Mécanique

Des rouages, le métal, le tic tac d’une horloge, une machine qui se met en route, des formules de physique… voilà ce que m’évoque le mot mécanique.

Découvrons et apprenons à connaître ce mot ainsi que ses origines et sa signification.

Etymologie :

D’après le CNRTL ce mot vient du vieux français mecanique (les “mestier mecanique” et “les ars mecaniques”). 

D’après le site “La jaune et la rouge” (qui est la revue en ligne des alumni de Polytechnique), les mots mécanique et machine sont très liés dans leur éthymologie.

“Le verbe grec mêkhanan signifie « imaginer », « fabriquer », « causer », et mêkhanê désigne tout « moyen », concret ou abstrait, mis en œuvre pour atteindre un certain but. 

A l’époque classique coexistaient en grec plusieurs dialectes. Ainsi, le mot mêkhanê prenait aussi la forme makhana. De là deux familles d’emprunts en latin : de mêkhanê est issu mechanica, et de makhana est issu machina « machine ».

En français, on retrouve les deux familles : mécaniquemécaniser… et d’autre part machinemachination… puis aussi machinisme… Les mots mécanique et machine sont donc liés : c’est un machiniste ou un mécanicien (le mécano) qui conduit une machine. 

En français, les adjectifs mécanique et surtout machinal qualifient tout comportement répétitif, poursuivi sans imagination.”

 

Définition de mécanique :

D’après le dictionnaire d’Antoine Furetière (XVIIe siècle) sur le site de la BNF :

“c’est une science qui fait partie des mathématiques, qui enseigne la nature des forces mouvantes, l’art de faire le dessein de toutes sortes de machines, et d’enlever toutes sortes de poids par le moyen des leviers, coins, poulies, vis etc…

Se dit aussi de la manière d’expliquer les ressorts d’une machines et les causes naturelles des actions des corps animés et inanimés.

Se dit parallèlement des arts serviles et qui sont opposés aux Arts libéraux tels que ceux que pratiquent les ouvriers qui travaillent non seulement à la construction des machines, mais encore à toutes les manufactures et aux choses qui servent aux nécessités ou commodités de la vie, comme les maçons, les tailleurs, les cordonniers. On dit que ces gens exercent des ars mechaniques.”

On rencontre deux définitions dans le dictionnaire du CNRTL :

1) une définition qui relève du domaine de la physique : “Qui concerne les lois du mouvement et de l’équilibre  ;  Énergie mécanique  ;  Propriété mécanique d’une substance (Propriété physique telle que la viscosité, les coefficients d’élasticité, le frottement interne, la ductibilité, la malléabilité)  ;  Sciences mécaniques.”

2 ) une qui relève du domaine de la philosophie : Dans le cartésianisme, ce qui s’explique par les seules notions d’étendue et de mouvement, Qui a rapport à l’étude des machines, de leur construction, de leur fonctionnement.  Qui est produit, exécuté, actionné par une machine, un mécanisme.  art/ industries/ fabrication/installation mécanique”

D’après le dictionnaire Le Robert Collège, édition 2015 :

“1) Qui est exécuté par un mécanisme ; qui utilise des mécanismes, des machines. 2) Partie des mathématiques et de la physique qui a pour objet l’étude du mouvement et de l’équilibre des corps ainsi que la théorie des machines”

Quelle que soit la source, ce mot appartient à deux domaines bien distincts. En physique, il est un terme bien spécifique faisant partie du vocabulaire scientifique. En philosophie, il rejoint le cartésianisme, où dans un sens plus commun il englobe le fonctionnements des machines, des mécanismes. Ces deux sens sont déjà présents en vieux français, comme nous le montre le dictionnaire de Furetière.

 

Citation :

Albert Camus écrit  “La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.” dans l’éditorial de “Combat” (journal quotidien clandestin de la Résistance, du 8 août 1945) 

Albert Camus a été le seul intellectuel occidental à dénoncer l’usage de la bombe atomique quelques jours après le bombardement d’Hiroshima dans son éditorial.

Par “civilisation mécanique” l’auteur explique que nos sociétés fonctionnent de manière automatiques et que nous pensons comme des automates, c’est à dire que nous n’avons pas toujours de réflexion profonde. Il dénonce l’utilisation de la bombe atomique, et dans ce cas, il parle du fait que pour gagner la guerre, les Hommes ont oublié leur humanité. Sans réfléchir et comme des ordinateurs, ils ont pensé “nous devons les éliminer pour gagner la guerre”. Et que c’est seulement dans une société mécanique, dénuée de toute éthique que des armes aussi mortelles et dangereuses sont crées.

Il évoque un “degré de sauvagerie” car pour lui ces armes et le fait de les envoyer sur un peuple “ennemi” est un degré de sauvagerie extrême. Le terme “sauvagerie” s’oppose par ailleurs au mot “civilisation”. Comme si en avançant de façon mécanique, sans réfléchir aux conséquences de nos actes, notre société était devenue sauvage et incontrôlable. Dans ce cas, la réflexion et l’analyse de nous mêmes et de nos société nous permettrait de garder notre humanité et une société civilisé. Pour lui, à la fin de cette guerre, il est indispensable de revenir à une civilisation où la science est utilisé à bon escient. C’est à dire d’une façon qui sert la société et ses individus et non à détruire les civilisations et les peuples, dans un but de paix. En effet il repose la question de l’importance et de l’utilisation première des sciences. A la base, les sciences étaient là pour nous faciliter la vie, nous aider à vivre, à soigner des maladie, à mieux communiquer… Et ne pas penser amène à créer des armes mortelles et à les envoyer en temps de guerre mécaniquement sur un peuple, ce qui est une vision terrifiante.

