Querelle

Querelle, querelle, qui es-tu ? Si tu es la guerre alors tu es d’actualité. En ce moment, nous entendons parler de la guerre en Ukraine, de la querelle frontalière entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, du lancement d’un missile nord-coréen au Japon ou encore de l’opposition entre les partisans de Bolsonaro et de Lula Da Silva au Brésil.  Il semble donc intéressant d’étudier la querelle.

Justification du choix et définitions

Tout d’abord, pourquoi la lettre Q ? Parce qu’il n’y avait pas de mot en q, pourquoi une lettre devrait-elle être abandonnée comme ceci ? De plus, un abécédaire n’a pas de sens s’il lui manque une lettre. Mais pourquoi le mot querelle alors, que nous apporte-t-il ? Commençons par le définir pour comprendre.

Querelle provient du latin “querela” qui signifie plainte, lamentation. En effet, quand une querelle éclate, c’est parce qu’un individu se plaint de quelque chose.

  • C’est une contestation amenant des échanges de mots violents ; conflit, dispute (d’après le petit Larousse 2010).
  • Querelle, contestation, dispute, combat. Se dit aussi de l’intérêt d’autrui, quand on en prend la défense. Les amis soutiennent par tout la querelle de leurs amis. Querelle, en termes de Jurisprudence, se dit en cette phrase : une querelle d’inofficialité : c’est quand on se plaint d’un testament par lequel on a été déshérité sans sujet (dictionnaire le Furetière, 1 janvier 1690).
  • C’est une controverse, lutte d’idées, débat dans lesquels les thèses s’opposent vivement.  C’est aussi le parti, la cause, les intérêts de l’un des adversaires dans un litige. Embrasser, épouser la querelle de quelqu’un. Prendre le parti de l’un des adversaires dans un différend, un démêlé.   Droit. Demande, plainte en justice ( CNRTL).

La querelle à travers l’histoire : –Histoire littéraire. Querelle des Anciens et des Modernes. Querelle entre les partisans des auteurs anciens et des auteurs modernes, dans la deuxième moitié du xviies.       

  –Histoire musicale. Querelle des Bouffons. Célèbre querelle musicale qui, entre 1752 et 1754, mit en présence en France les partisans des mus[iques] française et italienne à l’occasion d’une représentation de la Serva padrona (CNRTL).

Dans toutes les définitions, il est question d’un problème entre plusieurs individus. Cependant, dans la définition du Larousse et de la Furetière, il est plus question de violence verbale ou physique tandis que celle du CNRTL introduit la lutte d’idées. C’est cette lutte d’idées qui semble intéressante en philosophie. En effet, de nombreux philosophes s’opposent par leurs idées comme Pascal et Descartes sur la définition de l’Homme et de sa  conscience. Le CNRTL et le dictionnaire la Furetière indiquent que cela peut aussi être une prise à partie ou un terme juridique. La querelle est aussi liée à l’art et la littérature d’après le CNRTL.   Toutefois, la querelle peut aussi être intérieure, soit entre nos idées, soit entre nos désirs et sentiments ce qui nous renvoie au “Ça” et au “Surmoi” de Freud. La querelle est donc liée à de nombreuses notions philosophiques. De plus, on peut se demander pourquoi la querelle a lieu, s’il y a vraiment des raisons à son existence. Ne serait-il pas plus simple de vivre en paix ? Mais confronter nos idées à celles des autres ne nous permet-il pas de les perfectionner ? C’est pour cela que j’ai choisi le mot “querelle” et que je le trouve intéressant, il est complexe et permet de s’approprier le programme.

Synonymes et antonymes

La querelle a plusieurs synonymes dont le débat (discussion, souvent organisée, autour d’un thème,source : larousse.fr) et l’altercation (querelle brève, soudaine et violente,source : larousse.fr). Tandis que la querelle peut-être à la fois un combat physique et un combat par les mots ou une lutte d’idées, le débat est souvent moins agressif et seulement verbal. L’altercation quant à elle est violente et rapide, elle semble donc seulement physique et n’est pas vouée à durer comme une querelle le peut.

Des antonymes de querelle pourraient être l’entente (fait de s’entendre, de s’accorder ; compréhension mutuelle, harmonie, concorde, source : larousse.fr) et la paix (état d’un groupe, de personnes qui ne sont pas en querelle, en conflit, source : larousse.fr) .

Illustration

La Querelle d’Achille et d’Agamemnon

Ce tableau est : La querelle d’Achille et d’Agamemnon. Il a été peint par Giovanni Battista Gaulli vers 1695.

J’ai choisi ce tableau pour son rapport avec la mythologie grecque, que je trouve fascinante. J’apprécie aussi beaucoup les teintes de couleurs de la toile, qui sont vives et joyeuses.  De plus, il était possible de faire un lien avec la citation de Jean de La Fontaine.

