AGNOSTICISME

JUSTIFICATION :

On a pour habitude de se qualifier d’« agnostique » ou d’« athée » lorsque l’on ne croit en aucun dieu. Souvent, on se sait pas lequel des deux termes est celui qui reflète le mieux nos pensées. Ainsi, on confond deux termes ayant un sens différent. Il est vrai qu’il est difficile de mettre des mots correspondant à nos pensées lorsque les distinctions entre deux termes sont infimes. Ainsi, définir les termes permet de choisir les bons mots dans les situations adaptées. De plus, le sujet des croyances peut-être difficile à aborder lorsque l’on ne maîtrise pas ou mal le sujet, c’est pourquoi j’ai décidé de définir le terme « agnosticisme ». Par ailleurs, ce nom commun évoque généralement les croyances et les non-croyances, mais il n’est pas seulement utilisé dans le domaine religieux : on le retrouve aussi dans le domaine de la métaphysique, c’est-à-dire une réflexion philosophique qui a pour objet l’étude de ce qui est au-delà de la nature.

Ainsi, étudier le terme « agnosticisme » permettra de l’utiliser à bon escient et sans confusion.

ORIGINE ET ÉTYMOLOGIE :

Ce terme n’existe que depuis 1869, grâce au naturaliste anglais Thomas Henry Huxley qui le crée en s’inspirant des philosophes des Lumières David Hume et Emmanuel Kant, respectivement écossais et allemand.

Le mot « agnosticisme » est construit sur la base du grec agnôstos signifiant «ignorant», lui-même composé du préfixe privatif -a ainsi que du radical gnosis exprimant la connaissance.

DÉFINITION :

  • Selon le CNRTL :

« Agnosticisme » est un terme du registre philosophique et théologique. C’est une doctrine ou attitude philosophique qui considère l’absolu inaccessible à l’intelligence humaine.

  • Selon le Larousse :

L’agnosticisme est une doctrine qui considère que l’absolu est inaccessible à l’esprit humain et qui préconise le refus de toute solution aux problèmes métaphysiques.

  • Selon le dictionnaire de l’académie Française :

Le terme « agnosticisme » désigne une doctrine ou attitude philosophique qui tient a priori pour vaine toute doctrine métaphysique et déclare inaccessible à la connaissance toute réalité qui dépasse les apparences sensibles. Par extension, c’est une indifférence en matière religieuse.

Ainsi, le terme « agnosticisme » est un nom commun masculin utilisé pour désigner une doctrine ou une attitude philosophique selon laquelle l’esprit humain ne peut pas obtenir la connaissance absolue et doit alors suspendre son jugement. Il considère que seul ce qui peut être prouvé peut alors être connu. Par conséquent, un individu agnostique n’est ni croyant, ni athée, et il adopte une attitude d’indifférence face à ce qu’il ne sait pas. Bien que souvent utilisé dans le domaine théologique, ce terme concerne aussi le domaine de la métaphysique.

CITATION :

Dans son livre Dieu vous interpelle ? Moi, il m’évite… paru en 2000 aux Éditions EPO, Robert JOLY écrit :

L’agnosticisme partage avec la foi du croyant l’idée qu’il existe de l’inconnaissable. Mais dire que l’inconnaissable existe, c’est savoir quelque chose sur l’inconnaissable. L’agnostique sait au moins ce qu’il entend par Dieu, assez en tous cas pour dire qu’il ne peut rien en dire : il y a là un cercle qui pourrait être vicieux. Le sceptique qui professe que « tout est incertain » doit faire une exception pour le principe qu’il vient de formuler, mais c’est une exception ruineuse (…)
Je crains que l’agnosticisme, très bien toléré socialement, soit parfois une idéologie de confort. Flotter aimablement entre deux clans est une façon de ne pas se faire d’ennemis, de se concilier plus facilement beaucoup de monde, d’éviter des obstacles, de se voir ouvrir plus de portes.

Par cet extrait, le professeur et historien belge exprime une critique des croyances et des non-croyances. Il définit l’agnosticisme en exposant ses limites et ses points communs avec la foi. En effet, ces deux doctrines se rejoignent avec l’idée d’existence de l’inconnaissable. Pourtant cette idée est paradoxale puisque affirmer l’existence de l’inconnaissable revient à connaître une partie de ce que l’on considère inconnaissable. C’est là la limite de l’agnosticisme : selon sa doctrine, il est dit accepter la relativité de la connaissance humaine et ainsi ne pas pouvoir exprimer d’avis sur un sujet du fait d’un manque de preuve, néanmoins ne pas s’exprimer revient tout de même à émettre une opinion.

