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Pour une éducation populaire dramatique

Un outil d’éducation populaire : Le théâtre sous la société des lumières vers une société sous les lumières du théâtre

« L’éducation populaire, c’est d’abord une manière de se situer dans le monde, c’est se retrouver une éthique commune et des idéaux généraux humanistes de partages du pouvoir, du savoir et de l’avoir. »(*0 Jean-Rémi Durand-Gasselin) . Un discours qui prend ses racines dans la philosophie des lumières, marqué par une réflexion sur l ‘éducation. Mais tout les avis ne se rejoignent pas. Ainsi, si pour Rousseau, «  Le pauvre n’a pas besoin d’éducation ; celle de son état est forcée, il n’en saurait avoir d’autre » *1 alors que pour Diderot  « Tous les enfants qui viennent au monde, doivent être soumis aux soins de l’éducation » *2. Leurs objectifs différant, il paraît donc évident que leurs méthodes en fasse de même. Mais Diderot va encore plus loin dans la reconnaissance du pouvoir du peuple :« «Quoiqu’il en soit, les basses conditions de la société seront la pépinière des mœurs, des connaissances, des talents, de la gloire et de l’illustration présente et à venir de leurs nations. »*3 C’est pourquoi il ne reconnais pas seulement l’utilité d’une éducation publique pour tous mais aussi la valeur d’autres outils comme… Le théâtre. Des questions se posent donc : pourquoi cette instruction publique des enfants ne serait-elle pas suffisante ? En quoi le théâtre permettrait-il un autre apport ? Et surtout comment ?

Plus qu’une instruction publique des enfants…

Si aujourd’hui on connais bien la critique du système scolaire, porté par Pierre Bourdieu et Jean Claude Passerons, qui légitimerais l’ordre social en naturalisant la hiérarchie social(*4Charlotte Nordmann) , déjà Condorcet, théoricien de l’instruction publique avançais un début de solution : l’utilité de s’instruire tout au long de sa vie. Chez « les classes les plus pauvres » « la possibilité de recevoir une première instruction leur manquait encore moins que celle d’en conserver les avantages. »(*5Rapport et projet de décret relatifs à l’organisation générale de l’instruction publique Présentation à l’Assemblée législative). Une solution qui mettras du temps à se concrétisé.

Il se trouve que même après la lois Ferry pour une école laïque gratuite et obligatoire qui visait à dispensé des savoir jusqu’alors encore réservé aux enfants des élites, aux enfants du peuple, poursuivait en fait un objectif beaucoup plus trivial : uniformisé la linguistique et l’idéologie « française », promouvoir un patriotisme national et formée des travailleurs mobiles et productifs. Tout du moins pour le peuples car il existe alors une autre école, payantes qui est elle, est réservé au élites.

Il faudra attendre le gouvernement de De Gaulle pour démocratisé complètement l’éducation jusqu’à 16 ans car il faut reconstruire la France, on a besoin d’ingénieur. Le contexte historique pousse Jean Géhéneau à créer un service d’éducation pour adulte, pas seulement dans une perspective d’égalité comme le prônais Condorcet mais également afin de développé l’esprit critique chez les citoyens. L’histoire avait prouvé que l’instruction et la culture n’entrait pas forcement en conflit avec le fascisme et la barbarie.

…Du théâtre ?

À donc été créer un bureau d’éducation populaire, et une des première initiative était une initiation dramatique avec « Travail et culture » le TEC. Les objectifs(*6statuts de TEC) en était d’instituer un système de billet à prix réduit pour les jeunes, former un public éclairé, et assurer des échanges vivants entre les animateurs du théâtre et ce public organisé. Des cours du soirs de jeux dramatiques ont également été dispensé gratuitement afin d’ouvrir à une culture de la sensibilité et à l’expression corporelle orienté vers « une patiente recherche de soi même »(*7 Robert Aimé). Bien qu’il n’ai durer que quelque mois, il est amusant que la première expérience artistique soit théâtral.