Sur le tableau, on peut voir Achille à droite qui veut tirer son épée et Agamemnon à gauche. Achille  est le chef des Myrmidons et Agamemnon est le chef de l’expédition à Troie. Cette expédition a pour but de sauver Hélène, l’épouse de  Ménélas qui est le frère d’Agamemnon. Lors cette querelle, cela fait 10 ans que le siège dure et Achille s’est illustré comme le meilleur combattant. Alors, quand Agamemnon clame la belle esclave Briséis qu’Achille a remporté, ce dernier se révolte contre l’autoritarisme d’Agamemnon. Briséis est donc la source de la querelle représentée ici. Pour faire céder Agamemnon, Achille et les Myrmidons se retirent des combats contre les Troyens. La colère d’Achille est si grande qu’il est  prêt à tuer Agamemnon. Heureusement,  Athéna que l’on peut voir dans le ciel arrête son geste et Achille range son épée. Athéna étant venue pour faire la paix, ses armes ne sont donc pas sur elle mais tenues par des putti qui volent en face d’elle. Dans le ciel, plus loin, on peut voir Héra, reconnaissable par son animal-attribut qui est le paon. C’est elle qui a demandé à Athéna d’intervenir et elle assiste au succès de sa demande. On peut donc voir que le peintre utilise la mythologie grecque et y ajoute des éléments du christianisme comme les angelots (source de l’analyse : mudo.oise.fr).

 

Citation

Deux Coqs vivaient en paix : une Poule survint,

Et voilà la guerre allumée.

Amour, tu perdis Troie ; et c’est de toi que vint

Cette querelle envenimée

Jean de la Fontaine, Fables, VII, 13, 1678

Les coqs sont Pâris et Ménélas et représentent les deux nations opposées, Troie et la Grèce.  La Poule désigne Hélène. Ici, on comprend qu’Hélène est la cause de la guerre de Troie. Sans elle, il n’y aurait pas eu de guerre : Pâris n’aurait pas voulu son amour et Ménélas n’aurait pas eu à la sauver en déclarant la guerre. La métaphore du feu évoque le fait que la guerre est violente. Le feu peut aussi désigner la passion. On comprend ici que la guerre est déclarée pour une raison triviale : l’amour. Comme nous sommes dans le contexte de la mythologie grecque, l’amour est ici en fait Aphrodite.  Cette dernière devait une faveur à Pâris car il avait décrété qu’elle était la plus belle déesse entre Héra, Athéna et elle.  Les trois déesses lui avait fait des offres pour qu’il les choisisse. Héra lui avait proposé la souveraineté sur tous les hommes ; Athéna lui avait proposé la victoire à la guerre et Aphrodite l’amour de celle qu’il aime, Hélène.  Pâris choisit Aphrodite et c’est ce qui détruit Troie. En effet, tous ceux qui désiraient épouser Hélène avait promis à son père, Tyndare, qu’ils la défendraient si elle était en danger. C’est pourquoi beaucoup de Grecs combattirent contre Troie. De plus, Athéna et Héra se rangèrent du côté des Grecs comme Pâris ne les avaient pas choisies. Héra a donc ensuite empêché Achille de tuer Agamemnon à cause de Briséis ;  Athéna a aidé à faire rentrer le cheval de Troie dans les murs de la ville, ce qui a causé la destruction de Troie. C’est donc la faveur d’Aphrodite qui a mené Troie à sa perte et qui a créé cette querelle.

Cependant, la guerre de Troie n’est qu’une illustration utilisée par La Fontaine pour faire passer son message. Il y a donc un paradoxe sous-entendu derrière. On constate que les personnes sont ici désignées par des animaux de la basse cour, du poulailler. Ce sont donc des métaphores péjoratives car les poules sont des animaux souvent décrits comme écervelés. De plus, il qualifie cette guerre de querelle c’est-à-dire d’un combat futile. Ici, La Fontaine critique donc l’idiotie de la guerre de Troie et rabaisse ses participants. En étudiant la métrique, on remarque aussi qu’il y a une alternance d’un alexandrin et d’un octosyllabe. L’alexandrin est coupé en deux hémistiches. Cela créé un rythme saccadé qui donne d’une part un côté violent à ces vers. D’autre part, cela reflète l’ironie de La Fontaine quant à cette situation paradoxale. En effet, l’amour est censé être un sentiment pacifique, qui réunit deux êtres. Toutefois, c’est ce même sentiment qui a déclenché une guerre. Or, la guerre s’oppose à la l’amour et à la paix. On pourrait donc voir dans ces vers une volonté pacifiste de Jean de la Fontaine : toute guerre doit être évitée, surtout quand ses raisons en sont injustifiées.

Interprétation personnelle

Selon Jean de la Fontaine, la querelle semble modeste puisqu’elle est causée par l’amour, une raison peu valable pour guerroyer. C’est ce que peut évoquer la querelle : un combat dont la raison est ridicule mais qui s’est transformé en véritable guerre.

      Si l’on suit le principe des Symbolistes et le pouvoir d’évocation des mots, la querelle évoque quelque chose de doux, de léger grâce à la syllabe “elle”. Cependant, le son”k” au début du mot semble agressif. La querelle semble donc ambivalente d’après sa sonorité. La querelle semble évoquer un conflit physique, mais un conflit futile ; il n’a pas vraiment de raison d’être. Ainsi, le son “elle” pourrait contrebalancer l’agressivité du “k” : ce son indique que c’est une querelle légère, sans importance. Une des images qui peuvent venir à l’esprit quand on pense à la querelle est celle d’enfants se disputant gentiment. Cette image confirme donc l’interprétation précédente.

