Beauté

Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui faisait la beauté ? Pourquoi je trouve cette personne particulièrement belle ? Pourquoi tout le monde la trouve belle ? Ou au contraire, pourquoi suis-je le ou le seul(e) à la trouver belle ? Puis-je être belle ou beau moi aussi ? La beauté ne dépend-elle que de ma physionomie ?

La beauté questionne et fascine ; c’est une notion complexe que de nombreux savants ont étudiée et essayée de définir au cours des époques. Mais qu’elle est et qu’elle a été sa signification ? Pourquoi est-il si dur de la définir alors que la beauté est une caractéristique ancienne et fréquemment abordée ?

J’ai donc choisi le mot beauté afin de répondre aux nombreuses interrogations que j’avais sur ce concept notamment sur ces fameux critères de beautés qui nous mène parfois la vie dure. En tant que femme, je me sens particulièrement concernée par ce sujet. En effet, nous, femme, nous avons longtemps été définies principalement par ces critères et en avons toutes souffert. C’est donc par curiosité, mais aussi par incompréhension que j’ai voulu me renseigner, définir, mais surtout comprendre et me forger mon propre avis sur la beauté.

Etymologie

De l’ancien Français beltet « caractère de ce qui est beau, spécialement qualité d’une personne belle » du latin bellitās, dérivé de bellus, diminutif de bonus, de là le sens abstrait de « qualité, état de ce qui est bon ».                                                                                          Bonus réfère au bon; convenable; jolie.

Synchroniquement, dérivé de beau, avec le suffixe -té. Du latin “-tatem”, le suffixe -té s’ajoute aux adjectif afin de créer des noms s’en rapprochant mais d’une valeur abstraite. Ici la beauté exprime la caractéristique du beau à travers un nom commun.

Définitions

Beauté, nom féminin

A-Caractère de ce qui est beau, de ce qui plaît universellement. La beauté comme valeur universelle. CNRTL – TLFi

B-Caractère de ce qui provoque l’admiration et l’émotion, par ses formes, ses proportions, ses rythmes, son harmonie.  Domaine esthétique – dictionnaire de l’Académie française édition actuelle

C-La juste proportion des parties du corps avec l’agréable mélange des couleurs. Il se dit proprement des personnes, et particulièrement du visage.  Domaine esthétique – dictionnaire de l’Académie française- édition de 1694

D-Qualité, état de ce qui est beau spirituellement, moralement. Domaine de l’étique – CNRTL DMF (1330-1500)

Dans la définition A, la notion d’universelle est employée ; la beauté serait donc partagée par un ensemble d’individus. Cette définition évoque alors quelque chose de non-personnelle ; contrairement à ce que l’on pourrait penser, la beauté ne serait pas subjective.

Cependant, la définition B détermine la beauté comme un symbole qui va toucher de par son physique. Or, la sensibilité des individus est propre à chacun ; cette définition tendrai donc dans une le domaine de la subjectivité contrairement à la définition A. Néanmoins, nous sommes encore une fois ici sur le domaine de l’esthétique, du visible.

La définition C, moins actuelle parle de proportions et tend vers un idéal ; on retrouve ici la notion de Kalos. La notion de kalos « Ωκαλός» désigne plus une idée qu’un mot. Dans son expression initiale, l’idée de “kalos” signifiait la beauté extérieure, c’est-à-dire le paraître. Néanmoins, il désigne le beau autant que le noble et la valeur éthique. Cette confrontation entre beauté intérieure et beauté extérieure qui apparaît grâce aux corps, a ces œuvres d’art, est le sens du mot “”. Les sources antiques nous enseignent que cette beauté extérieure doit aller de pair avec la beauté intérieure. De cette synergie entre beauté du corps et beauté de l’âme, dehors et dedans, est née le syntagme kalos kagathos [καλὸς κἀγαθός], « bel et bon ».

La définition D diffère de toutes les précédentes. En effet, la beauté y est définie comme une qualification morale et spirituelle. La beauté ne serait donc pas uniquement physique et pourrait traiter d’un caractère, d’une action ou d’une manière d’être.

Citation

“La beauté, c’est l’harmonie du hasard et du bien.” – Simone Weil-  La Pesanteur et la Grâce, Extraits des 11 (1947)

Simone Weil est une philosophe humaniste française, née à Paris le 3 février 1909 et morte à Ashford (Angleterre) le 24 août 1943. https://fr.wikipedia.org/

La pesanteur et la grâce est un recueil tiré de manuscrits écris par Simone Weil de son vivant et mis en forme par Gustave Thibon à sa mort. Ce recueil traite de réflexions sur nombreux et divers thèmes, dont la beauté.

