L’Allégorie de la Tartufferie

Le théâtre peut-il permettre d’unir les différents individus afin de former un peuple ? Est-ce une forme de solidarité ? 

Le théâtre est tout d’abord un spectacle. Ce dernier étant à la fois l’art de la représentation d’une comédie ou d’un drame, permettant ainsi aux spectateurs  de se distraire et d’accepter pendant un spectacle les aspects de la vie que l’on fuit au quotidien, il est aussi un moyen pour le comédien, de jouer un rôle, de s’évader, d’être quelqu’un d’autre. Autrement dit, c’est une manière de changer un instant sa propre vie. Il est vrai qu’au théâtre, nous nous rassemblons, que ce soit en tant que spectateurs ou en tant qu’acteur. Mais peut-on considérer cet art comme moteur d’une éventuelle union entre différents individus , jusqu’à former un peuple ? Nous allons démontrer ici que le théâtre est certes, un divertissement pour tous, mais que ce n’est pas pour autant qu’il nous unit.

Une solidarité attractive …

Le théâtre, est un art qui offre la possibilité de s’exprimer, avec la gestuelle ainsi que la parole. C’est d’abord oser parler devant un public, vaincre sa timidité, et entraîner sa mémoire pour le texte qu’il faut retenir. Le théâtre, est aussi le fait de devenir quelqu’un d’autre pendant un instant et rentrer dans la peau d’un personnage quelconque. Cette attractivité solidaire, de part sa philanthropie, permet une activité en équipe ainsi qu’une compréhension de l’importance d’être unis et solidaires. Si un des acteurs oublie son texte, c’est un autre qui lui viendra en aide, de la façon la plus naturelle possible. De même, si un des acteurs est absent, c’est toute l’équipe qui est mise en péril, ce qui prouve bien le lien qu’il y a entre eux. Le théâtre est aussi un amusement, qui vient autant chez les acteurs que chez les spectateurs. Il est une distraction mise à la disposition d’un public.

Certes, le théâtre est un loisir. Celui qui permet aux individus, quand ils vont au théâtre, de se divertir, suscitant par exemple le rire ou le sourire devant une comédie, ou encore la tristesse devant une tragédie. Quand on parle de spectacle vivant, on peut dire que c’est un moteur de dynamisme, par rapport aux acteurs. En effet, même si  les spectateurs représentent le statisme, les acteurs, eux, bougent, ils bougent pour eux. Le théâtre sur scène naît donc du mouvement. Car comme disait Gordon Craig, « L’art du théâtre est né du geste, du mouvement, de la danse ».

Les comédiens peuvent mettre en scène différentes époques, ce qui nous amène donc à de multiples divertissements. Concernant les comédies, nous pouvons donner l’exemple de l’Avare, de Molière, où le personnage principal est sujet à une avarice, ce qui le ridiculise tout au long de la pièce, ce qui va donc provoquer le rire chez les spectateurs. De plus, la crainte, la peur ou encore la pitié peuvent être suscitées dans une autre sorte de pièce : la tragédie. Dans Hernani de Victor Hugo, plusieurs scènes sont évocatrices de tristesse et de pitié, surtout celle-ci : où Doña Sol décide de mourir, et s’empoisonne avec Hernani. Don Ruy Gomez, qui, après cela, n’a plus envie de vivre, se poignarde sur leurs corps ; tout ceci à cause d’un amour impossible.

Cet « amusement », va donc permettre aux spectateurs de se concentrer sur ce qu’ils voient et sur ce qu’ils entendent, en ne se souciant plus de leur vie quotidienne. Tout comme les comédiens, ils vivent un autre moment dans une autre vie et ils s’évadent dans une illusion. Dès l’antiquité, le théâtre était considéré comme une fête, où l’on pouvait se divertir et apprécier les décors ainsi que les costumes, ou encore les jeux de lumière. Au théâtre, il s’agit aussi d’entendre les réactions des spectateurs en faisant en sorte de les émouvoir. Mais ce divertissement finissait par être une source d’ennui, c’est pour cela que vient la comédie ensuite, pour faire rire le public. Mais il n’est pas seulement question de faire rire le public, il s’agit aussi de les faire réfléchir sur certaines choses, comme leur société ou les défauts humains. Comme dans les fables et les apologues, le théâtre comporte une certaine morale, un message à transmettre aux spectateurs pour qu’ils puissent prendre conscience d’une réalité quelconque.

