussi dans une bonne eau chaude. Nous ne nous sommes pas lavées depuis notre arrivée, pas même les mains à l’eau froide. Nous prenons le thé dans nos gamelles qui sentent la soupe de la veille. Il n’y a pas d’eau pour les gamelles non plus. Prendre son thé, c’est l’emporter de haute lutte, dans une mêlée de coups de bâton, de coups de coude, de coups de poing, de hurlements. Dévorées par la soif et la fièvre, nous tourbillonnons dans la mêlée. Nous buvons debout, bousculées par celles qui craignent de n’être pas servies et par celles qui veulent sortir, parce qu’elles doivent sortir tout de suite, dès qu’elles sont debout il faut qu’elles sortent tout de suite. Le sifflet siffle le dernier coup. Alles raus. (3) “

(2) Stubhova : chef de chambrée, déportée choisie par les SS pour faire régner l’ordre dans les les baraques.
(3) Alles raus : “tout le monde dehors”, en allemand

Extrait de Aucun de nous ne reviendra, Charlotte Delbo, 1965, Gontjier édition

  •  « Immédiatement à côté de moi un objet difforme entra dans mon champ de vision :Auteur de Etre sans destin un sabot, de l’autre côté une casquette de diable semblable à la mienne, deux accessoires pointues – le nez et le menton – au milieu, une dépression caverneuse – un visage. Et puis encore d’autres têtes, des objets, des corps – je compris que c’étaient les restes du chargement, les déchets, dirais-je pour employer un terme plus précis, qui avaient sans doute été mis là en attendant. »

Extrait de Etre sans destin, Imre Kertész, Edition 10/18, novambre 2002

  • “La tête du mort, comme une tête vivante, se balançait de-ci de-là,auteur du poéme Le Cahnt du peuple juif assassiné
    Et sur le vivant coulait déjà la sueur de la mort.
    L’enfant réclame à boire à sa mère, morte, une goutte d’eau,
    Il lui frappe la tête de ses petites mains, pleurant parce qu’il a chaud.”

Extrait de Le Chant du peuple juif assassiné, Ytshak Kartzenelson, traduit du yidishn, édition française Zulma 2007. Publié la première fois de façon confidentielle dans la revue Caravane, en 2001. Poème  Ytshak Kartzenelson, octobre 1943 déporté de France par le convoi n°72, parti de Drancy vers Auschwitz le 29 avril 1914.

Anne, 1ère STAV.