✩ Cocon ✩

Il est rond ou ovale, vide ou rempli de liquide, de soie ou de chair, permet la naissance ou la renaissance.  Il est simple, rassurant, vital, protecteur et permet l’évolution d’un être vivant. Le cocon une enveloppe protectrice qui se veut rassurante comme les bras d’une mère ou la chaleur d’un plaid.

J’aime ce mot pour sa douceur et le réconfort que l’on peut y retrouver. De même il fait référence au mot  ✩ Introverti ✩ que j’avais déjà analysé précédemment, qui évoquait le besoin d’avoir un espace sécurisant et apaisant pour se ressourcer. Mais ce mot n’est-il qu’une étape de l’évolution du papillon ou n’y-a t-il pas une autres façon de le percevoir ? Pouvons nous considérer le ventre de notre mère comme un cocon ? Ce même cocon ne peut-il pas aussi faire du mal, paralyser, entraver ?

Définition:

Cocon, subst. masc.
Signification littérale:

“Coque de ver à soye, dans laquelle il s’enferme & fait ses oeufs sous une grosse enveloppe de fils doux & deliez dont se fait la soye.” Dictionnaire universel de Furetière (1690)

“Enveloppe soyeuse que filent les chenilles de certains lépidoptères pour s’y transformer en chrysalide.” CNRTL (aujourd’hui)

Enveloppe souple entourant un animal ou un groupe d’animaux (chrysalide du ver à soie, araignées, poissons dipneustes), pendant une phase inactive de leur cycle reproductif ; œuf, nymphe ou adulte en repos saisonnier. Larousse (aujourd’hui)

Analyse

Quand nous analysons les différentes significations du mot cocon à travers le temps et les dictionnaires, nous pouvons voir que l’idée reste la même. En effet, le cocon est toujours défini comme une enveloppe ou une coque soyeuse dans laquelle des animaux s’enferment pour se transformer, ou pour réaliser une phase d’inactivité. Pourtant, quand nous approfondissons nos recherches, nous nous rendons rapidement compte que ce mot, définissant une étape évolutive d’un animal (insecte), est aussi détourné et réutilisé pour définir des concepts humains. Ce mot est donc victime de zoomorphisme. Mais alors quelles sont les autres utilisations de ce mot dans la vie courante ?

Citation

“Parfois c’est rassurant comme un cocon
On fait sans faire
Vagabondant dans ses pensées
La vraie et seule liberté est intérieure
Usine tu n’auras pas mon âme
Je suis là
Et vaux bien plus que toi
Et veux bien plus à cause de toi
Grâce à toi”

Joseph ponthus, A la ligne (2019)
Extrait du livre A la ligne, autobiographie écrite par Joseph Ponthus qui a su conquérir lecteur et critique(+ de 180000 milles exemplaires vendus et plusieurs prix tels que le Grand prix RTL-lire). J’ai choisi cette citation, car nous découvrons une nouvelle signification de ce mot qui ne correspond pas aux définitions et à la dénotation du mot. De plus, c’était le livre que j’avais acheté et étudié en seconde lors de notre participation au prix lycéens 2021.
 
En effet, nous pouvons voir dans la première strophe, que le cocon est réconfortant : “Parfois c’est rassurant comme un cocon”. Le sens utilisé ici ne correspond pas aux sens exprimés par les dictionnaires car nous il évoque le confort d’un espace où l’on se sent en sécurité. Nous discernons ici une image méliorative du mot.  Cependant, en parcourant les autres vers; ce cocon si rassurant devient une prison ne laissant place à aucun mouvement. Nous pouvons le voir quand Joseph Ponthus explique que sa seule liberté est la pensée :” la vrai et seule liberté est interieur”, que cet endroit finalement lugubre et non-confortable qui dicte ses mouvements (usine) ne prendra pas non plus cette liberté :” Usine tu n’aura pas mon âme”. 
Pour conclure dans cette strophe, nous sommes confrontés à un paradoxe. L’auteur a une relation ambiguë avec l’usine, car elle le prive de liberté (mouvement), qu’elle n’est pas bonne pour sa santé psychique et physique (privation d’âmes),”veut bien plus à cause de toi” cependant il remercie quand même cet endroit qui lui a permis d’évoluer :”Grâce à toi”. Cette vision du travail fait directement référence au concept de Karl Marx sur l’aliénation par le travail. En effet, il offre un sentiment de réconfort alors même qu’il est nocif pour notre santé. Nous retrouvons d’ailleurs ce concept avec le film “Les temps modernes” de Charlie Chaplin et le travail à la chaîne dans une usine. De plus, nous découvrons une connotation de ce mot, il est utilisé au sens figuré avec l’évocation d’un lieu humain qui nous ferait penser au réconfort d’un cocon.

