DÉFINIR

JUSTIFICATION :

Nous nous sommes tous déjà trouvés dans cette situation : notre interlocuteur attend notre réponse, mais un seul mot nous empêche de comprendre le sujet dont il est question. On se dit alors qu’avoir un dictionnaire à proximité pourrait nous être utile ! Ou peut-être aurions-nous dû lire les articles de nos camarades sur le blog abécédaire… Ici, on définit les mots. Mais, puisque personne ne nous a appris à définir, il serait alors intéressant de savoir ce que “définir” signifie.

ÉTYMOLOGIE :

Le terme « définir » est issu du latin definire qui signifie « mener à bonne fin, achever, mourir ». Le verbe est composé du préfixe de qui a un sens de renforcement et du radical finire, qui équivaut au verbe “limiter” en français.

DÉFINITIONS :

Le terme « définir » est un mot polysémique, on note donc plusieurs définitions différentes :

  • Le Furetière compte trois définitions différentes pour le terme « définir » :

Il signifie d’abord déterminer, ordonner par l’esprit de Dieu,

Mais aussi expliquer la nature d’une chose, faire voir de quoi elle est composée, son genre et sa différence

Ou encore faire la description apparente d’une chose, la faire connaître par un grand nombre de circonstances.

  • Selon le CNRTL, le terme « définir » signifie

Fixer des limites,

Ainsi que caractériser un individu donné, animé ou inanimé,

Et établir avec précision.

  • Le Larousse explique le verbe « définir » par quatre définitions différentes :

La première consiste à énoncer la nature, les qualités, les propriétés essentielles de l’être ou la chose que le mot désigne, donner sa définition.

La seconde l’explique par caractériser quelqu’un, quelque chose, pouvoir les cerner, les expliquer, pouvoir communiquer à autrui ce qu’on sait d’eux

“Définir” est aussi déterminer précisément, donner la teneur de quelque chose, des précisions concernant la nature de quelqu’un, de quelque chose, indiquer leurs caractéristiques.

La dernière définition est caractériser quelqu’un, quelque chose, marquer sa nature, son contenu, ses limites.

On peut en conclure que le terme « définir » est un verbe transitif classé dans le deuxième groupe et qui a trois définitions principales. Il est utilisé pour décrire en apparence les caractéristiques de quelqu’un ou de quelque chose. Même si la distinction est fine, on fait la différence avec « définir » utilisé pour exprimer précisément le fond de quelque chose ou de quelqu’un. D’autre part, le terme étudié permet d’établir les délimitations d’une chose tant physiquement qu’intellectuellement.

On remarque que le verbe « définir » a aujourd’hui perdu l’évocation religieuse qu’il possédait au XVIIe siècle.

EXTRAIT PHILOSOPHIQUE :

Dans son œuvre « Carnets », paru le 7 janvier 1936, l’écrivain britannique du XIXe siècle Samuel Butler écrit :

« Définir, c’est entourer d’un mur de mots un terrain vague d’idée ».

Par cette phrase, Butler émet une définition du terme « définir ». Il utilise une phrase de forme simple afin de ne pas compliquer le sens de sa définition.

L’écrivain de philosophie réifie l’action de ce verbe par une métaphore dans le but de la comparer avec une situation que l’on peut se représenter et ainsi rendre concrète la définition de ce mot. Dans un premier temps, il utilise le verbe « entourer » qui rappelle l’action d’établir des limites et donc l’étymologie latine du verbe. L’écrivain compare les mots à un mur, qui évoque une nouvelle fois l’idée de limite, de frontière. Puis, il met en parallèle la notion d’idée avec un terrain vague. Ici, l’adjectif qualificatif « vague » implique le caractère non-structuré et imprécis associé aux idées. De plus, la comparaison avec un terrain suggère qu’il n’y a aucune limite pour encadrer l’idée.

Ainsi, Samuel Butler donne la définition du terme « définir » selon laquelle ce verbe correspond à établir des limites à un flux de pensées qui compose une idée, c’est-à-dire qualifier une idée par un mot.

SYNONYMES :

Selon le CNRTL et le Larousse, « définir » possède trois synonymes principaux :

Le premier est “déterminer“, qui signifie préciser, fixer, circonscrire ce qui est incertain avec un accent sur la valeur de connaissance et de l’information fournie.

Le second est le verbe “fixer” que l’on explique comme sortir quelqu’un de l’indécision, de l’ignorance, et partant, le renseigner, lui fournir des éléments de connaissance.

Le verbe “préciser” est aussi un synonyme de “définir”. Il consiste à déterminer d’une manière plus exacte.

Ces trois termes sont des verbes qui, par conséquent, désignent eux aussi des actions. Ils ont pour point commun avec le mot « définir » l’apport de connaissance à un individu. Cependant, on note qu’il manque la notion de limites qu’entraîne l’action de définir ainsi que le rôle de description qu’elle possède. On remarque aussi que le sens prescriptif du verbe n’est pas évoqué par ces synonymes.

ANTONYMES :

On note trois verbes principaux qui expriment le contraire de définir :

Le verbe “escamoter” est antonyme au terme “définir” : il signifie faire disparaître, dissimuler quelque chose ou plus rarement quelqu’un par une manœuvre habile.

Hésiter” est un autre des antonymes du verbe. Il exprime l’idée d’être dans un état d’indétermination, d’incertitude qui empêche d’agir, de prendre parti, ne pas se décider à.