Diderot avançais que le théâtre pouvais « inspirer la passion de la vertu et l’horreur du vice » et véhiculerais donc des valeurs morales. Dans circuit ordinaire de Jean Claude Carrière interprété par la compagnie du Théâtre populaire Nantais, il me semble que cette pièce approfondie et complexifie une question existentielle que nous nous somme probablement tous posé un jour : Si nous avions vécu pendant la deuxième guerre mondiale, aurions nous été résistant, passif, ou collaborateur ? Nous avons donc ici un personnage dont la morale est interroger car ayant pratiquer la délation depuis de nombreuses années. La femme qui paraît vil au début à cause de son statu de délatrice, devient « médiocre », à la façon dont Hannah Ahrendt (Philosophe) parle de Eichmann. C’est à dire que, comme pour la protagoniste et ce dernier, il n’y aurais pas de réel méchanceté et haine envers les personne dénoncée pour l’un, et les personnes déporté pour l’autre mais une « insignifiance ». Ils ont simplement suivi les ordres, injonctions, et la propagande du pouvoir en place, sans prendre en compte ni morale ni étique, au dépend de leurs libertés personnel(le)s, de leurs libertés de pensé(e)s. La suite dépendra de l’interprétation laissé aux spectateurs, mais après un retournement de situation on pourrait penser que ce personnage est même une résistante ou au moins qu’elle met en déroute les agents du parti en place. Il n’est pas vraiment explicité si elle le fait dans un but personnel ou dans une optique plus large. Cette pièce explore donc des concepts moraux, qui, depuis la seconde guerre mondiale, ne cesse de faire réfléchir, élèves, intellectuels, historiens, politiciens et tout citoyens s’intérressant à « l’origine du mal » et à faire en sorte que cela ne se reproduisent pas.

Cependant, un exemple de contre-argument que l’on ne peut outrepasser est celui du « Thingstätten » sous le 3eme Reich. Les « Thingstätten », théâtre pleine air sensé accueillir, événement, jeux et pièce de théâtre arborant un sens de propagande nazie. Si le théâtre peut être utilisé a des fin d’endoctrinement c’est que l’idéologie des auteurs entre en compte.

Un théâtre … pour le peuple !

Déjà romain Roland avait tenté de théorisé un théâtre du peuple en 1903 à l’insu des drame bourgeois. D’autre initiatives auront éclos jusque la libération, du théâtre nationale populaire aux comédiens routiers afin de de-centralisé le théâtre que l’on retrouve dans le livre de Gignoux : Jacques Copeau, Léon Chancerel, Les comédiens routiers, la décentralisation dramatique (1984)

Mais au delà de la de décentralisation géographique, des auteurs ont aussi exploré des mises en scène « anti-illusioniste » grâce à divers moyens comme un décors non réalistes, plutôt suggérer, des éléments techniques visibles et des panneaux ou des commentaires descriptifs permettant de « brisé le quatrième mur ». L’objectif étant que le théâtre prenne une forme narrative pour que le spectateur prenne de la distance émotionnellement par rapport aux personnages. Ce théâtre « épique » Brechtéens s’appuie aussi sur l’écriture des personnages représenter. Il n’y sont pas un héros auquel on à envie de s’identifier mais des personnes faisant une action morale (qui ne l’est pas forcement).

On retrouve des influences de cette forme de théâtre dans les représentations actuels comme par exemple Traité de femme de Servane Daniel, Nahema Hanafi et mis en scène par Servane Daniel au théâtre de belleville de Nantes qui raconte l’histoire d’une jeune femme faisant sa thèse sur l’éducation des femmes dans l’histoire se regarde comme une suite de tableaux joués par les personnages ou chaque scène représente la pensé dominante d’une époque sur le sujet. Ces scènes étant joué et donc interprété par les deux personnages que sont l’étudiante et son amie sont entrecoupé par leurs commentaires ce qui nous permet une sorte de mise en abîme de ses discours par rapport à notre société actuel et aux discours féministes qu’on les deux protagonistes.

Un liens

Que ce soit dans les moyens de mises en scène ou dans les moyens de distributions, toutes ses personnes cité plus haut ont un point commun. Celui de remettre en perspective culture et politique. De Diderot à Ariane Mnouchkine jusqu’aux nouvelles représentations scéniques comme les conférences gesticuler invitant chacun à venir témoigner des ses expériences personnels en y décryptant un sens politique, écrire, mettre en scène et monter sur scène est politique.

*0 Entretien entre Jean-Rémi Durand-Gasselin, responsable de la commission éducation populaire et formation à l’union nationale de peuple et culture et Céline Delavaux, auteur et secrétaire de rédaction de Cassandre/Hors champs :Journal culturel en ligne d’informations de débats et d’humeurs sur les relations entre l’art et la société

*1 Émile ou de l’éducation Rousseau

*2 L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert (éducation)

*3 Plan d’une université Diderot

*4 La fabrique de l’impuissance, Charlotte Nordmann

*5 Rapport et projet de décret relatifs à l’organisation générale de l’instruction publique Présentation à l’Assemblée législative : 20 et 21 avril 1792

*6 objectifs inscrit dans les statuts de TEC

*7 Documents personnels de Robert Aimé, ex collaborateur de TEC