Robert Joly compare ensuite l’agnosticisme au scepticisme, qui sont deux doctrines qui se construisent autour du doute. Le scepticisme affirme que « tout est incertain ». Pourtant cette expression suggère une certitude qui met en doute la doctrine elle-même puisque son principe original est contraire à lui-même : la doctrine est déconstruite par son propre principe fondamentale. De la même manière, un individu agnostique prétend suspendre son jugement lorsqu’il s’agit de connaissances absolues mais l’indifférence qu’il exprime est pourtant son opinion, son jugement.

A la fin de l’extrait, Robert Joly explique que l’agnosticisme est une solution de facilité. En effet, être agnostique revient à ne pas prendre position, du moins ne pas avoir un avis clair et précis mais plutôt avoir une opinion nuancée qui ne permet pas de se placer dans une catégorie. Ici, Robert Joly ne considère pas l’agnosticisme comme une décision rationnelle et respectueuse des autres : il voit la doctrine comme une manière de paraître sous un meilleur jour aux yeux d’autrui. De plus il suggère par le verbe « flotter » qu’un agnostique a la possibilité de changer son avis suivant l’opinion de ceux qu’il rencontre afin de leur plaire davantage. Par ce dernier paragraphe, Robert Joly montre que, selon lui, être agnostique est un choix fait pour les autres et non pour soi-même.

SYNONYMES :

Le terme « impiété » exprime le mépris,  le rejet de sa propre religion ou de la religion officielle.

On utilise le terme « indifférence » pour désigner l’état, le sentiment de quelqu’un qui ne se sent pas concerné ou qui n’accorde aucun intérêt à quelqu’un ou quelque chose.

On appelle « relativisme » la doctrine qui admet la relativité de toute connaissance humaine.

Le « scepticisme » regroupe toute doctrine qui nie la possibilité de la connaissance de l’absolu ; doctrine des pyrrhoniens selon lesquels l’homme ne pouvant atteindre la connaissance de la vérité, il est nécessaire de pratiquer en toute chose la « suspension du jugement » et d’ériger le doute en système.

Chacun des synonymes ne correspond pas totalement à la définition d’ « agnosticisme » puisque ce terme est défini par l’addition de l’aspect des connaissances humaines avec la connaissance absolue, qu’elle soit théologique ou religieuse. Ainsi le synonyme le plus proche de l’agnosticisme est donc le scepticisme puisque les deux termes expriment l’impossibilité de la connaissance de l’absolu et la suspension du jugement comme solution à cette affirmation. Cependant, l’agnosticisme diffère du scepticisme par sa précision : il est lié aux domaines théologique et métaphysique tandis que le scepticisme instaure le doute de manière générale.

ANTONYMES :

Ce qu’on appelle « dogme » est défini par une proposition théorique établie comme vérité indiscutable par l’autorité qui régit une certaine communauté.

Par sa nature religieuse, le terme « foi » désigne une croyance sans limite aux dogmes d’une religion.

Le terme « croyance » dans le domaine religieux est défini par la certitude qu’un individu peut avoir à admettre des dogmes.

Ces termes s’opposent à l’agnosticisme dans les domaines religieux et métaphysique puisqu’ils expriment une vérité indiscutable qui ne peut pourtant pas être expérimentée, ou la confiance infinie en cette vérité.

Contrairement à ce que le -a privatif d’ « agnosticisme » suggère, le terme n’est pas un antonyme de « gnosticisme ». En effet, le CNRTL définit le gnosticisme comme une doctrine selon laquelle une certaine connaissance apporte à l’homme le salut. Comme il est question d’« une certaine connaissance » et non de la connaissance absolue, les deux termes d’origine grecque ne sont pas contraires.

