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S’opposer à l’évolutionnisme Darwinien par la compétition tout en s’appuyant sur la nature… une impasse ?

 

En plein dans l’extinction massive de la biodiversité le plus rapide depuis le crash de l’astéroïde ayant causé la disparition des dinosaures, Pablo Servigne, avec L’entraide, l’autre lois de la jungle nous enjoint à nous pencher sur la nature comme système solidaire. Dans cette société basée sur l’économie fossile, là où la concurrence des marchés fait rage, là ou la loi de la jungle est la plus forte, quel modèle voulons nous suivre ? Des recherches récentes nous ont fait découvrir une société résiliente, inter-dépendante et inspirante; La forêt. Nous verrons qu’en effet, les individus qui l’a compose nous ressemble plus que nous le croyons ainsi que leurs interactions, bien qu’elles déconstruisent en grande parti l’image que l’on s’en ai faite. Cependant, les politiques se basant sur une nature prescriptive ayant été souvent sinistre, serait-ce une bonne idée de continuer à s’appuyer sur la nature pour faire une société ?

La nature et l’Homme, une dichotomie ?

L’exploitation de la nature est souvent justifiée par une soi-disantes supériorité de l’Homme par rapport au reste du règne animal, ou encore par une conception, que l’on sait maintenant erroné, de la nature qui serait inerte. Peter Wollheben explique dans La vie secrète des arbres, que ces derniers perçoivent, communiquent et sont capables de se défendre. Lorsque un arbre est agressé, l’auteur prend comme exemple une chenille plantant ses mandibules dans une feuilles ; un signal électrique se propage dans le tissu végétal, de la même manière que le ferait un corps humain, en réaction à une blessure. L’arbre va synthétiser des anticorps, une substance adaptée à l’attaque en cours, qu’il est capable de reconnaître grâce à la salive spécifique à chaque espèces d’insectes. Les chênes envoient des tanins amers et toxiques dans leurs écorces et leurs feuilles. Les ormes et les pins peuvent émettre des substances attirantes pour de petites guêpes qui pondent leurs œufs dans le corps des chenilles qui les envahissent. S’il ne faut pas oublier que nous faisons parti du règne animal, nous devrions aussi éviter de déconsidérer le restes du vivants qui ne diffère pas tant que ça de nous.

Une entraide cachée

Suite aux nombreuses théories du darwinisme social, que ce soit celle de Galton, Spencer, Lipman ou encore Dewey, nous en sommes venue à considérer dans la doxa, la nature comme le vivier de comportements compétitifs, agressifs, où les individus sont hiérarchisé en fonction de leurs capacité à s’adapter à un milieux. Darwin lui même pourtant avait rapporté des comportements solidaires, entre individu et même inter- espèce. Les capacités d’observations de l’époque ont peut-être cependant participé à minorer cette découverte. En effet elle se passe souvent à une échelle microscopique, comme les bactéries du genre rhizobium qui ont la capacité d’entrer en symbiose avec les plantes de la familles des Fabacées (qui les attirent grâce à des substances chimiques). Ces bactéries s’installent dans des nodosités, qu’elles vont former au niveau des racines. En échanges d’un substrats carboné (un support en sommes) fournis par les plantes, elles vont fixer l’azote atmosphérique qui sera ensuite directement assimilable par leurs hôtes. De quoi nous amener a repensé la théorie de la jungle, ce qui était d’ailleurs un argument du prince anarchiste russe Pierre Alexeievitch Kropotkine: de ses observations en tant que zoologue lors de ses explorations, il contredira les théories darwinistes sociales et s’appuiera sur celle-ci pour ses théories communistes et libertaires.

Une ville, avec ses propres immeubles, routes, lieux d’échanges et… la fibre !

Cependant, la forêts n’est pas juste une addition d’arbres. C’est un  une collectivité, un système, on parle d’ailleurs d’écosystème. Ce qui est vrai pour tous les écosystèmes est vrai pour la forêts, le maintien de leurs « santé » passe par les nombreuses interactions des individus multiples le composant. On ne pourra pas faire une liste exhaustive de celle-ci mais prenons l’exemple des mycorhizes, qui sera sans doute le plus parlant. Depuis des millions d’années, les arbres se sont associés aux champignons. Ces derniers sont de curieux organismes qui échappent à notre division usuelle du monde vivant. Ainsi, les végétaux sont autotrophes, c’est à dire qu’ils génèrent leurs propres nourritures à partir de matière inerte grâce à l’énergie de la photosynthèse, ce qui induit une certaine autonomie par rapport aux hétérotrophes qui se nourrissent d’organismes vivants (comme les animaux). Le champignons ne sont ni l’un ni l’autre. Ils peuvent s’associer aux arbres et étendre la surface de leurs racines (les arbres observés peuvent donc pomper plus d’eau et de nutriments) en échanges de rétributions sous formes de sucre et glucides. Dans une forêts, on a donc un vaste réseaux de racines et de mycélium interconnecté, formant un organe symbiotique mixte ; servant de messager quant aux potentielles attaques des racines ainsi que de transport répartissant des nutriments d’un arbres à l’autre. Pourquoi y-aurait ils des échanges de nutriment d’arbres en arbres puisqu’ils sont tous autotrophes ? Parce qu’il vivent en communauté et si des individus faibles disparaissent, les autres sont alors plus exposés aux brûlures du soleil, ou aux vents violents. On est donc plus dans une vision collectiviste de la société que d’une vision de lutte permanente contre les autres et pour l’intégration à l’environnement.

 

Cette vision réfute totalement le darwinisme social, qu’il soit la vision collective que l’on a aujourd’hui sous forme d’injonction: La société n’a pas à s’adapter aux minorités, c’est à elles de s’y intégrer, qu’il soit celui autoritaire dans laquelle compétition oppose les races, les classe et les nations, validant ainsi la colonisation, l’impérialisme et l’eugénisme, qu’il soit néolibéral dans laquelle on adapte les concepts d’adaptation, de concurrence à l’économie et au marché et justifiant l’exploitation à outrances des ressources. L’importation de la biologie dans le politique peut elle donc être productrice de sens et pas seulement produire des effets dangereux ? Le risque à rendre la nature prescriptive est de la moralisé selon nos codes moraux. Hors si la nature peut nous fournir des arguments moralement juste, elle peut certainement en fournir d’autres qui ne le sont pas. D’une nature que l’on nomme accueillante et généreuse, d’une nature que l’on attend autonome puis résiliente, d’une nature que l’on craint, froide et compétitive, ou bien d’une nature que l’on symbolise féminine voir maternelle… peut-être serait-il temps que l’on coupe le cordon ombilicale et qu’on assume nos théories politiques ainsi que leurs conséquences!