Masque

Masque

Pourquoi peut-on avoir besoin de connaître le terme “masque”? 

Le masque est un objet destiné à cacher, à dissimuler une personne derrière une imitation d’un autre visage. Le port d’un masque semble dater d’assez longtemps mais à quelle époque précisément? Pourquoi un jour quelqu’un a voulu se cacher en utilisant l’image d’un autre individu? Aujourd’hui encore nous pouvons entendre de certains qu’ils se cachent derrière un masque : qu’est-ce que cela peut signifie?Nous pouvons nous interroger sur ce terme qui fait plus ou moins partie de notre quotidien puisqu’il s’agit d’un mot fréquemment utilisé mais qui, pourtant, attise beaucoup de curiosité. Qu’est-ce qui peut bien se trouver derrière un masque? Pourquoi vouloir mettre un masque? Qu’en est-il des masques non visibles, ceux de notre époque moderne? Ces masques incrustés dans notre visage que nous portons en fonction des occasions? Connaître l’histoire de ce mot pourrait permettre dans une certaine mesure de comprendre certains de nos comportements mais aussi d’aborder tous les domaines artistiques liés au port d’un masque.

 

Étymologie du terme “masque”

Le mot “masque” vient de l’italien maschera (“masque”) qui vient lui-même d’un radical préroman maska qui signifie “noir”.

Cette étymologie s’explique par le fait que les plus anciens déguisements consistaient simplement à se noircir le visage et parfois le corps.

Certains ont émis l’hypothèse que le terme “masque” serait issu de l’Arabe مسخ, maskh que signifie “dénaturation, faux visage, trucage”.

 

Masque : un terme qui cache une multitude de définitions

Bien au-delà du simple objet qui recouvre un visage, le masque désigne une multitude de choses et dans des domaines très différents.

Intéressons-nous d’abord aux définitions données par le CNRTL (Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales).  Premièrement, le terme “masque” est utilisé dans le domaine du théâtre ou dans la vie quotidienne pour désigner un(e) :

      • Objet recouvrant et représentant parfois tout ou partie du visage, qui est porté dans diverses occasions de la vie sociale selon les peuples et les époques.
      • Objet, représentant généralement un visage ou une gueule animale, souvent grotesque, que l’on porte sur la face pour se déguiser.
      • Pièce d’étoffe recouvrant la totalité ou la partie supérieure du visage que l’on porte pour se dissimuler (portée, autrefois, par les femmes pour se protéger du soleil, du froid, etc.).
      • Objet représentant un visage ou une gueule animale, qui symbolise un affect, un comportement ou un rôle, porté par les acteurs de théâtre dans diverses cultures.
      • Objet représentant, généralement de manière symbolique, un visage ou une gueule animale, revêtant une valeur sacrée et porté ou exhibé dans l’accomplissement de cérémonies religieuses dans diverses sociétés extra-européennes.
      • Ce qui recouvre le visage.
      • Maquillage (trop) abondant sur un visage.

Ensuite le terme de masque peut aussi être utilisé dans le domaine médicale et technologique pour désigner un :

      • Objet constitué d’un treillis ou d’une plaque métallique servant à protéger le visage.
      • Objet appliqué sur le nez et la bouche, généralement en papier ou en tissu, servant à filtrer l’air expiré ou inspiré (masque antiseptique) .
      • Objet placé devant les yeux et le nez permettant de voir sous l’eau (masque de plongée).
      • Appareil comportant un dispositif étanche fixé sur le visage et qui permet de filtrer l’air inspiré ou de respirer en circuit fermé dans une atmosphère toxique (en particulier, chargée de gaz de combat). (Masque à gaz)
      • Appareil comportant un dispositif en caoutchouc s’adaptant sur la bouche et le nez et permettant d’inhaler des gaz anesthésiques ou de l’oxygène (masque anesthésique, à oxygène).

En cosmétique, un masque est défini par une “Préparation qu’on applique sur le visage (et le cou) dans les soins esthétiques de l’épiderme“.

Alors qu’en œnologie, le masque désigne un “dépôt adhérant aux flancs d’une bouteille (de vin de Champagne)“.

“Image photographique transparente qu’on superpose à une autre image pour en corriger ou en améliorer les contrastes, les densités ou les teintes.” correspond à la définition de masque en photographie.

Enfin, en zoologie, un masque caractérise un “labium extensible transformé en organe de capture, qui cache au repos les pièces buccales, chez la larve de libellule”.

Un autre dictionnaire, comme par exemple le dictionnaire Larousse nous apporte exactement les mêmes définitions du terme “masque” et dans les mêmes domaines.

Cependant, le dictionnaire Littré nous apprend également qu’un masque peut être un ” Terme familier d’injure dont on se sert quelquefois pour qualifier une jeune fille, une femme, et lui reprocher sa laideur ou sa malice”.  Cela s’explique par le fait qu’en Languedocien, masco, signifie sorcière.

Ainsi, nous pouvons voir que le point commun entre toutes ces définitions est que le masque désigne un objet qui cache le visage. Mise à part la définition du dictionnaire Littré, le masque évoque toujours quelque chose qui couvre, dissimule notre vrai visage.

 

Le masque et la philosophie 

Qu’il sache que l’homme est naturellement bon, qu’il le sente, qu’il juge de son prochain par lui-même mais, qu’il voie comment la société déprave et pervertit les hommes qu’il trouve dans leurs préjugés la source de tous leurs vices qu’il soit porté à estimer chaque individu, mais qu’il méprise la multitude qu’il voie que tous les hommes portent à peu près le même masque, mais qu’il sache aussi qu’il y a des visages plus beaux que le masque qui les couvre.

