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Une union furtive.

Diderot et Rousseau sont deux philosophes du siècle des Lumières, et tout deux sont en désaccord quant au pouvoir unificateur du théâtre. En effet, Diderot pense que le théâtre permet d’unir les individus et ainsi de former un peuple, contrairement à Rousseau qui s’oppose à cette idée. Mais qui de Rousseau ou Diderot a raison ? Dans cet article nous montrerons que même si les deux points de vue sont défendables, une union définitive est difficile à envisager.

Un théâtre unificateur

Nous pouvons, à l’image de Diderot, penser que le théâtre donne lieu à la formation d’un peuple.  Dans la mesure où chaque individu vient voir la même pièce de théâtre, on peut en déduire que les spectateurs partagent les mêmes goûts, les mêmes intérêts artistiques, voire des opinions politiques semblables. Ainsi, durant le spectacle, les membres du publics vont inévitablement être amenés à partager des émotions et des sentiments communs selon l’ambiance donnée par les acteurs, à savoir de la joie, du rire, des larmes, de la colère, etc. Nous pouvons également penser que le simple fait de se rassembler dans un même lieu suffit à la création d’un peuple. Prenons l’exemple du roman de Jean Claude Carrière, La Controverse de Valladolid, adaptée au théâtre. Lorsque qu’on va voire ce type de pièce, cela provoque inévitablement un débat au sein du publique, ce qui va venir créer différents peuples selon le point de vue de chacun.

Une symbiose éphémère.

Etant donné qu’une pièce de théâtre est jouée sur un instant précis, nous ne pouvons pas dire que le théâtre ait un pouvoir d’union éternelle. En réalité, cette fusion entre les spectateurs prend fin à partir du moment où le spectacle est terminé.  En effet, il est impossible que chaque individu ait le même ressenti sur ce qu’il vient de voir. C’est dans cette mesure que le peuple formé se trouve divisé.  Chacun interprète la pièce à sa manière, et reçoit le message de l’histoire à sa façon.  On peut également dire de cette thèse que dans la mesure où après le spectacle, tout le monde rentre chez soi, le peuple se retrouve fatalement désuni. Par exemple, après une pièce ayant pour but le pure divertissement, comme Art de Yasmina Réza, aucune division n’a lieu au sein du public, qui se contente d’assister au spectacle sans forcément réfléchir.

Nous pouvons ainsi affirmer que le théâtre permet d’unir les individus et former un peuple, cependant il s’agirait d’un peuple fragile, temporaire, passager, furtif, éphémère.