Satyriasis

SATYRIASIS

Nous connaissons tous des mots, des insultes envers les femmes sans connaître leur équivalent masculin. Ceci est une preuve concrète que le sexisme est toujours très présent dans notre société. Le mot que je vous présente est satyriasis, le masculin de nymphomane. Je pense connaitre ces mots , permettrait un premier pas vers l’égalité homme/ femme, une première reconnaissance à ce manquement dans notre culture.

L’étymologie de ce mot est assez complexe, en effet elle proviendrait de nombreux dérivé du grec, σατυριασις  ( saturíasis ) dérivé de σατυριαω “être atteint de priapisme”, lui même dérivé de σατυρος “satyre”. En effet, dans la mythologie grec, les satyres accompagnant de dionysos, aiment beaucoup courtiser les nymphes.

Le CNRTL définit le terme de satyriasis comme étant :  “une exagération morbide des désirs sexuels de l’homme.”  Le Larousse lui définit ce mot par  “État permanent d’excitation sexuelle chez l’homme.” Le dictionnaire de l’académie française nous explique que la satyriasis est une “Exaspération de l’appétit sexuel chez un homme.”

On remarque que dans les trois cas le dictionnaire utilise le mot “homme” est emploiyé ici il sert à désigné les personnes de sexe maculin.  Le deuxième point commun est l’idée d’exageration, du fait que cela peut devenir handicapant de part l’utilisation de mot comme :  “État permanent” et  “Exaspération” Cependant une des différence ce fait sur le sens, en effet “désirs sexuels” et  “excitation sexuelle” n’ont pas le même sens.  Un “désir ” signifie qu’il y a une envie, en effet en philosophie le désir est “une tension née d’un manque qui vise un objet ou un sujet dont la possession est susceptible de procurer de la satisfaction, donc du plaisir” . D’après nos sources, les défintions du CNRTL et de l’académie française ont le même sens, la même idée.  Effectivement dans le sens courant le désir peut se définir comme un « appétit » ou une pulsion sexuelle. Dans la notion “d’excitation”, on retrouve un aspect plus médical avec un lien très moindre avec la notion de plaisir.

“Le sadisme, ce bâtard du catholicisme (…) ne consiste point seulement à se vautrer parmi les excès de la chair (…) car il ne serait plus alors qu’un écart des sens génésiques, qu’un cas de satyriasis arrivé à son point de maturité suprême”

Huysmans, À rebours, 1884

Dans cet extrait, Huysmans définit le  mot satyriasis en s’appuyant sur la religion mais également en y apportant une notion médicale et philosophique. En effet, il différencie le “sadisme” de la “satyriasis”.  Le sadisme provient du nom du Marquis de Sade, un homme à qui on associe des actes sexuels très violents comme le viol, l’inceste, la pédophilie qu’il décrit dans ces oeuvres. D’après le CNRTL le sadisme  est une “perversion de l’instinct sexuel qui fait dépendre la volupté de la souffrance physique ou morale de l’autre.”  Ainsi le sadisme n’est pas une maladie, de cette manière il ne peut pas être comparé à la satyriasis .  Nous pouvons également relever qu’il qualifie le sadisme de “bâtard du catholicisme”, cette association est assez cohérente. Dans la mesure où dans la religion catholique la souffrance est associée et nécessaire à l’atteinte du bonheur. De cette façon, une mauvaise interprétation peut être que pour être épanouie, connaître le bonheur dans sa vie sexuelle la souffrance est donc une obligation.  C’est pour cela que l’on pourrait considérer que le sadisme est né du catholicisme, cependant le catholicisme rejette cette idée c’est pour cette raison que Huysman emploie le terme de “bâtard”. Le sadisme serait un “enfant” rejeté de la religion catholique.

En tant que synonyme de ce mot on retrouve : aphrodisie définit par le CNRTL comme  une “exagération morbide des désirs sexuels”. Ici on perd la notion de genre, le mot aphrodisie n’est pas associé à un genre, cette exagération concerne tous les genres. Le terme médical a le même sens que le mot que nous étudions, cependant au moment de l’antiquité il y a une différence très marquée. Nous avons vu que la satyriasis faisait référence aux satyres, l’aphrodisie est issue du nom donné à une fête en honneur de la déesse Aphrodite : les aphrodisies.

Le deuxième synonyme que nous allons étudier est priapisme le CNRTL définit ce terme comme un “État pathologique caractérisé par l’érection prolongée et douloureuse de la verge sans aucun désir qui l’occasionne et n’aboutissant à aucune éjaculation.” Dans cette définition, c’est le médical qui a une place beaucoup plus importante, puisque le mot désigne une maladie.  Cependant nous pouvons remarquer que nous revenons toujours à la question de désir. Ici la personne concernée ne ressent pas de désir, on en revient donc à la définition du Larousse.