Au théâtre, on s’amuse et on réfléchit tous ensembles. Pour les comédiens, le théâtre leur permet non seulement un divertissement, car si ces derniers ont décidé de devenir comédien, c’est pour suivre leur passion, mais il leur permet également de gagner leur vie. En somme, le théâtre est une distraction, un travail et aussi un art qui représente plusieurs situations à travers plusieurs époques, tout en rendant visible une réalité cachée. Jean Vilar disait : « L’art du théâtre ne prend toute sa signification que lorsqu’il parvient à assembler et unir ». En effet, pour Vilar, il y a une condition. Si le théâtre ne parvient pas à unir, alors sa définition n’est plus véridique.

Conséquemment, peut-on dire que cet art nous assemble-t-il ? 

…mais une solidarité mensongère

Toutefois, le monde entier est un théâtre. Car comme disait Eugène Green, « le corps baroque n’a pas de réalité en lui-même, mais existe seulement dans la mesure où il rend visible une réalité cachée ». Ce n’est que le miroir de la vie réelle. Certes, il unit des individus, en les amenant à se distraire tous ensemble, mais le théâtre n’est pas éternel, pas éternel dans le sens où chacun reprend sa vie à un moment donné. Nous aurions beau dire que ce dernier est une attraction, mais celle-ci n’est que mensonge. Le théâtre est théâtral, le théâtre est comique, le théâtre est tragique. Mais « la Nature est un somptueux théâtre où chaque jour est un spectacle «  d’après Jules Renard. Le théâtre ne serait alors, que sujet d’une mise en abîme, le théâtre dans le théâtre.

De plus, derrière une xpièce, se cache une réalité cachée, une morale que nous devons percevoir. Mais au fond, la percevons-nous ? En effet chaque pièce doit nous faire réfléchir, mais malheureusement cette réflexion n’est que provisoire. Jouons de l’honnêteté : si nous devons prendre conscience des défauts humains par exemple, cela aurait changé aujourd’hui, mais nous ne pouvons pas faire réfléchir tout le monde. Nous sommes tous différents. Coluche avait raison : « Si le théâtre avait dû faire comprendre aux gens la réalité de la bêtise, Molière y serait arrivé avant nous », mais en vain. Dans sa globalité, l’homme ne fait pas d’effort. Plus la société évolue, plus l’homme devient mauvais et stupide, donc si le théâtre avait dû être une « leçon »,  nous ne l’avons pas bien comprise.

Outre cela, le théâtre est soi-disant une forme de solidarité…Mais avant, l’accès à l’amusement n’était que pour les nobles. Cela était trop cher pour les classes inférieures. Si la solidarité était bel et bien là, tout le monde aurait pu y avoir accès.

Quand on parle de divertissement, on pense tout de suite à l’amusement. En réalité, le divertissement est une esquive. Il s’agit de ne plus penser à quelque chose qui nous accable afin de nous détourner d’une réalité déplaisante.

Le théâtre crée-t-il du vrai par le détour de l’artifice ? On ne peut pas parler de « former un peuple », car ceci voudrait dire : s’unir à jamais, ou du moins pour un bon bout de temps, car on ne sait pas ce qu’il peut se passer. Le théâtre n’est qu’une représentation de la vie réelle, ce qui voudrait dire que ce « peuple » en question serait aussi une représentation ? Durerait-il ? Ce peuple ne serait alors qu’une image, c’est du moins ce que l’on comprend quand on dit que le monde entier est un théâtre. Tout est illusion : le lieu est illusion, le temps est illusion. Comme dans En attendant Godot, de Samuel Beckett, l’arbre, qui est symbolique, est en carton. L’omniprésence de l’illusion peut nous amener à penser que l’union des individus ne serait qu’illusoire.

Le théâtre nous apprend des choses, mais nous les oublions. Il nous divertit, mais pour une durée limitée. Il n’est que pour les nobles. Mais si sa fonction était bel et bien de former un peuple, alors pourquoi nous ne sommes pas tous unis aujourd’hui ? 