Jean-Jacques ROUSSEAU est l’auteur de ces mots qui ont été écrit dans Émile ou de l’éducation en 1762.

Cette phrase de ROUSSEAU montre que les hommes ont une tendance à se cacher derrière un masque sous la pression de la société. Nous devons nous plier à une certaine conformité, la différence est assez mal acceptée alors un masque identique est plus facile à porter. La société nous impose des règles mais elle nous dicte aussi notre façon d’être, notre personnalité et lorsqu’un individu ne suit pas ses dictâtes alors il préfère mettre son masque de bon citoyen qui n’a aucun défaut.

La dernière phrase de cette citation montre qu’il est malheureux de réagir ainsi car ce qui se cache derrière le masque peut-être et est souvent plus beau que le masque. En effet, il n’est pas intéressant d’être identique. Il vaut parfois mieux rencontrer quelqu’un avec des défauts plutôt qu’un “masqué” qui prend soin de mettre les formes mais qui n’a aucun fond, qui est dans la transparence.

Par le pronom “il”, ROUSSEAU désigne Emile qui est l’enfant dont il imagine l’éducation dans son traité. Ainsi à travers son fils imaginaire, il nous apprend la lucidité, il nous apprend à juger par nous même sans nous faire influencer par les avis des autres, mais surtout il nous apprend à aller plus loin que l’apparence, car selon ROUSSEAU, l’Homme est bon, alors ce n’est pas un masque ternis qui va lui faire penser du mal d’un individu.

 

Les synonymes et antonymes de “masque”

Minois” et “déguisement” sont des synonymes de “masque”.

Minois : “Frimousse, visage joli et charmant.”

Déguisement : “Vêtement de carnaval, de bal masqué, etc.; costume d’emprunt appartenant à une certaine époque, à une certaine catégorie professionnelle ou sociale, à un personnage imaginaire.”

Dans le cas du minois, nous pouvons voir que ce mot diffère de “masque” puisqu’il n’y a pas cette idée de se couvrir le visage. Cependant, par le côté charmeur, nous pouvons retrouver le fait qu’un masque dissimule la vérité, nos sentiments et qu’il y a toujours un  but, une raison au port de ce masque.

Concernant le déguisement, le point commun avec le masque serait de se couvrir physiquement une partie du corps. D’ailleurs un masque peut compléter un déguisement. Cependant le déguisement évoque quelque chose de plus léger, de moins sérieux mais surtout de plus réel. Le message caché derrière le déguisement n’existe pas alors que derrière le masque…

Enfin, “découvrir” et “dévoiler” peuvent être considérés comme des antonymes de “masque” mais surtout de “masquer”.

Le masque et moi

Bien au-delà du port d’un objet sur mon visage, j’y vois quelque chose de beaucoup plus personnel. Nous portons tous un masque et ce tous les jours. Il y a quelque chose de très rassurant à se couvrir le visage. Le masque semble être la gomme qui efface tous nos problèmes face à autrui. Mettre un masque, enfin se dissimuler quelque fois, peut être une solution ou une alternative quand nous n’avons pas envie d’exposer nos problèmes ou tout simplement d’en parler. Il peut permettre de se sauver de certaines situations et de se faciliter la vie, notamment dans les échanges avec les autres. Cependant , aujourd’hui, dans notre société basée essentiellement sur le jugement, la mode des masques fait son grand retour et semble être un incontournable. Nous entendons beaucoup parlé de l’acceptation de soi, de se moquer du regard des autres, de penser à soi pour mieux penser aux autres, enfin plein de bonnes idées mais qui nous font tous aller dans la même direction. Nous voulons que chacun se sente bien mais au final nous finissons par ne plus nous écouter. C’est dans ce contexte que nous mettons nos masques. L’optimisme est tendance, il faut toujours être joyeux alors quand ça ne va pas, nous sortons notre masque heureux. Quand nous traversons une période sombre, notre reflet du miroir ne nous plaît plus alors nous voulons que ce soient les autres qui prennent cette place de reflet. Nous leur imposons le sourire et l’interdiction de flancher. Comment faire? Sortir le masque. Il est de plus en plus difficile d’exprimer un mal être alors nous nous murons dans un silence et nous faisons parler notre masque : celui qui dit que tout va bien. Cela peut durer très longtemps. Cependant, malgré mon âge, je peux vous confirmer que les masques finissent toujours par tomber. En plus de cela, il faut croire que la science progresse plutôt bien car aujourd’hui la colle entre notre masque et notre visage est encore plus forte : quand le masque tombe, il n’y a pas que la peau qui s’arrache !

Le visage du masque 

Les onze masques de la Commedia dell’arte

Concernant l’histoire du masque au théâtre, son plein essor est arrivé avec la Commedia dell’arte.  Ce genre de théâtre populaire italien est né au XVIe siècle.  Les acteurs improvisaient des comédies qui étaient marquées par la ruse, la naïveté et l’ingéniosité. Mais le plus remarquable de la Commedia dell’arte est que les comédiens étaient masqués.  Il y avait onze personnages-clés qui avaient chacun leur masque correspondant que nous pouvons voir ci-dessus. 

Le masque prend donc sens et désigne donc un rôle. Quotidiennement, dans notre société, nous portons un masque pour ne pas nous dévoiler, pour nous protéger et pour protéger les autres, ceux qu’on aime. Rappelez-vous juste que la colle est puissante aujourd’hui : ne vous cacher pas trop longtemps, vous finirez par vous blesser, blesser les autres, blesser ceux que vous aimez…

Flavie ALLAIN