Internet peut-il tuer la presse ?

Bruno Patino, directeur de France Culture, ex-patron du Monde interactif, livre son diagnostic au terme des Etats généraux de la presse écrite, dont il a animé l’une des commissions.

Internet est-il pour la presse écrite une planche de salut, un relais de croissance, ou rien de tout cela ?

Nous assistons depuis quinze ans, date de l’apparition du premier navigateur sur le Web (alors Netscape), à la constitution d’un univers en constante expansion, qui attire désormais près de 1,3 milliard de personnes sur la planète. Il y a eu plus de changements ces trois dernières années, dans l’univers numérique, que lors des douze premières. Rappelons que 6 des 10 principaux sites mondiaux n’existaient pas encore voilà trois ans. Ce big bang a pour la presse écrite deux conséquences importantes. D’abord, la fragmentation des usages, avec l’utilisation par le consommateur d’écrans multiples et nomades. Le deuxième impact, c’est la polarisation. Quand il y a dix ans un même individu pouvait lire jusqu’à quatre hebdomadaires par semaine, il n’en lit plus aujourd’hui qu’un seul.

Comment se comportent les lecteurs ?

Ils sont de plus en plus infidèles et de moins en moins nombreux en raison, là encore, de la généralisation de cette pratique de butinage. Si bien qu’à présent ce sont les modèles industriels, fondés avant tout sur une augmentation permanente des ventes et sur une régularité de consommation, qui sont les plus menacés. Dans cet univers, il n’est pas surprenant de constater que la presse quotidienne est la branche la plus touchée, en particulier la presse nationale, en France comme dans le monde occidental. L’expansion est partout menacée, la régularité l’est aussi et la prévisibilité l’est encore plus. On a vu le Chicago Tribune, le Los Angeles Times se déclarer en situation de faillite et le New York Times hypothéquer son siège social. Avec cette question : quel va être le premier mort ?

D’après  pour L’EXPRESS

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