Mirliflore

Mirliflore

C’est un mot oublié,  ancien que l’on utilise plus  de manière courante. Je pense donc que le recours à un vocabulaire ancien permettrait d’augmenter la richesse de notre vocabulaire et la précision de notre pensée. Un vocabulaire riche induit un bagage culturel plus important, et ainsi une meilleure compréhension de ce que nous pouvons lire, entendre, voir.

L’étymologie quant à elle  reste inconnue. Cependant on d’après le CNRTL le mot proviendrait du mélange de formes altérées de l’expression latinisée “mille flores”,  désignant une personne qui se parfume, et de l’altération “mirelifique” de “mirifique”.  La seconde hypothèse provient de dictionnaire plus anciens,   le radical -mirus  merveilleux, incroyable en latin ainsi que -facere, qui correspond à notre faire.

Le CNRTL ( dictionnaire en ligne) donne pour définition :  ” Jeune fat, qui se pique d’élégance.”  Le Robert( édition de 1985) le définit comme un “jeune élégant content de lui”.   D’après les définitions,  le terme mirliflore est  employé dans la sphère sociale, puisqu’il désigne un comportement, une attitude vis à vis d’autrui.  On remarque que dans les deux cas on retrouve  la même notion d’élégance et d’autosatisfaction.  La différence réside dans le vocabulaire, en effet l’emploi du terme “fat” associé à l’expression “se pique” donne un ton péjoratif à la définition.                                    On peut également utiliser la défintion du dictionnaire de l’Académie Française  ( 5ème édition : 1785, 1798 ) “Terme familier, pour dire, Un agréable, un merveilleux.”                                                             Quoi qu’il en soit  les  deux définitions ont le même sens peu flatteur.

Ce mot est rarement utilisé en philosophie, on peut le trouver plus facilement dans la littérature des siècles précédent :  “Fritz était là, devant la glace, vêtu comme un mirliflore: il avait la taille cambrée dans son habit bleu de ciel, la jambe tendue et comme dessinée en parafe dans son pantalon noisette.” (Erckmann- Chatrian, L’ami Fritz, 1864 ).  Dans cette situtation on retrouve l’aspect péjoratif du mirliflore. Il y a la présence d’un miroir qui évoque déjà l’idée de s’admirer et d’être égocentrique. Ensuite dans la description on peut sentir une forme de moquerie venant du narrateur “la taille cambrée”, “comme  dessinée en parafe”. Mais ces deux expressions montre aussi l’élégance dans l’habit du personnage dénommé Fritz.

Comme synonyme de ce mot nous pouvons retrouver “dandy”. Ce terme designe, d’après le dictionnaire du CNRTL:”Élégant qui se pique de suivre rigoureusement les modes“. Ici la différence est qu’un mirliflore va montrer une certaine fierté, et un ego. Le dandy lui est uniquement lié à l’habit il n’y a pas de notions de comportement.  Nous pouvons également retrouvé “gandin” dans la liste des synonymes. Il s’agit d’un” Jeune homme très élégant, raffiné et assez ridicule. d’après la défintion du même dictionnaire. On retrouve exactement la même idée que le mirliflore, avec ici cependant un aspect bien plus péjoratif avec l’utilisation du mot “ridicule“.

Pour ce qui est des antonymes de ce mot,  on en retrouve pas dans les dictionnaires actuels. Il n’y a pas de mot ou d’expression pour désigner le contraire d’un mirliflore. On peut juste affirmer, que d’après sa défintion son opposé serait : une personne qui a peu de confiance elle.

premier lieu, ce mot evoque de la botanique . En effet la phonologie du mot porte à penser au nom d’une plante ou d’un animal issu du monde fantastique.  C’est également le cas de toute les personnes à qui j’ai demandé le sens de ce mot qu’elles ne connaissaient pas. Ainsi il est important d’utiliser des mots anciens et de ne pas se baser uniquement sur la phonologie pour en deduire le sens.  Cependant, si l’on se fonde uniquement sur le sens du mot, il évoque une personne qui à une certaine façon de s’habiller. Il faut un style vestimentaire plutôt rafiné, élegant et ce quel que soit l’époque. La notion d’élégance est très importante quand on parle d’un mirliflore, cependant il y a un aspect très négatif dans la définition. Cela vient du fait qu’ être un mirliflore va au dela  de l’habit, il y a un aspect très comportemental. Pour affirmer qu’une personne est un mirliflore, il faut s’assurer que la personne est hautaine, se pense supérieur à vous pour différentes raisons, qui ont généralement un lien avec la classe sociale et le niveau de richesse.

Le mirliflore - LA MESURE DE L'EXCELLENCE

https://www.lamesure.org/article-le-mirliflore-101327335.html

J’ai choisi d’illuster mon article par cette illustration, puisque il s’agit de la définition même d’un mirliflore remis dans le contexte historique qui lui est propre.

En effet la une gravure date du XIX ème siecle, elle provient probablement de la ville d’Epinal. C’est une caricature des hommes qui suivaient beaucoup la mode de l’époque. On remarque la taille imposante du chapeau et  du jabot que possède le personnage. Cette amplification des tailles est volontaire, elle est faites afin d’accentuer le ridicule de ce type de comportement. Nous pouvons supposer cette attitude hautaine de part son visage: les yeux fermés, sourcils légerement relevé. Cette idée est d’autant plus remarquable car le personnage possède un port de tête très haut, que l’on peut facilement associé à de l’assurance mais également à de l’égocentrisme.

Lilou VARLET

2 réflexions sur « Mirliflore »

  1. Entièrement d’accord avec vous dans l’amorce ! Profitons de ce blog-abécédaire pour retrouver des mots anciens !
    Pour l’étymologie, il y a “flor”, et peut-être tout ce qui tourne autour du regard, le radical “mir-” en latin ? Plutôt que “mille”, je verrais davantage une origine de ce type.
    D’autant plus que la définiion évoque un “fat”, c’est-à-dire un vaniteux.
    N’en avez-vous pas trouvé d’autres, dans les dictionnaires plus anciens ? Pas sûre que vous y ayez accès car je l’ai grâce à mon statut de doctorante : on trouve le mot dans le Dictionnaire de l’Académie Française de 1785 : 1798 [5ème éd.] – Voir aussi

    MIRLIFLORE. s.m.
    Terme familier, pour dire, Un agréable, un merveilleux.”

    Ce n’est pas étonnant que ce mot ne soit pas utilisé en philosophie, mais il peut être pertinent d’y faire référence dans une dissertation sur le langage, ou bien lors d’un paragraphe sur l’esthétique, l’apparence, glissant vers une dénonciation de la vanité.

    Ajouter un 2ème antonyme.

    Réflexion très intéressante autour de l’évocation du mot et de son sens exact, même s’il faut revoir la grammaire : “m’a évoqué” ? Trop de familiarité, comme “classe”. “Maintenant si on se base” : c’est trop oral. “Cependant, si l’on se fonde sur…”

    Très beau choix d’illustration. En donner les références précises (carte à jouer, non ? ou bon point que l’on donnait dans les écoles ?) : nom d’auteur (ou de groupe), date, adresse URL.

    Bon travail et à demain 🙂

    1. Je ne parviens pas à corriger mes com’ : pour la définition du dico de l’Académie, lire “1798” et ne pas tenir compte du “voir aussi”. En revanche, tenez compte du “familier” : c’est de l’argot du XVIIIè.

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