Retour du Struthof

Pour le groupe du Struthof, rappel des tâches à réaliser avant le 10 mai :

Notre fil directeur pour l’exposition : On a souvent dit que les mots étaient insuffisants pour nommer l’impensable : ce qui s’est passé dans les camps de concentration. En quoi les mots disent-ils les faits ? Ne peuvent-ils pas, au contraire, à certains moments, servir pour les camoufler ?  L’idéologie nazie nous renvoie à un rapport particulier non seulement au monde et aux relations humaines, mais aussi aux mots qui disent ces relations. Nous étudierons le lien entre le langage et les actes autour de cette visite du Struthof.

  • Amélie, seconde pro : questions + porte-parole du groupe le 14 (réserve ta soirée) : as-tu des idées de présentation de l’ensemble de l’exposition ?
  • Bastien et Victor, CGEA 1 : rédaction de la lettre pour Monsieur Caffiéry : objectif : dire notre expérience ;
  • Eloïse, Term S : compléter l’article “résilience” avec la comparaison des deux témoignages : comment surmonter l’invivable ? comment revenir à la vie après avoir traversé l’épreuve des camps ? – beaucoup de matière intéressante récoltée en écoutant les 2 témoins, continue ce travail sérieux en synthétisant cela à l’écrit ;
  • Ophélie, Term S et Anne, 1ère STAV : analyse de l’expression “Nuit et Brouillard” : en quoi les mots peuvent-ils désigner les faits ou bien au contraire les camoufler ? Belle présentation faite hier après-midi, beaucoup de travail réalisé : il ne vous manque plus qu’à clarifier les liens, à taper le panneau et à l’illustrer ;
  • Manon, Term S : revenir sur “nos mots ne sont pas vos mots”, en complétant des passages en fonction de ce que nous avons vu et en indiquant les sources – présentation à soigner aussi, mais pour le contenu, ça marche ;
  • Maxime, CGEA 2 et Benoît, Term S : écriture poétique : le poème, qui entraîne une relation sensible au langage, n’est-il pas le plus à même d’exprimer l’indicible ? Je remets ici le poème que je vous ai lu, de Sylvia Plath, afin de vous donner des idées notamment sur la structure possible du texte (c’est ce qui vous manquait hier, avec des bonnes pistes – et gardez l’image proposée par Manon) :

 

Dame Lazare
de Sylvia Plath

” Ça y est, je l’ai encore fait.
Tous les dix ans, c’est réglé,
Je réussis –

Comme un miracle ambulant, ma peau devient
Aussi lumineuse qu’un abat-jour nazi,
Mon pied droit

Un presse papier,
Mon visage délicat
Mouchoir juif.

Ôtez-moi ce linge blanc,
Ô mon ennemi.
Le nez, les orbites, la denture complète –

N’est-ce pas parfaitement effroyable ?
L’aigreur de l’haleine
Aura disparu en une journée

Et très vite la chair
Que le gouffre du tombeau avait dévorée
Se remettra d’elle-même en place

Sur moi, femme souriante.
Je n’ai que trente ans.
Et comme les chats je dois mourir neuf fois.

Ceci est ma mort Numéro Trois.
Quel saccage
Pour anéantir chaque décennie.

Quelle multitude de filaments.
La foule qui croque ses cacahuètes
Se bouscule pour me les voir

Enlever un à un –
C’est le strip-tease intégral.
Messieurs, mesdames.

Voici mes mains,
Voilà mes genoux.
Si je n’ai que la peau et les os,

Je n’en suis pas moins véritable, la même femme.
La première fois j’avais dix ans.
C’était un accident.

La deuxième fois j’étais bien résolue
À en finir, ne jamais revenir.
Je me suis scellée

Comme un coquillage.
Ils ont appelé, appelé, ils ont
Retiré les asticots gluants comme des perles.

Mourir
Est un art, comme tout le reste.
Je m’y révèle exceptionnellement douée,

On dirait l’enfer tellement.
On jurerait que c’est vrai.
On pourrait croire que j’ai la vocation.

C’est assez facile à réaliser dans une cave.
C’est assez facile de rester là et d’attendre.
C’est le retour

Théâtral en plein jour
Au même lieu, au même visage, à la même clameur
Primitive amusée :

« Miracle ! »
Qui me foudroie.
Il faut payer

Pour regarder mes cicatrices, il faut payer
Pour entendre mon cœur –
Il bat pour de bon.

Et il faut payer et payer très cher
Pour avoir un mot, un geste,
Un peu de sang,

Une mèche de mes cheveux, un bout de mes vêtements.
Voilà, voilà, Herr Doktor.
Voici, Herr Ennemi.

Je suis votre chef-d’œuvre,
Je suis votre bien le plus précieux,
Le bébé tout d’or pur

Qui fond en un seul cri.
Je brûle et me consume.
Ne croyez pas que je sous-estime la valeur de vos intérêts.

Cendre, cendre –
Vous tisonnez.
De la chair, des os, rien, vous fouillez –

Un pain de savon,
Une alliance,
Une dent en or.

Herr Dieu, Herr Lucifer
Méfiez-vous
Méfiez-vous.

De la cendre je surgis
Avec mes cheveux rouges
Et je dévore les hommes –

Dévore les hommes comme l’air.”

(photo envoyée par Yves – faites-moi parvenir toutes vos images SVP)

Bonnes vacances