J’ai beaucoup réfléchi et j’ai hésité entre plusieurs mots avant de choisir lequel présenter, pour finalement opter justement pour celui-ci  : hésiter. J’ai choisi ce mot car je me suis rendu compte que je me retrouve tous les jours à hésiter, pour des choses plus ou moins essentielles. Pour le choix d’un mot à présenter sur le blog de philosophie par exemple : j’hésite, plusieurs mots me tentent, je ne sais pas lequel choisir. Mais qu’est-ce que l’hésitation? Pourquoi hésite-t-on? Est-ce mal d’hésiter?

Hésiter est naturel. Toutefois l’hésitation peut se manifester de façons différentes selon les individus et les situations.

Bien qu’hésiter soit souvent perçu comme un frein pour prendre une décision, ce n’est pas toujours le cas.  Hésiter n’est pas forcément quelque chose de négatif, cela peut au contraire être une manière de se prononcer de façon plus sûre et d’être plus convaincu de son choix. On peut aussi être indécis pour se protéger ou protéger les autres.

 

                      Source de l’image : La Gazette des Communes

Cette image est assez schématique et classique, mais elle représente bien le terme “hésiter”. On retrouve ce mot dans la position du personnage en blanc. Celui-ci se tient la tête ce qui met en évidence qu’il se questionne. Ce geste symbolise l’hésitation, le fait que le personnage soit perdu face à une action. La triple flèche en rouge matérialise le choix. Chaque pointe de flèche représente une option, une décision. La couleur rouge des flèches contraste avec le blanc du personnage, ce qui accentue son état d’indécision, de trouble face aux différentes options.

Cette image, par sa simplicité, permet de bien concevoir le sens du mot “hésiter”.

 

Définition 1 :

Être dans un état d’incertitude, d’irrésolution qui empêche ou retarde l’action, le choix.  Marquer son indécision, son embarras par un temps d’arrêt, un silence.

(def : Le petit Larousse Compact 2001)

Définition 2 :

Être dans un état d’indétermination, d’incertitude qui empêche d’agir, de prendre parti, ne pas se décider à. Se demander. Marquer un temps d’arrêt dans son élocution, s’arrêter de parler.

   (def: CNRTL)

Définition 3 :

Être incertain de ce qu’on fera ou de ce qu’on dira. S’arrêter par faute de mémoire. Ne pas oser.

  (def: L’Encyclopédie Larousse 1966)

 

Ces 3 définitions définissent le fait d’hésiter comme être dans un état d’incertitude, ne pas savoir comment agir. A travers ces 3 définitions, on voit que l’hésitation peut se manifester de différentes façons et qu’elle peut être liée à différentes raisons : une indécision, un embarras, une impossibilité de prendre parti et de se décider, ou encore un oubli, une crainte…

Étymologie :

Le mot “hésiter” vient du latin haesito, haesistare,  qui signifie être embarrassé, empêché, éprouver une gêne. C’est un intensif de haerere qui désigne le fait d’être immobile, de se trouver arrêter.

 

Position d’un philosophe :

“Pesons le gain et la perte en prenant le parti de croire que Dieu est. Si vous gagnez, vous gagnez tout. Si vous perdez, vous ne perdez rien. Pariez donc qu’il est sans hésiter.”

Pensées, 1669 – Blaise Pascal

Le Pari de Pascal est un argument philosophique mis au point par Blaise Pascal, philosophe, mathématicien et physicien français du 17e siècle. L’argument tente de prouver qu’une personne rationnelle à tout intérêt à croire en Dieu, que Dieu existe ou non. En effet, si Dieu n’existe pas, le croyant et le non croyant ne perdent rien ou presque. Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne le paradis tandis que le non croyant est enfermé en enfer pour l’éternité.

Dans cet extrait, Blaise Pascal pose la question de la religion. Il affirme “Dieu est, ou il n’est pas.” Dans cet extrait, Blaise Pascal examine ce point en se posant différentes questions. Il encourage le sceptique à croire en Dieu, en mettant en avant qu’il n’a rien à y perdre. Il soutient qu’il ne faut pas hésiter entre croire ou non, puisque de l’un on est forcément gagnant. Il justifie son discours par un argument simple : que Dieu existe ou qu’il n’existe pas, autant croire en lui pour être sûr de gagner sa place au paradis, si paradis il y a.

Si on n’a rien à y perdre, pourquoi hésiter? Pour Pascal, hésiter n’a pas d’utilité puisqu’en choisissant de croire en Dieu on est assuré de ne rien avoir à perdre.

Les questions posées par Blaise Pascal dans ses Pensées ont un lien avec la religion, mais elles ont également plus largement un lien avec la dimension existentielle, la question du choix de vie, la question des choix dans la vie.

 

Interprétation personnelle :

Il est naturel d’hésiter face à certaines situations.

On peut hésiter au moment de faire un choix. Parfois le choix nous paraît évident et on ne se pose pas de questions, mais à l’inverse certaines situations sont plus complexes et nous mettent face à un état d’indécision. Quand plusieurs opportunités se présentent, laquelle choisir? Comment savoir si le choix que l’on fait est le bon? Ne va-t-on pas le regretter? On peut hésiter de peur d’être déçu de son choix. On peut aussi hésiter car on ne sait pas ce que l’on veut.

Hésiter peut aussi être un moyen de retarder une action. Inconsciemment, hésiter est peut-être une façon d’exprimer sa peur, son appréhension. Illustrons cette idée avec un exemple : Un enfant est à la piscine. Il a envie de sauter du plongeoir. Il monte sur le plongeoir, et une fois dessus il hésite à sauter. Il  regarde en bas, ça lui paraît haut, il se demande si il ne devrait pas redescendre par l’échelle. Ici, c’est la peur qui le fait hésiter. Il sait qu’il aimerait plonger mais il appréhende et donc hésite à passer à l’action.

Hésiter c’est manifester son indécision. Paradoxalement, hésiter peut donc aussi être un moyen de se positionner, de s’affirmer dans ses choix et dans ses actes. Hésiter serait-ce donc un moyen d’exprimer sa Liberté ?

Synonymes :

douter, réfléchir

Douter et réfléchir, tout comme hésiter, traduisent un état d’incertitude, ils induisent un questionnement, une interrogation, avant d’agir.

• Hésiter, c’est être incertain, incapable de se décider en faveur d’une des options qui se présentent, alors que douter c’est ne pas être sûr de l’authenticité de quelque chose, de sa réalité, de sa vérité.  Hésiter induit un état d’incertitude face à plusieurs options qui se présentent, alors que douter c’est avoir connaissance de quelque chose mais ne pas savoir si l’on doit le croire ou non.                    Lorsqu’on hésite, on se retrouve face à un choix devant lequel on ne sait pas quoi faire. Par exemple : “J’hésite à partir.” Ici je ne sais pas si je pars ou si je reste. Je n’arrive pas à me décider.                                                                                                                                                     Lorsqu’on doute, on sait quelque chose mais on n’est pas sûr de son exactitude. Par exemple : “Je doute que partir soir la meilleure solution.” Ici je sais que je pars, c’est un fait, mais je ne sais pas si je fais bien de partir.
• Réfléchir c’est exercer son pouvoir de réflexion pour examiner une idée, une situation. A la différence d’hésiter, réfléchir ne signifie pas qu’on est incapable de prendre une décision, cela signifie juste qu’on considère, qu’on observe les différents aspects d’un fait avant de se positionner.

 

Antonymes :

agir, oser

 

Enora Jehanne