Cependant, la querelle prend un tout autre sens lorsque l’on pense à une querelle d’idées. Dans ce cas-là, la querelle évoque quelque chose d’intérieur. En effet, une querelle a lieu quand différents individus s’opposent à cause de leurs idées. Or, les idées sont souvent personnelles et forgées par notre vécu, nos expériences, nos rencontres, notre éducation mais aussi notre caractère, notre ressenti. Cela induit donc une subjectivité des idées et de la manière de penser. Les raisons de la querelle sont donc subjectives : certains vont les trouver futiles ; d’autres approuver ces raisons.  Il semble que c’est parce les idées sont subjectives que l’on peut avoir une querelle.  Si elles étaient objectives, elles seraient plus justes, moins personnelles et correspondraient donc mieux à la vision de différents individus. De cette façon, la querelle d’idées entre individus ne semble être que l’expression de leur intérieur, de leur “Moi“. En effet, leurs idées semblent résulter de ce qui constitue leur identité. Cette intériorité semble plus présente encore lorsque c’est une querelle intérieure qui  a lieu, un dilemme. Alors, tout s’oppose, la conscience et l’inconscient, le “Ça” et le “Surmoi”, le bien et le mal. Dans ce cas-là, notre conscience morale nous incite à prendre la décision qui semble la plus juste pour tous. Toutefois, une partie de notre esprit va nous inciter à prendre une décision égoïste : une décision moins juste aux yeux de tous mais plus bénéfique pour nous. Survient alors notre inconscient composé du “Ça” et du “Surmoi”. Le “Ça” exprime nos plaisirs et désirs : des pulsions mortelles et sexuelles. Le “Ça” nous pousserait donc à prendre des décisions égoïstes. Le “Surmoi” quant à lui induit le principe de réalité : c’est notre capacité à vivre en société que l’on a acquise grâce à l’éducation et la culture. Le “Surmoi” nous pousserait donc à prendre des décisions plus justes. Le “Ça” et le “Surmoi” vont donc s’opposer quant à notre prise de décision. Si le “Ça” l’emporte, notre inconscient s’opposera alors à notre conscience morale. On pourrait donc imaginer comme une guerre intérieure entre tous ces éléments. Cela nous ramène donc  au sens physique de la querelle : le sens qui comprend un combat. En effet, la guerre intérieure qui se joue en l’homme a des conséquences sur le physique, comme une querelle entre soldats pourrait en avoir. Par exemple, la querelle intérieure peut nous faire stresser et on peut ainsi se sentir mal ;  elle peut nous faire pleurer ;  nous faire extérioriser notre colère en cassant des objets… En somme, la querelle semble très personnelle, avec des raisons subjectives que la querelle soit intérieure, physique ou idéologique.

Enora Baron

Une réflexion sur « Querelle »

  1. Amorce percutante.

    C’est très bien fait, l’annonce des définitions, mais on dit LE Furetière (du nom de son auteur, l’écrivain Antoine Furetière). Et je vous conseille de remettre en français actuel son texte, afin qu’il soit plus lisible. Attention à ne pas confondre les F et les S ! Quand on est habitué à lire les textes du XVIIè, on voit tout de suite la différence : le S n’a presque pas de petite barre horizontale… Je vous conseille aussi d’enlever les exemples du CNRTL : gardez l’essentiel.

    Très bien pour les synonymes et antonymes. Je n’ai qu’une remarque d’orthographe : “quant à” est le seul moment où QUAND s’écrit sans D.

    Je ne suis pas très convaincue par votre interprétation des 4 vers de La Fontaine. L’allusion à la mythologie est plutôt une illustration que le coeur du propos. D’ailleurs, elle n’est présente qu’au vers 3. Une fable est un apologue. Ce qu’il serait intéressant d’étudier, c’est le paradoxe sous-entendu. N’hésitez pas à recourir à vos connaissances en versification, pour étudier aussi le rythme, assez frappant ici. J’y vois une certaine ironie de la part de La Fontaine, non ? L’amour, qui devrait entraîner l’harmonie, entraîne la querelle. Ne rabaisse-t-il pas la guerre troyenne en parlant de querelle et de poulailler ?

    Passionnante interprétation personnelle, malgré certaines maladresses de style : mettez davantage de ponctuation forte, du type “deux points”, “points virgules” ; et enlevez les “me” trop oraux. Au lieu d’écrire “propre à chacun”, parlez de subjectivité. Attention aussi aux familiarités. Il y a de plus certains points qui pourraient être approfondis. Quand vous écrivez : “Alors, tout s’oppose, le conscient et l’inconscient, le “Ça” et le “Surmoi”, le bien et le mal. On pourrait imaginer comme une guerre intérieure entre tous ces éléments. “, on aimerait des précisions, car vous passez sans transition du domaine de la psychologie au domaine moral.

    Ensemble déjà très abouti : bravo ! A poursuivre pour aller vers le 20/20 ! Bon travail 🙂

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