 

Synonymes

Abri: Lieu servant à protéger. Point de vu mélioratif et matérialiste d’un endroit, ici le terme est utilisé pour tous types d’êtres vivants y compris les humains.

Coquille: Enveloppe protectrice dure et calcaire de la plupart des mollusques et des brachiopodes.  Sens très biologique n’incluant que certains êtres vivants. Un peu comme la définition littérale du cocon mais seulement pour les mollusques et  brachiopodes.

Antonyme

Après avoir effectuée des recherches, je n’ai trouvée aucun antonyme de ce mot. En effet dans les dictionnaires seul la dénotation du mot est évoqué, ce qui à partir de ce sens, ne permet pas la définition d’un antonyme.

Cependant en partant des autres utilisation de ce mot j’ai moi-même défini un antonyme:

Espace; Milieu idéal indéfini, dans lequel se situe l’ensemble de nos perceptions et qui contient tous les objets existants ou concevables. Ici, il n’y a pas de paroi ou d’enveloppe, nous ne voyons pas le début ni la fin, ce qui peut nous amener à perdre nos repaires et à ressentir un sentiment d’inconfort et d’insécurité.

 

Signification personnelle

Cocon. La signification première que je me représentais de ce mot avant de l’avoir étudiée était très figurative, humaniste, zoomorphiste ; un espace, lieu réconfortant de par sa matière, sa composition, son calme. Cependant, nous nous rendons compte au fur et à mesure de notre analyse que ce mot est polysémique. En effet, du point de vue purement biologique et littérale, un cocon est une enveloppe de soie créée seulement pour et par certaines espèces spécifiques (chenille, vers à soie…) pour effectuer une transformation en chrysalide puis en papillon ou autre forme d’insecte. Or, ce mot a été adapté à notre société et donc humanisé ce qui lui en fait aussi un sens figuratif et matérialiste. En effet, nous comprenons dans la citation de Joseph Phontus que le cocon peut-être considéré comme un lieu ou une situation où l’on se sent en sécurité, protégé et isolé du monde extérieur cela fait donc directement référence à son étymologie et son sens ; (coccum, coque, enveloppe) c’est un espace sûr et confortable pour l’entrée en phase inactive des animaux.

Mais ce n’est pas tout, le cocon peut aussi être utilisé dans un sens plus symbolique pour évoquer le fait d’entrer dans une phase évolutive, de développement personnel et/ou physique, comme le ferait une chenille pour se transformer en papillon.

De plus, nous retrouvons aussi plusieurs paradoxes autour de ce mot:

En effet, le cocon peut-être défini comme une enveloppe fait de soie, de fil, transparente et fragile pourtant, elle représente et joue un rôle protecteur, et sécurisant contre les phénomènes extérieurs (météo, prédateur mais aussi pensées négatives, pression, stress) pour l’être vivant qui s’y trouve.

De plus, d’après l’expression: ” Etre élevé dans un cocon”; qui signifie qu’un individu est naïf ou a été surprotégé; le cocon à toujours son aspect réconfortant et rassurant mais c’est le monde extérieur qui le rend insignifiant et qui le diabolise c’est donc un point de vue péjoratif du mot. Mais si la chrysalide n’avait pas fini sa transformation et qu’un oiseau l’avait mangé ? Et si, cette chambre était restée fermée pendant des mois ? Et si, ce lieu, bien qu’apaisant, nous privait de nos libertés, noircissait notre âme ? Comme l’évoque Joseph Ponthus et d’après l’idée de Karl Marx sur l’aliénation du travail; nous pouvons voir que le cocon peut à son tour se transformer en prison, isolement, milieu nocif.

En conclusion le cocon, peut-être une enveloppe, un milieu, un lieu, un objet, une représentation ou encore une image; il n’a pas qu’un sens n’y qu’une utilité tout est question d’équilibre avec les mots et les idées qui l’entoure ainsi qu’à sa structure, il peut aussi bien réconforter, protéger et permettre un développement qu’isoler, restreindre et être nocif pour l’individu qui y évolue.

