Procrastination

→ Pourquoi ce choix ?
J’ai choisi ce mot, car, pour moi, je pense qu’il peut être mal interprété et donc cette analyse va permettre de remettre sa vraie définition dans son contexte.
Je trouve qu’il est important de connaître ce terme, car tout le monde y est concerné sans même parfois s’en rendre compte forcément.
Enfin, j’ai décidé de travailler sur ce mot car je le trouvais tout simplement beau et original et je voulais en savoir plus sur sa signification.

→ Étymologie du terme :
Procrastination vient du latin pro qui signifie « en avant » et crastinus qui signifie « du lendemain ».

→ Différentes définitions du terme :
1) Dictionnaire Le Larousse : tendance pathologique à différer, à remettre l’action au lendemain. (domaine médical)

2) Dictionnaire Le Robert (2012) : tendance à remettre au lendemain, à ajourner. (domaine psychologique)

3) L’Internaute : tendance psychologique à reporter à un moment ultérieur / action de remettre à plus tard. (domaine psychologique)

→ Son histoire :

Le terme «procrastination» est donc la tendance à remettre systématiquement au lendemain des actions (qu’elles soient limitées à un domaine précis dans la vie quotidienne ou non). La procrastination pourrait être apparue grâce à Proust disant: Cette habitude, vieille de tant d’années, de l’ajournement perpétuel, de ce que M. de Charlus flétrissait sous le nom de procrastination (dans Prisonn, 1922, p.86). Cependant la création du mot date de 1520 et pourtant son emploi se fait rare avant le XIXème siècle.

Le procrastinateur, appelé également le «retardataire chronique» ne parvient pas à se concentrer dans son travail et surtout quand cette «tâche» ne lui procure aucune satisfaction personnelle directe.
Cependant, il faut savoir qu’être un «retardataire chronique» ne signifie pas ne rien faire. Au contraire, l’individu peut être pris d’une frénésie (exaltation violente) de diverses activités tant que celles-ci ne possèdent aucun lien avec la tâche problématique de début.

Les causes psychologiques de la procrastination sont toujours le fruit de débat. Dans certaines études cliniques, on observerait un lien avec l’anxiété ainsi qu’une faible estime de soi. D’un autre côté, par étude méta-analytique (démarche statistique combinant les résultats d’une série d’études indépendantes sur un problème donné) l’anxiété et le perfectionnisme (voir mot Perfectionnisme sur le blog philo) n’ont aucune connexion avec la procrastination. A l’inverse, la procrastination est surtout liée à un manque de confiance (voir mot Confiance sur le blog philo) en soi, l’ennui (voir mot Ennui sur blog philo) et apathie (état d’indifférence à l’émotion, la motivation ou la passion).

De plus, selon le psychologue Walter Mischel, qui a mené des expériences dans les années 1960, ce phénomène serait dû principalement à un manque d’apprentissage de maîtrise de soi, de ses désirs (voir mot Désir sur le blog philo)
Cependant, la procrastination peut se corriger, et ce, rapidement pour ainsi nous (ré) apprendre à vivre notre vie au jour le jour, sans remettre toujours à demain (notion de Carpe-Diem d’Epicure)

→ Citation philosophique :
Si la philosophie permet d’échapper à la procrastination, la littérature permet d’en explorer les affres et l’expérience. C’est Marcel Proust qui en parle le premier dans A la recherche du temps perdu ( Albertine disparue, 1913, page 121) en disant:

«Les difficultés que ma santé, mon indécision, ma «procrastination», comme disait Saint-Loup, mettaient à réaliser n’importe quoi, m’avaient fait remettre de jour en jour, de mois en mois, d’année en année, l’éclaircissement de certains soupçons comme l’accomplissement de certains désirs.»