Par sa signification, “obscurcir” exprime le contraire du verbe “définir” : on l’utilise dans le sens d’affaiblir intellectuellement, priver de jugement, de discernement.

Après avoir mis ces trois termes en commun, on remarque que tous expriment l’idée de méconnaissance, volontaire dans le cas d’« escamoter » et d’« obscurcir ». On peut en déduire alors que le verbe « définir » est étroitement lié à la connaissance.

INTERPRÉTATION PERSONNELLE :

Le terme « définir » est un verbe transitif. Il est utilisé lorsque l’on souhaite expliquer un mot, un principe, quelque chose de complexe à autrui. Cette action a pour but de clarifier des propos et ainsi être sûr d’avoir la même interprétation de ces propos. En général, on définit un terme par une périphrase qui le caractérise en ajoutant des détails dans l’objectif de décrire le terme de la manière la plus précise possible.

D’autre part, définir a une importance primordiale, en particulier dans le cas de sujets sensibles ou complexes. En effet, on peut prendre l’exemple de la religion, pour lequel la confusion des termes techniques, et par conséquent la mauvaise interprétation des propos d’autrui, sont courants. Ainsi, définir permet d’éviter des tensions liées à un malentendu lexical. Définir est aussi indispensable pour les sujets complexes tels que les sciences ou la philosophie : ce sont des domaines basés sur la précision. Ainsi, la méconnaissance de termes spécifiques peut empêcher la bonne compréhension du propos et mener à la rencontre de difficultés plus grandes par la suite.

Par ailleurs, le verbe « définir » est lié à la notion de Vérité. En effet, on définit ce terme par l’énonciation précise des caractères apparents et ceux profonds d’une chose, animée ou non, ainsi que l’établissement de ses limites. Cela suppose que définir n’est possible que dans le cas d’une description absolument juste et conforme. Par conséquent, définir est-il possible dans les domaines de la religion ou de la métaphysique ? Ces deux domaines mettent en évidence les limites du verbe. Ainsi, il ne s’agit peut-être pas de définir de manière aussi précise que le verbe l’induit mais plutôt de décrire ce que l’on tente d’expliquer par des périphrases et des synonymes dans le but de rendre notre propos plus clair pour notre interlocuteur. Malgré l’absence d’une définition au sens strict du terme, l’explication nous permettrait tout de même d’éviter les quiproquos lorsqu’il s’agit de religion ou de métaphysique.

IMAGE

Source : https://www.postedin.com/blog/como-definir-y-crear-contenido-de-calidad/

Cette image représente tous les domaines constituant la connaissance, des sciences jusqu’à la littérature, en particulier grâce aux vignettes colorées. Cela montre l’étendue des sujets auxquels le terme “définir” correspond. En effet, la présence de la connaissance nécessite celle de définir. L’image montre ainsi l’indispensabilité de cette nécessité.

Par ailleurs, on peut remarquer que les vignettes reliées à l’écran représentant les différents domaines de connaissance évoquent la recherche.  C’est un processus auquel définir appartient : en effet, il en occupe même la plus grande partie puisque définir permet la compréhension et ainsi l’accès aux résultats de la recherche.

Cependant, définir est aussi la conséquence de la recherche. Sur l’image, l’écran affiche un livre ouvert qui symbolise la connaissance, c’est-à-dire le résultat des recherches effectuées. Cela donne alors lieu aux définitions, comme celles que l’on pourrait trouver dans le dictionnaire.

Manon BARRIÈRE, Terminale G

Une réflexion sur « DÉFINIR »

  1. Amorce à revoir : vous êtes déjà en train d’argumenter. Voir article “plante” et article “satyrius” de ce trimestre : leurs amorces sont très percutantes. Partez d’un exemple précis, d’une anecdote, d’une expression.

    “finis” en latin exprime plutôt des frontières, des limites. Cela peut être intéressant pour votre argumentaire.

    Très pertinent, pour les définitions, même si je préférerais voir les dictionnaires dans l’ordre chronologique : Furetière en 1re, donc.
    Très intéressant aussi, autant la citation que son explication. Mais c’est “mur de motS”, non ? Et je suis certaine que Butler (que je ne connaissais pas et que je suis très contente de découvrir grâce à vous) fait référence à l’étymologie de “finis” comme frontière, limite. Dans les textes latins, ce mot a ce sens-là. Si Butler écrit en 1930, il a une solide culture latine : à l’époque, les élèves le pratiquaient beaucoup. Pour dire “fin” en latin, c’est un autre terme.
    Pertinent aussi pour les synonymes.
    Vous parlez d’un rôle de description, mais n’y a-t-il pas un rôle prescriptif aussi, dans l’acte de définir ? Mais peut-être allez-vous en parler dans l’argumentaire…
    Intéressant, clair et cohérent, cet argumentaire, mais il faut répondre à la question que vous posez, car elle contredit un peu ce qui précède : si on renonce à définir dans le domaine métaphysique, alors les risques de mauvaise interprétation sont encore pires car c’est là qu’il y a le plus de subjectivité en jeu. Peut-être la courte interview de Gérard Garouste que j’ai passée au dernier cours peut-elle aussi vous donner une question rhétorique à poser ? Où s’arrête l’acte de définir ?
    D’accord pour l’image, mais n’oubliez pas de signer votre article ! Soyez fière du travail accompli !

    Bon week-end 🙂

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