Ainsi j’aime beaucoup ce mot pour sa polysémie mais surtout pour les différents sujets qu’il peut aborder, confort, sécurité, développement, renouveau, équilibre naturel…

Œuvre représentative

“LE COCON VÉGÉTAL”, Gaël LEFEBVRE et Marvin DEMAUDE, 2021 (prix de la création au festival international des jardins)

https://domaine-chaumont.fr/fr/festival-international-des-jardins/edition-2022-jardin-ideal/le-cocon-vegetal

Ce cocon réalisé par des étudiants de l’ISA Gembloux (Belgique),  composé de fils blancs tendu sur une structure métallique en forme de dôme à l’intérieur renferme une végétation sauvage et luxuriante. D’après les concepteurs de cette œuvre : “l’intention de ce jardin est de rappeler que l’homme ne doit pas détruire la nature, ni pour son confort ni pour ses intérêts personnels, qui sont par définition éphémères. Un monde reste à inventer, où la cohabitation est possible. La nature était là bien avant nous, c’est notre devoir à tous et toutes d’en prendre soin. Menacée de disparition, elle nous condamne nous aussi.”

Pour ma part, j’ai choisi cette œuvre car elle représentait bien le cocon avec cet entremêlement de fil,  qui démontre l’équilibre fragile mais rassurant et protecteur du milieu. De plus la végétation qui s’y épanouissait à l’intérieur donne une touche apaisante et naturel rappelant que le cocon est en premier lieu un objet naturel qui permet le développement d’êtres vivants(ici, des plantes).

Janelle Denis

Une réflexion sur « ✩ Cocon ✩ »

  1. Quelle belle image, ce papillon ! C’est agréable et cela donne envie de découvrir votre article. Très belle amorce, percutante et interpellante. Solide problématique.
    Un tout petit détail d’orthographe : on écrit “y a-t-il”, avec des traits d’union. Pour le reste, c’est impeccable ! Bravo !

    Attention : l’affiche pour l’étymologie n’est pas très lisible, et il y a des erreurs : étYmologie + provençal ou provincial ? L’étymologie est clairement latine : simplifiez.

    Bon choix de dictionnaire et analyse précise, même si une relecture grammaticale s’impose pour gommer quelques confusions (“quelle / qu’elle”, “il définit / il est défini”, etc.). Je vous conseille d’ajouter de la ponctuation, pour rythmer davantage vos phrases.
    Point de vue du contenu : pas de “sens caché” dans les dictionnaires. Le dictionnaire donne au contraire la dénotation du mot, c’est-à-dire les sens sur lesquels toute une communauté est d’accord. Il représente la vision collective (qu’on pourrait dire objective, même si c’est discutable) d’un terme. Les sens cachés et symboles sont à garder pour la suite de l’article (l’étude de la citation, l’argumentaire, l’interprétation de l’illustration) : ce sont les connotations du mot, beaucoup plus subjectives. Distinguez bien ces deux éléments : dénotation / connotation.

    L’analyse de l’expression est aussi à garder pour l’argumentaire. Ne grillez pas toutes vos cartouches avant de donner votre point de vue !

    Pourquoi 2 citations ? Les 2 sont très pertinentes, mais choisissez et enlevez celle que vosu n’étudiez pas.
    Attention à l’accord des participes passés avec l’auxiliaire “avoir” ! J’ai choisi… J’ai étudié… etc.
    Beaucoup de fautes de grammaire rendent cette étude peu compréhensible. Vous confondez aussi vers et strophe, je crois. Nous sommes en philosophie. On attend de vous de montrer en quoi cette strophe forme un paradoxe. Une piste :l’aliénation de Karl Marx vu en cours (et son idée d’opium du peuple). Joseph Ponthus avait beaucoup lu Marx.

    C’est très précis, sur les synonymes. Pour les antonymes, proposez des mots qui vous semblent opposés, en partant des connotations de “cocon”.

    Argumentaire très riche, très intéressant, qui s’appuie avec pertinence sur les éléments donnés au-dessus. Mais le plan n’est pas très clair : vous pouvez gagner en cohérence. Quand vous posez des questions, répondez-y ! Pourquoi est-ce paradoxal ? Une maladresse à éviter : “comme évoqué précédemment” (c’est tendre le bâton pour se faire battre : regardez comme je me répète ! – or le correcteur n’aura pas remarqué cette répétition, ne la lui montrez pas !)
    De la grammaire (conjugaison, ponctuation, etc.) à revoir. Cela vous fera gagner en clarté.

    Excellent, pour l’illustration (qu’elle est belle !). A corriger, juste : “j’ai choisi”.

    Bon travail 🙂

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