Il n’existe pas d’antonyme pour ce mot, en revanche la notion d’asexualité pourrait correspondre à ce mot. Dans la communauté LGBTQ+ une personne asexuelle est une personne qui ne ressent aucun désir, aucune attirance envers l’acte sexuel. Ici, il n’y a pas de notion de maladie ou de choix, la personne ne choisit pas son attirance pour la sexualité comme elle ne choisit pas sa sexualité. On peut également ajouté que il n’y a pas de differenciation entre homme et femme, on utilise le même mot  pour les deux sexes.                                                                                                   Comme antonyme on peut retrouver le mot chasteté que le dictionnaire du CNRTL définit comme “Vertu consistant à s’abstenir des plaisirs charnels illicites et de tout ce qui s’y rapporte (pensées, à faire preuve de retenue dans les plaisirs charnels licites (dans le mariage)”. Dans ce mot ci il y a la notion de choix, une personne peut décider de s’abstenir ou non. Cependant certaines femmes elles y sont forcées comme les Vestales ( prêtresse de Vesta en Rome antique. Tout comme dans l’asexualité, la chasteté pour convenir pour un homme comme une femme, même si il est plus souvent attribuée aux femmes.

Phonétiquement ce mot évoque en premier lieu les satyres de la mythologie grec, cependant en cherchant ce mot peut finalement évoquer les vis de notre société. Mais celui que je pointe le plus du doigt est en lien avec le féminisme. Si on connait tous son équivalent féminin, le mot masculin est lui encore inconnu pour de nombreuses personnes. Encore aujourd’hui la nymphomanie est utilisé comme une insulte dans l’objectif de dénigrer la femme, on pense presque immédiatement que c’est un choix. Or le dictionnaire du CNRTL le définit comme : “Exacerbation pathologique des besoins sexuels chez la femme en raison de causes physiques ou psychiques et se traduisant par un comportement déréglé.” Il y a donc ici bien la notion de maladie avec le mot pathologie et on précise même que les causes peuvent être physiques comme psychiques, la notion de choix est donc écartée. On peut donc se demander, pourquoi dans le quotidien la satyriasis est considérée comme une vraie maladie et pas la nymphomanie ? Pour trouver la réponse, on peut regarder dans la religion chrétienne (majoritaire en France depuis de nombreux siècles). En effet, il est impensable qu’une femme est des rapports sexuels avant son mariage ( c’est pour ça que les enfnants/adolescentes étaient envoyés au couvent ), et même dans le mariage la femme doit avoir des rapports dans l’objectif d’enfanter, de donner une descendance à leur mari. Ainsi la possibilité qu’une femme prenne du plaisir pendanr l’acte sexuel est impossible, donc encore moins qu’une maladie lui donne envie de l’acte.    Une femme ayant envie d’un rapport sexuel sera prise pour une folle, tandis que pour un homme on dira que c’est “normal” est que c’est dans son “instinct”. Or si on se réfère à la théorie de Freud le “ça” et le “surmoi” sont possédés par les deux sexes: la satyriasis serait un dérèglement du “ça” chez les hommes et la nymphomanie du” ça” chez les femmes.

Trouver une image correct, sans diffamation ou aspect religieux est compliqué donc j’ai choisi de revenir à l’étymologie du mot : les satyres et les nymphes.

Nymphe et Satyre jupiter et antiope , 1820 de Jean-Louis André Théodore Géricault (1791-1824, France) | Reproductions De Qualité Musée Jean-Louis André Théodore Géricault | WahooArt.com                                           “Satyre et nymphe”, Théodore Géricault, 1818 musée de Rouen

C’est une sculpture en pierre à patine brut réaliser en 1818 par Théodore Géricault (1791-1824). On peut y voir un satyre, représenté comme étant une personne très athlétique, si on regade bien on peut voir les muscles de son dos. Le satyre à la tête dans le cou de la nymphe, qui est elle plutôt ronde et plaqué sur le sol. Dans cette position la nymphe est en position de victime, on peut penser à une scène de viol. De plus on peut lire de la peur dans le visage de cette nymphe qui détourne le regard, loin de son agresseur.

sources :

défintions:

https://la-philosophie.com/desir-definition      https://dicophilo.fr/definition/desir/

image: 

https://mbarouen.fr/fr/oeuvres/satyre-et-nymphe

Lilou VARLET

 

 

Une réflexion sur « Satyriasis »

  1. Merci Lilou pour l’enrichissement de mon vocabulaire cette année ! C’est vraiment chouette, de jouer comme cela avec le langage…
    J’aime beaucoup l’amorce, engagée et percutante.
    Le reste est tout aussi percutant.
    L’absence de majuscule n’est pas parlante : elle ne figure pas dans les dictionnaires, de façon générale.
    Souligner les titres. Compliquée, la citation, je trouve… Etudiez-la plus en détails. Pourquoi associer le sadisme à la métaphore “bâtard du catholicisme” ? J’entends que Huysmans veut distinguer le sadisme du satyriasis : en somme, le sadisme ne serait pas une addiction sexuelle. Peut-être y a-t-il une fiche sadisme, qui fasse le lien avec les oeuvres du Marquis de Sade ? Huysmans y fait référence dans son roman.

    On peut trouver d’autres antonymes. Pensez aux termes pour désigner l’abstinence sexuelle.

    Sculpture très intéressante, de même que son interprétation.

    Mais où est l’argumentaire ?
    A rajouter…

    Bon travail 🙂

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