Dans cette citation, Simone Weil définit la nature de la beauté. La beauté serait la juste proportion entre le hasard et le bien. Ici, la beauté résulterait d’un arrangement équilibré entre hasard et bien; ces deux termes en étant donc la composante.

Le hasard pourrait évoquer le hasard de la naissance, de la création ; nous ne savons jamais si ce que nous avons conçu sera considéré comme beau. On retrouve ce hasard surtout dans la reproduction d’êtres vivants. Cela peut également référer à certains aspects de la beauté qui peuvent être accidentels, lié à des circonstances fortuites. Le beau serait donc imprévu, mais l’imprévu ne serait-il pas la caractéristique du vivant ?

Le bien induit une dimension morale, éthique. La beauté est donc associée à quelque chose de bon, positif, vertueux. Elle n’est pas que physique, mais implique une notion morale subjective. En effet, si le hasard est lui inéluctable, universel; le bien est quant à lui très subjectif même si une certaine vision du bien et du mal nous est imposé par la société.

La combinaison de ces éléments suggère que la beauté ne réside pas dans des critères déjà établis, mais se manifeste de manière naturelle, organique à travers plusieurs concepts à proportion égale comme des aspects inattendus (le hasard) et des composants moraux ou éthiques (le bien). Elle propose une conception de la beauté qui embrasse la diversité, l’équilibre et l’harmonie, en intégrant des éléments de contingence et de vertu.

Synonymes et antonymes
Synonymes

Charme : Qualité de grâce, de beauté, de rêve, de noblesse qui a pouvoir de plaire extrêmement. CNRTL

Grâce : Agrément particulier, charme attaché à la personne, à son air, à ses manières. CNRTL

Le charme est une attitude qui amène à plaire, qui vise à attirer : c’est l’envoutement de l’âme. Or, la beauté n’est pas directement définie par cette notion d’attirance des fois même un peu mystérieuse, inexplicable et entièrement subjective concernant le charme. Contrairement à la beauté, il n’existe pas de critère de charme et il n’est pas ramené à une certaine harmonie, symétrie mathématique. La beauté est charmante mais le charme n’est pas toujours beau.

La grâce vient du latin « gratia » qui signifie la bienveillance, la faveur ; c’est donc une qualité avant tout morale. Elle est engendrée par les affections que l’on porte sur le sujet étudié et attaché à ses actes contrairement à la beauté qui n’est pas obligatoirement définie par une attitude.

Antonyme

Laideur : Caractère, état de ce qui est laid. CNRTL

Difformité : Malformation extérieure très apparente qui transforme les proportions naturelles. CNRTL

Interprétation personnelle

La beauté concrétise le beau à travers plusieurs caractéristiques. Le beau est une émotion provoquée par une sensibilité propre à chaque individu. La beauté permet de décrire les éléments qui nous ont fait ressentir le beau.

Elle est de premier abord physique, car c’est la première chose observable. Effectivement, dans la Grèce antique, la beauté est avant tout physique et était liée à une certaine forme d’harmonie, d’équilibre. La beauté était donc une norme définie par certains critères ; les critères étaient différenciés en fonction du sexe. Par exemple, Le Doryphore de Polyclète, créé afin de représenter l’homme dans des proportions parfaites représenterait les standards de beauté masculins et La Vénus de Milo des standards de beautés féminins. Des dieux symbolisaient également cette notion centrale déterminée par éléments précis : Apollon incarnant la beauté masculine et Aphrodite la beauté féminine.

Copie du Doryphore de Polyclète – https://fr.wikipedia.org/
Vénus de Milo - Louvre Collections
Vénus de Milo – https://collections.louvre.fr/

Le beau est un ressenti universel ; tout le monde peut ressentir le beau. Cependant, les éléments provoquant ce ressenti diffèrent en fonction des individus et ce sont précisément ces éléments que nous appelons beauté.
Bien que chacun ai sa propre sensibilité au beau ; la beauté et par extension les critères de beauté se partage au sein d’une même culture, mais diffèrent d’une société à une autre ; d’une époque à une autre. En effet, la beauté n’est pas définie de la même manière en Europe, en Asie, en Afrique ou autres continents. Par exemple, l’art ou une personne considérée comme belle par une certaine société ne peut être apprécie de la même manière universellement ; nos différentes cultures ne nous ont pas sensibilisé aux mêmes valeurs, attaches et concepts. En ce point, je rejoindrai donc la définition que Voltaire a donné de la beauté dans son dictionnaire portatif de 1769: la raison par alphabet, 6e édition Cramer, tome 1 :  « Pour donner à quelque chose le nom de beauté, il faut qu’elle vous cause de l’admiration & du plaisir ». Dans ce dernier, il illustre sa pensée à travers une situation fictive et une se rapprochant du réel.

