La forêt : entre harmonie et individualisme

« Quand un arbre tombe, on l’entend; quand la forêt pousse, pas un bruit ». Ce proverbe africain défini ce que l’on recherche au sein d’une forêt : la tranquillité, le répit, la paix. Nous avons à l’esprit que la forêt abrite de nombreux être vivants et qu’ils parviennent à cohabiter dans une atmosphère d’harmonie. Cependant, cela ne serait-il pas qu’une illusion? Une image pour rendre la forêt plus attractive, plus envieuse? Vous cher citoyens de ce monde, pensez-vous que la forêt peut être le modèle d’une société solidaire? Nous montrerons l’égoïsme de la forêt, qui peut, néanmoins, entrainer l’esprit de solidarité, mais cependant chaque être vivant est seul.

La loi du plus fort …

          La forêt est un endroit paisible de loin, mais dès que l’on s’en rapproche nous nous apercevons qu’il n’y a qu’une seule loi : la force et le chacun pour soi. Il existe une hiérarchie, les plus forts sont rois et les plus faibles s’abaissent. Cela est l’inverse même de la solidarité. La forêt est un endroit vaste, elle n’abrite pas seulement des arbres mais, de multiples espèces d’êtres vivants. La présence de nombreux individus amplifie la difficulté à la réalisation d’une société solidaire. Nous savons qu’il y a dans le monde, de plus en plus, de différents conflits, guerres entre les individus. Prenons comme exemple un loup et une biche, ou encore, un arbre et un champignon dévastateur. Il y a un conflit qui finit par la mort, seul, d’un individu. Où est la solidarité dans tout cela? La biche n’a-t-elle pas l’aide de ses congénères? Ne voyons-nous ,donc pas, un ralliement entre les plus faibles? Une idée d’entraide ne se développerait-elle pas dans l’esprit des martyrs? Comme on dit, ensemble on est plus fort, beaucoup d’espèces devraient alors être solidaire entre eux, se soutenir pour faire face aux plus forts? Donc, la forêt n’aurait-elle pas un modèle de solidarité bien présent?

… entraîne un esprit de solidarité …

          En effet, la forêt est un endroit de symbiose, dans les deux sens. D’une part, l’association biologique, durable et réciproquement profitable, entre deux organismes vivants, et d’autre part, l’étroite union entre les individus. L’entraide est présente entre petits animaux ou encore entre plantes. Nous pouvons ressentir cette communion lorsque l’on est en forêt. Ce calme, cette tranquillité et cette confiance en soi. Les arbres sont souvent rois dans une forêt. Ils sont impressionnants, grandioses et majestueux. Dans une forêt, nous pensons, principalement, qu’elle est composé d’arbres. Cette pensée amplifie l’idée des arbres souverains. Cependant, nous pouvons voir l’union qu’ils ont avec les autres espèces. D’autres diront, qu’un arbre, c’est solitaire, mais lorsqu’il héberge en son tronc de nombreux animaux comme des oiseaux, des insectes. Peut-on dire que c’est un arbre sans aucune solidarité? Prenons d’autres exemples, comme la solidarité au sein des espèces. Les sangliers, les chevreuils, ne se déplacent rarement tout seul, ou juste pour chasser. Nous pouvons donc, voir cette cohésion entre les espèces. La forêt est assez grande pour pouvoir accueillir tout le monde, créer un univers de prospérité et d’entraide. Donc certes, il y a sûrement un modèle de société solidaire. Mais est-il pour autant exemplaire? Devrons-nous imiter ce type de modèle? N’a-t-il pas une part d’égoïsme, comme tout ce qui nous entoure?

… mais la solitude l’emporte

          Malgré les liens entre êtres vivants, chacun reste seul dans une forêt. L’arbre est imposant et ne laisse aucune place aux autres plantes pour se développer. Les insectes, même s’ils habitent dans l’arbre vont manger ses feuilles, le détruire petit à petit. Nous pouvons donc, nous apercevoir que chaque individu à une part d’égoïsme au fond de soi. Une forêt ne peut pas être le modèle de solidarité à suivre. Quand on se retrouve dans une forêt il n’y a souvent aucun bruit. Vous, lecteurs et citoyens de demain, sentez-vous solidaires face à cette solitude? Une union devrait se voir à l’instant même où nous rentrons dans une forêt. Mais le seul aspect que l’on perçoit est l’abandon. Peut-on être solidaire, uni, lorsqu’on ne ressent aucun lien dans un endroit?

Pour conclure, la forêt peut être un lieu de solidarité, de symbiose entre individus. Cependant, ce n’est pas un modèle de société solidaire. La solidarité est l’entraide et le fait de pouvoir compter sur les autres. Or si on se sent seul, comment pourrions-nous construire une société solidaire exemplaire? La forêt a des liens forts mais seulement dans l’intérêt d’un individu. Nous faisons donc face à une forêt individualisme, égocentriste.