10 réflexions sur « L’Allégorie de la Tartufferie »

    1. Et à l’occasion vous pouvez m’affranchir au sujet du rouge et du vert que certains utilisent comme image mise en avant? Je préfère de loin la votre. Au fait Diderot perruque et Rousseau tête nu?

      1. Cher Pierre,
        En général, si tu vois que des étudiants ou des élèves ont tous suivi une consigne saugrenue, dis-toi que je suis derrière.
        Le vert, c’est pour Diderot, assez crédule. Le vert, c’est la couleur de l’espérance, la couleur de l’étoile des espérantophones, la couleur des pelouses et du dernier fauteuil dans lequel s’assit Molière. C’est donc une couleur qui convient à Diderot, idéaliste et généreux. Le rouge, c’est pour Rousseau, assez misanthrope. Le rouge est la couleur du communisme qui s’est souvent appuyé sur « L’Emile » en particulier, le rouge est la couleur de la révolte et du refus d’adhérer qui devient, paradoxalement, adhésion même à son refus. C’est donc une couleur qui convient à Rousseau, idéaliste et rebelle.
        Mon idée est de compter le nombre de bannières en couleur pelouse et le nombre de bannières en couleur sang, pour savoir qui gagne le plus grand nombre de disciples en AP1, année 2019… Mais on peut tout à fait revenir à des images plus classiques. Ou bien à ce type d’entrée en matière, avec belle musique 😉 https://www.youtube.com/watch?time_continue=46&v=hYrgIYxFUCo

          1. Les bannières sont faites Aline… J’ai découpé sous forme de médaillon pour faire vieille France, et glissé une couleur en arrière plan pour visuellement différencier facilement la pelouse du rouge sang 😉

      2. Je me réponds car je viens de faire les bannières
        Rousseau – fond rouge – perruque
        Diderot – fond vert – sans perruque
        Bon, la question est pour Anthéa: votre couleur à vous c’est laquelle ;))) – les bannières sont dans les médias…

      3. Et non ! C’est l’inverse 😉 je me suis donc permise de changer la bannière

        1. Et vous avez bien fait!!! Je conseille d’ailleurs à tous les auteurs ayant posté un article entre le votre et celui de Pauline (du 16 avril) de vérifier leur bannière. Ce serait ballot de marquer contre son équipe à cause d’un prof d’info qui ne comprend pas les consignes ;)))
          Ceci dit Anthéa, ma couleur est aussi le rouge… A le peuple et ses mystères…

  1. Voici des conseils d’amélioration pour cet article qui débute, dès le titre, avec une erreur d’orthographe… Soyez bien rigoureuse, d’autant plus que ce titre est percutant.
    Quel lien faites-vous entre « échapper à sa propre vie » et l’union ? Ce n’est pas clair, il manque une phrase pour relier les deux. L’idée de « moteur » est percutante. Revenez-y au cours du raisonnement, avec, peut-être, une partie sur le dynamisme du spectacle vivant.
    De façon générale, la 1ère partie peut gagner en cohérence. Vous pourriez partir de votre beau sous-titre, et broder autour de l’adjectif « attractif » : aimantation, attirance, amour, philanthropie, etc… Attention à Hugo : « Les Misérables », c’est un roman. Son théâtre, c’est « Hernani », tout aussi beau : https://www.youtube.com/watch?v=4BDR1D20c4c
    Eviter toute oralité : « en bref » est à l’écrit « en somme ». Faites des paragraphes et développez bien vos idées. Analyser la très belle citation de Vilar. De même, je ne comprends pas l’analyse de la citation de Renard : « pure duplicité » ? Par rapport aux citations, évitez tout collage de citations. Les sélectionner et les employer pour le raisonnement. « L’homme est un loup pour l’homme » n’est pas de Nietzsche et arrive comme un cheveu sur une soupe de poireaux. Vous pourriez davantage définir la notion de « divertissement » (voir Pascal ), afin d’en montrer l’artificialité.
    Evitez aussi toute imprécision : quand vous dites « avant », de quelle époque parlez-vous ?
    Très belle fin sur l’illusoire et sur le Beckett. Mais la question sur la tension entre le vrai et l’artifice doit venir avant, au cours du raisonnement.
    Dans l’ensemble, un travail déjà de qualité, qui peut devenir excellent. Rousseau compte sur vous !

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