Néanmoins, la beauté est une notion évolutive ; nous pouvons devenir beaux de par nos actes. La beauté est donc également morale. Mais là encore cela dépend de la vision que l’on a du bon. En effet, un bel acte est un acte bon cependant le bien et le mal est relatif à la société et à l’individu.

La beauté est donc propre à un individu, mais cet individu n’est pas neutre, son expression de la beauté a été influencée par la société qui l’entoure et qui lui a inculqué des critères normatifs de beauté. La beauté pourrait cependant devenir universelle avec la multiplication des échanges internationaux et une vision de l’esthétique qui se généralise de plus en plus.

Illustration
La justice italienne suspend le prêt au Louvre de “L'Homme de Vitruve” de Leonard de Vinci
L’homme de Vitruve – https://www.courrierinternational.com/

Ce dessin représente un homme au milieu d’un cercle et d’un carré qu’il rempli parfaitement. Cette image est entouré d’un texte rédigé par Léonard de Vinci en vieux Toscan. Ce dernier réfèrerai des écrits de Vitruve de son écrit d’architecture. Ces écrits rapportent les proportions humaines que la nature aurait distribué et qui ont permis de réaliser le dessin accompagnant ce texte.

J’ai choisi d’illustrer mon article portant sur la beauté par un dessin de Léonard de Vinci : l’homme de Vitruve. Effectivement ce dessin ; comme le Doryphore de Polyclète représente le corps humain dans des proportions idéales. Il reflète donc bien la recherche des hommes au cours du temps ayant pour objectif de définir une parfaite harmonie physique représentant la beauté et ainsi définir cette notion. Dans l’homme de Vitruve, l’expression de la beauté est encore physique ; ce qui prouve la difficulté à définir des critères de beautés moraux ou autre.

 

Apolline Brousse

Une réflexion sur « Beauté »

  1. L’amorce peut être plus personnelle, plus percutante. Si vous commencez tout de suite à argumenter, c’est trop rapide pour votre lecteur et vous vous grillez des cartouches pour la suite ! Bonne idée, une photo de statue : peut-être au-dessus de votre fiche ?

    Notre adjectif vient du latin. La partie sur l’équivalent grec est intéressante, mais à laisser pour l’argumentaire. Beau vient donc de “bonus” ? Même étymologie que “bon” ?

    Impeccable pour la rubrique des définitions : c’est exactement ce qu’il faut faire ! Bravo !

    Réduire l’explication à… l’explication de la phrase à étudier. Vous parlez d’aporie (peut-être une fiche a-t-elle été faite sur ce mot : faire un lien interactif) : qu’est-ce qui vous amène à employer ce terme ?
    Mais je trouve que la phrase n’est pas très bien choisie : elle est vague et sans réel paradoxe, alors qu’il y en a plein chez Platon. Je vous conseille de prendre autre chose et de le commenter vraiment.

    Je ne suis pas d’accord pour votre comparaison entre charme et beauté : d’ailleurs, votre mot n’est-il pas “beau” ? Dans ce cas, il faut des adjectifs en synonymes et antonymes. Je crois qu’il y a une fiche sur “charme”, qui vient de “carmen”, sortilège.
    Depuis le début, j’ai du mal à saisir si vous travaillez sur l’adjectif ou le nom : le beau. Ce serait à clarifier et à expliquer en amorce.

    Remplacez les “pour moi” et “je pense que” trop oraux par des connecteurs logiques et des modalisateurs. Attention à l’usage du terme “abstrait” : en philosophie, il est mélioratif et désigne ce qui est rationnel (modèle des mathématiques). Vous faites référence à Kant : pourquoi ne pas prendre cette phrase en citation à étudier ? Elle est très riche et vous permettrait de gagner en cohérence : après avoir analysé son propos, vous le discutez en argumentaire. Parlez de subjectivité pour désigner ce qui est “beau”.
    “je rejoindrai donc la définition que Voltaire a donné de la beauté dans son dictionnaire portatif de 1769” : laquelle ? Dictionnaire portatif ??? Je ne connais que le dictionnaire philosophique de Voltaire 😉
    Attention à la notion de “Monde des Idées” : c’est une référence à Platon, que nous n’avons pas encore vu en cours. Vous faites un contresens.
    De façon générale, appropriez-vous davantage ce que vous trouvez sur internet et cherchez à construire un raisonnement plus cohérent. On aurait besoin d’un exemple pour comprendre votre point d’aboutissement.

    Décrivez votre image avant de la commenter. Vous parlez avec raison d’harmonie : faites un lien et allez lire les fiches autour de cette notion. De nombreux élèves ont déjà travaillé autour de la beauté dans ce blog-abécédaire…

    Bon travail 🙂

Laisser un commentaire