Société : Écosystème de demain !

Beaucoup le disent et pensent, nous vivons dans un monde individualiste où les liens sociaux et les liens liés aux solidarités de classes et d’appartenance religieuse et sociale semblent disparaître. Alors pourquoi ne pas prendre exemple sur des sujets tels que les arbres ainsi que les organismes formant une forêt car, nous le savons tous, ils communiquent entre eux, mais sont aussi solidaires les uns envers les autres en s’entraidant.  Alors la question serait, la forêt peut-elle être le modèle d’une société solidaire ?

Je vais tenter d’y répondre en expliquant, les similitudes de la société et du système forestier en passant par la théorie de Darwin et de ses controverses. Mais  avant toutes choses, par quel facteur et comment les organismes se maintiennent en vie ensemble .

 

Du vivant grâce aux coopérations !

La forêt est un écosystème complexe mais qui fonctionne avec le principe de la symbiose. C’est-à-dire qu’il existe un lien qui réunit tous les organismes entre eux et qui leur permet de vivre indépendamment des autres mais avec leurs aides. Chaque organisme va survivre en puisant la faiblesse d’un autre organisme pour un faire une force. À travers ce principe symbiotique, d’autres interactions prennent place en parallèle, telles que le mutualisme dans laquelle les deux organismes retirent un avantage à l’association ; le commensalisme, dans lequel un des deux organismes retire un avantage l’autre organisme n’a aucun avantage ni désavantage.

Toutes ces relations montrent que la forêt n’est pas juste une succession d’individus, mais un seul et immense organisme, en effet le système forestier implique une entraide des organismes entre eux et la survie de chacun dépend indépendamment des autres organismes qui l’entourent en utilisant la faiblesse de chacun pour l’optimiser en force.

 

Société : Calque du système forestier ?

La société actuelle tend à nous rendre solidaires les uns envers les autres avec de nouveaux principes de partage bilatéral tel que le covoiturage qui permet à plusieurs personnes tierces de voyager ensemble le temps d’un trajet afin de contrer le prix des transports conventionnels comme le train par exemple ; ou encore les mutuelles de santé, basé sur la solidarité des cotisations, le financement de la couverture sociale complémentaire.

Ce sont des exemples parmi tant d’autres qui laissent penser que la société veut créer des liens entre les Hommes semblables à ceux qui existent entre les organismes du système forestier où chacun va utiliser la faiblesse d’un autre pour en faire une force afin de former un seul groupe et d’avancer ensemble, thèse qui se rapproche de l’idée défendue dans l’ouvrage « du contrat social» de ROUSSEAU ou il met en avant que les individus se rapprochent pour s’assurer une vie pérenne. Les individus s’arrangent entre eux pour vivre en toute sécurité et c’est ce rapprochement qui permet de former une société.

 

Illusion face aux relations ?

Malgré le fait qu’on aurait tendance à croire que la société ait toujours fonctionné avec le principe de solidarité entre individus, que ce sont ces relations qui ont permis l’existence de l’espèce humaine, la théorie du darwinisme vient corrompre cette idée ; la survie de l’espèce humaine serait dû à la compétition entre les individus. Selon la théorie de Darwin la survie des Hommes est principalement liée à la « loi du plus fort ».   En effet Lamarque et Darwin défendent l’idée que la lutte pour la vie entre les Hommes représente la sélection naturelle et qu’elle serait la source fondamentale du progrès et de l’amélioration de l’espèce humaine qui a permis d’aboutir à l’élimination des moins aptes à la survie des plus aptes.

 

Théorie démentie !

La théorie du darwinisme social, bien que fondée, est source de nombreuses contestations. Plusieurs philosophes viennent réfuter l’idée selon laquelle la survie de l’espèce humaine serait due à la compétition entre les individus. André-Comte Sponville est l’un d’eux, et il met en avant dans sa chronique égoïsme et altruisme dans les médias Le Monde, le fait que ce sont les relations d’entraide solidaire qui sont nécessaires à la survie de l’espèce humaine et non, des relations conflictuelles ; « dans la lutte pour la vie, une certaine proportion d’altruisme, de la part des individus, est un avantage sélectif, pour l’espèce : au sein d’un groupe capable de solidarité, d’entraide, de compassion, chaque individu a davantage des chances de survivre, donc de transmettre ses gènes, que dans une horde qui ne connaîtrait que l’égoïsme, la violence et la rivalité. »

 

La forêt peut être considérée comme un modèle de société solidaire, et la société actuelle s’aligne sur certains grands principes du système forestier, cependant malgré le fait qu’il peut servir de modèle, il ne peut être calqué. Les relations entre les organismes de la forêt sont à l’échelle du système forestier et que s’il venait à être reproduit à échelle humaine, c’est tout le système politique qu’il faudrait revoir et changer.