INTERPRÉTATION PERSONNELLE :

L’agnosticisme désigne une attitude philosophique, c’est-à-dire une manière de penser, qui propose l’indifférence face au doute. En effet, ce terme remet en cause la connaissance absolue, autrement dit ce que l’on sait même si nous n’avons pas de preuve expérimentale de l’existence. Ce terme est souvent utilisé dans le domaine de la religion du fait d’une croyance ou non en une entité absolue telle qu’un dieu. En effet, l’agnosticisme dans la religion est exprimé par le fait de ne pas savoir si une divinité existe. Émettre un jugement sur l’existence ou non de divinités est alors impossible, par conséquent un agnostique n’est ni croyant, ni athée. La doctrine de l’agnosticisme est aussi utilisée lors de la réfutation de la métaphysique. Celle-ci concerne l’étude de l’au-delà de la nature et la connaissance de ce que sont les choses en elles-même. Ainsi la métaphysique est l’étude de sujets pour lesquels aucune expérimentation ne peut être pratiquée pour vérifier la validité des réponses.

A mon sens, l’agnosticisme est lié à la rationalité. En effet, admettre l’existence seulement de ce dont on a la preuve formelle n’est-il pas faire preuve de logique et de raison ? Par ailleurs, c’est une forme de réflexion et de remise en question de certains dogmes pourtant considérés comme incontestables. Néanmoins, cette doctrine n’impose pas le doute sur tous les sujets c’est pourquoi elle peut être considérée comme rationnelle. Ajouté à cela, on retrouve dans l’agnosticisme une forme de respect des croyances d’autrui : un agnostique ne peut pas nier l’existence ou l’inexistence de quelque chose et formule donc une réponse indifférente qui ne pourra pas contrarier son interlocuteur. Il ne prendra pas position sur des sujets aussi compliqués et absolus tels que les croyances ou la métaphysique. De ce fait, certains considéreront l’agnosticisme comme un bouclier pour se protéger du jugement des autres sur nos propres opinions et ainsi plaire à ceux qui nous entourent. Cependant, le choix de croyance, de non-croyance ou d’indifférence ne doit pas résulter d’une influence d’autrui sur nos propres convictions mais plutôt d’une réflexion personnelle aidée par l’information.

ILLUSTRATION :

Source : https://definition-simple.com/agnostique/

J’ai choisi cette image car elle représente l’essentiel de l’agnosticisme. En effet, elle est très simple, avec un seul schéma : un point d’interrogation entourant la lettre A.

Le point d’interrogation est un outil de ponctuation : à l’écrit, il permet de poser une question. Ici, il évoque plutôt le doute et l’ignorance et amène la réponse « je ne sais pas » dans l’esprit de son public. Ainsi, ce signe de ponctuation met en évidence le fait de ne pas pouvoir donner de réponse à une question.

Cependant, on pourrait penser que l’image évoque le scepticisme. Or, la lettre A située au centre du point d’interrogation rappelle au public le terme « agnosticisme ».

De plus, l’image est composée de seulement deux couleurs : le noir et le blanc. Si l’on prend le terme « agnosticisme » dans son sens le plus utilisé, c’est-à-dire dans le domaine théologique, les couleurs représenteraient respectivement la croyance et l’athéisme. Ainsi l’agnosticisme représente une frontière entre les deux doctrines, il a besoin d’elles deux pour exister, comme le point d’interrogation nécessite lui aussi le noir et le blanc pour être visible.

Manon BARRIÈRE, Terminale G.

Une réflexion sur « AGNOSTICISME »

  1. L’amorce est précise et intéressante. Etymologie et définitions bien maîtrisées, claires.
    Citation pertinente. Attention au terme “philologue”, qui est le nom d’un prof de littérature en Belgique. Je pense que vous gagneriez à simplifier votre explication : la critique essentielle que cet écrivain fait par rapport à l’usage actuel du terme “agnostique” (voir les réseaux sociaux) est celle d’un relativisme.
    Peut-être pourriez-vous faire un lien vers la fiche “scepticisme” ou “sceptique”, si elle existe ? Voir aussi le texte de Pascal (fragment 164, par exemple).

    Appuyez-vous sur l’étymologie aussi, pour compléter votre riche analyse des synonymes : “a-” privatif.
    Passionnante étude des antonymes.

    Un argumentaire pertinent, mais un peu trop délayé. De qui est la citation au milieu ? Pourquoi mettre une citation ? On s’attendrait plutôt à ce que vous partiez de la citation étudiée au-dessus : vous semblez ne pas être d’accord avec l’auteur (ce qui est votre droit, bien sûr). Resserrez bien le propos. Pas besoin de “je pense que” (trop oral). Posez des questions.

    L’illustration me fait aussi penser à l’anarchisme, non ? Mais votre interprétation fonctionne bien.

    Peu à revoir, donc, dans cet article déjà de grande qualité. Continuez !

Laisser un commentaire