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Qu’est ce que le « white saviorism »?

Dans le cadre de la chronique radio en lien avec le hors-série.

C’était « outro » interprété par flatsound.

Il est 10h24, vous écoutez indigo, radio d’art, découverte et développement de soi. Durant ces dix prochaines minutes de potentielle remise en question, nous allons revenir sur un point survolé dans le précédent numéro de indigo égo, le « white saviorism » aussi appelé « complexe du sauveur blanc ».

Notamment employé sur les réseaux sociaux, ce terme englobe un ensemble de représentations et idées liées à l’humanitaire, la solidarité, le racisme et donc, les privilèges. Il remet en question la place de l’égo dans l’aide humanitaire. Car en effet solidarité ne rime pas toujours avec positivité.

Janine Guarino nous en parle dans un article publié le 11 septembre 2018. L’aide humanitaire se définie généralement par un voyage dans un pays dit « en développement » ou « dans le besoin », durant lequel des actions vont être menées afin d’apporter de l’aide aux habitants.

Seulement, plusieurs points peuvent déranger. Nous laissons donc la parole à « Keyholes and Snapshots » qui résume ce sujet dans l’une de ses vidéos.

En effet, ce complexe peut se voir à différents niveaux. Le plus simple et dérangeant concerne les personnes ayant décidé de partir à l’étranger pour « sauver le monde » et d’en partager le déroulement sur internet. D’une part, celleux-ci ne sont, dans la plupart des cas pas formé.e.s pour cela ou pas suffisamment, ce qui pourrait donc s’avérer dangereux pour ceux et celles qu’iels pensent pouvoir aider mais également pour elleux mêmes. Mais surtout, partager son voyage entend souvent prendre et poster des photos de ses activités, à savoir ici, des gens présents et de leur vie privée. Le problème repose sur le consentement de ces personnes qui n’ont peut-être pas été concerté.e.s avant d’être photographié.e.s.

Très courants, les clichés d’enfants en malnutrition accompagnés d’une personne occidentale en position de sauveur découlent de ce problème. Ces enfants n’ont pas donné leur avis et ne savent peut-être même pas ce que sont les réseaux sociaux, ce qui fait que leur vie privée n’est pas respectée.

D’autre part, cette représentation alimente l’image de l’occidental.e en position de force et de pouvoir face à cette idée de tier monde qui aurait besoin de lui. Celle-ci circule depuis des siècles, d’ailleurs Christophe Colomb en est l’illustration la plus courante. Arrivant dans un lieu aux cultures différentes, l’homme blanc ne voit là qu’un manque de développement et pense être la solution. Il décide donc d’appliquer sa loi et sa culture qui de son point de vue sont les seules qui fonctionnent. Il ne voit pas que si ces natif.ve.s sont là c’est bien qu’iels savent se débrouiller seul.e.s et qu’iels n’ont en aucun cas besoin qu’un autre peuple s’en mêle. D’autant plus que celui-ci ne connaît rien à ce milieu qui lui est étranger.

Cette représentation pouvant sembler abrupte résume pourtant bien les idéaux circulant encore aujourd’hui. Ce qui nous est différent paraît mal réalisé alors qu’il s’agit juste d’une autre manière de faire.

C’est principalement cette idée que dénonce Janine Guarino dans son article. Cette vision bien trop ancrée en nous, si lointaine qu’on ne s’en rend même pas compte. Elle se cache derrière ce que l’on pense n’être que de bonnes intentions. Mais pourquoi alors choisir un pays étranger pour aider les autres alors que des personnes sont dans le besoin dans notre pays? C’est par cette question que l’on peut éventuellement se rendre compte que nous avons une vision problématique de certaines populations et que notre place n’est pas importante face à elles.

Pour autant, participer à un voyage humanitaire en respectant la vie et les droits des autres sans se mettre en avant ne suffit pas à se détacher de ce complexe car sans compétences notre présence ne mènera à rien. La bonne volonté n’est pas suffisante pour égaler des professionnel.le.s, il faut faire des formations ou des études pour ne pas risquer de faire plus de dégâts que de bien ou simplement pour ne pas être inutile. De même, il serait préférable de travailler en collaboration avec les personnes qualifiées qui sont sur place au lieu d’en faire venir. Cela permet d’agir de manière égale et donc normale avec les habitant.e.s et non pas de s’inventer une position de supériorité.

De nombreuses choses sont en effet à éviter pour ne plus participer à ce « complexe du sauveur blanc ». Camille nous les rappelle donc dans cet extrait.

En effet, hormis le problème de notre impact sur les autres, il faut se poser des questions sur nos motivations. Nous l’avons expliqué le mois dernier, l’égo a une place énorme dans nos décisions et notre vision des choses. Ici, la solidarité apparente découle en fait d’une idéologie bien moins satisfaisante comme bien souvent.

Nous pensons agir pour les autres mais en analysant nos actes nous pouvons nous rendre compte que quelque chose ne va pas. Beaucoup ont ce besoin de montrer ce qu’iels ont fait, de recevoir des remerciements, de se sentir justement, comme une sorte de héro. Or, c’est ce qu’il faut à tout prix éviter car héro sous-entend supériorité et donc valorisation au détriment d’autres. Il ne faut pas agir pour se valoriser, si ce n’est à ses propres yeux, car cela revient à donner plus de pouvoir à notre égo ce qui pourrait nous mener vers l’égocentrisme et une baisse de considération des autres. Cela nous pousse à vouloir être privilégié.e et nuit à la quête d’égalité entre toutes et tous.

Le « white saviorism » est une notion à comprendre afin de limiter son expansion et de ne pas l’alimenter en y participant. Pensez toujours à analyser vos motivations et à faire des comparaisons en vous demandant si vous aimeriez être à l’opposé, ce que vous ressentiriez à la place de l’autre. Le racisme est encore bien trop présent et sous de nombreuses formes très nuancées comme toutes les discriminations et ne pas s’e rendre compte ne signifie pas ne pas y participer.

C’est pourquoi se renseigner sur de vastes sujets et parler avec des personnes concernées est nécessaire pour les limiter.

Vous retrouverez la totalité de la vidéo sur la chaîne « Keyholes & Snapshots » sur Youtube. L’article de Janine Guarino est disponible sur le site medium.com. La version écrite de cette chronique ainsi que les ressources utilisées sont disponibles sur le site d’indigo. N’hésitez pas à nous contacter pour éventuellement nous reprendre sur certains sujets si vous estimez que certains propos sont inappropriés ou encore pour nous proposer vos témoignages.

Nous nous retrouvons demain matin avec pour thème le validisme et ses conséquences.

Je vous laisse pour 40min de musique avec pour commencer, « Cut Your Bangs » repris par Girlpool.

« Keyholes and snapshots » sur Youtube, 10 aout 2018 Le complexe du sauveur blanc  

« Holding up the mirror: Recognizing and Dismantling the White Savior Complex » par Janine Guarino sur Medium, 11 septembre 2018 Holding up the mirror