En effet, Albertine disparue parle d’une souffrance amoureuse : Albertine, vivant en concubinage avec le narrateur, le quitte et part de son domicile. Le narrateur tente tout pour qu’elle revienne, en vain : cette rupture donne l’occasion pour Proust de mettre en mots ces maux comme les ressentis de cette déception amoureuse. Quelque temps après, le narrateur apprendra la mort accidentelle d’Albertine, mais en même temps qu’elle l’aimait toujours et souhaitait revenir. (ici l’accomplissement de ses désirs montre que Proust à découvert la vérité sur l’amour que son aimée lui apporte, en quelques sortes une satisfaction). La procrastination montre donc ici un délaissement de ses actions dû à la mort de son aimée.

Synonymes :

– Ajournement : Action d’ajourner, de renvoyer à une date ultérieure indéterminée. Ici, la notion de temps est indéterminée (semaine, mois, année..) tandis que, dans la notion de procrastination, nous sommes dans une période d’un jour uniquement.

– Atermoiement : Action d’atermoyer, délai. Ici, nous trouvons une notion de long terme; contrairement à la procrastination, où dans ce cas, nous sommes dans une échéance d’un jour, le lendemain.

Antonymes :
– De procrastination : Admission voire Réussite. Acrasie (faiblesse de la volonté)

– De procrastinateur : Anticipateur

Interprétation personnelle :
Pour moi, le fait de procrastiner est, dans un sens, bénéfique et dans un autre, nuisible à notre santé.
En effet, il peut être bénéfique dans le sens où il nous permet de lâcher prise, d’interrompre notre activité, ne serait-ce que profiter de notre journée sans avoir, par exemple, le monde du travail prendre le dessus sur nos désirs autres où l’individu ne peut assouvir ses désirs en raison du non ressenti de satisfaction dans ce qu’il fait.
Cependant, la procrastination est nuisible pour notre santé. Effectivement, les “anticipateurs” (individu contraire au fonctionnement des procrastinateurs) veulent tout maîtriser en amont toutes les conditions et tous les détails de leur vie et ainsi le déroulement de leur avenir. Le fait de tout contrôler devient donc une obsession mais également une perte de temps considérable (lien possible avec le Perfectionnisme).
Finalement, le procrastinateur ne serait-il pas un cartésien angoissé qui, à force de vouloir tout examiner, ce qui se révèle assez vite une tâche impossible, et conscient de son ignorance, se retrouverait en face d’une action à faire et «tomberait des nues» ?
Le fait de procrastiner est de plus nuisible d’un point de vue social et dans le monde du travail. En effet, le procrastinateur à l’habitude de laisser des travaux inachevés et destinés à le rester en dépit de la résolution de les terminer un jour.
Et, s’il s’agit de répondre à une demande dans un délai imparti, le procrastinateur victime de son désir d’une perfection impossible finit par bâcler dans un travail qui ne peut que le décevoir.
Pour finir, nous sommes tous quelque peu “atteints” de la procrastination mais à des degrés différents et dans des domaines différents. Il faut ‘simplement’ ne pas se décourager, de tourner la tâche à effectuer de façon à ce qu’elle nous paraisse plus agréable à faire. D’ailleurs « il suffit de bien juger pour bien faire», disait Descartes.
Le slogan de l’anticipateur serait « Quand on veut, on peut », contraire à celui du procrastinateur.

→ Illustration :

escargot  http://www.carnet-de-fritz.fr/index.php?post/2011/05/Salle-d-attente…
J’ai choisi cette image car elle représente au mieux le fait de procrastiner, de remettre toutes nos tâches à demain où ici l’étape du réveil reste encore l’épreuve de la journée pour certain(e)s. Nous observons dans cette image la comparaison du lit, l’endroit préféré des habitués de la procrastination, ainsi que l’image de l’escargot, un être vivant connu pour sa lenteur, comme bel et bien la caractéristique du “retardataire chronique”..  En effet, de plus en plus d’individus deviennent procrastinateur, où les premiers touchés par cette pathologie sont à priori les plus jeunes. Dans le monde du travail, des études, du sport, de plus en plus de parents soulignent que leurs enfants sont “feignants” et “paresseux”.

Cependant, peut-on dire que les termes paresseux et procrastinateur sont-ils des synonymes? Quelle(s) nuance(s) leur apporter? (Voir mot Paresse du blog)

 

Guillotin, Marie.

Term S.