 

Synonymes et antonymes :

D’après le CNRTL, le mot “appareil” est un synonyme de mécanique : “Ensemble d’éléments constituant un tout et concourant à un même but. Ensemble de matières ou de matériaux réunis dans un but précis ou formant un tout organique.”  La différence est que le mot appareil désigne un objet bien réel et qu’il ne peut être un adjectif pour qualifier quelque chose.

Un autre synonyme est le mot automatique : “Qui s’accomplit d’une manière inconsciente, sans la participation directe de la volonté ou de l’intelligence. Qui doit obligatoirement se produire, ou intervenir de façon prévisible, voire à intervalles réguliers.” Ce mot est très proche de mécanique. Cependant le terme d’automatique n’englobe pas le domaine de la physique.

Un antonyme est le mot volontaire : “Qui procède de la volonté et non des automatismes, des réflexes ou des impulsions  ;  Acte qui résulte de la volonté, qui est délibéré.”

Je n’ai trouvé aucun autre antonyme du mot mécanique, donc j’ai pris un antonyme du mot machinal : toujours d’après le CNRTL, un antonyme de machinal serait raisonné : “Exercer sa raison ; user de la raison pour connaître, juger.”

Interprétation personnelle :

Le mot mécanique me fait penser aux idées de Descartes avec l’animal machine. Pour lui, l’animal ne ressent aucune émotion et vit de manière mécanique, sans rien penser. Il serait constitué de rouages, tout comme le serait une simple montre. Aujourd’hui, la plupart des gens ne pensent plus comme ça. Les gens se rendent compte que les animaux ressentent des émotions comme nous, et parfois même parlent à leurs animaux comme si ils pouvaient nous comprendre… Évidemment, il est compréhensible que les Hommes se soient demandé si les animaux pouvaient ressentir des choses. Car lorsque l’Homme ressent quelque chose, il l’exprime, le plus souvent par des mots. Or les animaux ont leur propre langage et ils nous est difficile de communiquer avec eux.  Cette vision pose donc la question du langage ainsi que la question de ce qui nous différencie des animaux.

Cette vision des choses serait-elle liée à une notion d’époque et d’avancées dans les connaissances scientifiques ?

Il n’empêche que c’est une vision très intéressante. Car si on considère que c’est vrai, absolument tout ce qui nous entoure serait mécanique et n’aurait d’autres but que de nous permettre de nous nourrir, abriter, de remplir nos fonctions vitales… De cette vision, il en ressort très vite que l’Homme est exceptionnel car il est le seul à penser, et à avoir une réflexion. De plus si ce qui nous entoure ne ressent rien, alors il ne peut pas souffrir, ce qui implique que nous pourrions dégrader, tuer… sans que cela ne fasse réellement de mal à qui que ce soit. Cette réflexion aurait-elle menée, et mène-t-elle encore l’Homme à détruire ce qui l’entoure en pensant en avoir le droit car il se sent supérieur ? L’animal machine serait alors l’Homme. Mécaniquement, il construit, produit des choses et au passage détruit une partie de la nature. Il ne pense pas aux autres êtres vivants (dont les humains) qui souffrent de cette façon de travailler. On peut alors dire que l’Homme, lorsqu’il perd de son humanité ou arrête de penser, se comporte de manière mécanique, comme un automate.

Cette question du respect des autre êtres vivants, du respect d’autrui est très importante en science. Il existe des expériences où la souffrance des animaux et même des Hommes n’était pas prise en compte. Ce qui pose alors la question de la bioéthique. C’est à dire savoir poser des limites quant à ce qui est bien ou mal. Et cela nécessite une réelle réflexion et non juste des actions mécaniques. On peut de demander, comment place-t-on ces limites ? Qui peut en décider ? Faut-il traiter les animaux comme des Hommes ?

En tout cas, on peut voir que le mot mécanique a une visée philosophique, scientifique voire même politique (si l’on parle par exemple des “droits de l’animal”). La notion de machine est à la fois partout dans notre quotidien et à la fois très éloignée de notre nature d’Homme.

Illustration :

Croquis de l’éléphant des machines de l’Île par François Delaroziere.

Cette image représente l’éléphant des machines de l’ile. C’est une immense machine éléphant taille réelle qui se pilote et transporte des personnes. Cet éléphant est un élément majeur du tourisme à Nantes et contribue à l’attractivité de la ville.

Il est en effet très réaliste : il est grand, pousse des cris, éjecte de l’eau par sa trompe pour arroser les enfants…

On en oublierai presque que c’est une machine. Faire abstraction des roues, des mécanismes pour laisser planer la magie d’avoir un tel animal en ville.

Sur l’image cependant, il y a un retour à ces mécanismes. On peut observer l’ensemble des éléments constituant l’éléphant, dont l’aménagement, les rouages, les matériaux… Les traits sont fins, précis, au crayon de bois et il n’y a pas de couleurs. On y voit également des annotations.

Personnellement je trouve que cette image a un côté artistique presque poétique. Comme si ce dessin nous montrait comment sont fabriqué les réels êtres vivants. 

Manon Rouxel

 

Une réflexion sur « Mécanique »

  1. Jolie amorce, qui donne envie de lire la suite.
    Donner l’étymologie = mot latin.
    C’est bon pour les définitions, même si ce serait plus cohérent de commencer par le Furetière, le dictionnaire le plus ancien des 3.
    Bon choix de citation, mais il faut expliquer ce paradoxe : qu’est-ce que Camus entend par “civilisation mécanique” ? Pourquoi évoque-t-il un “degré de sauvagerie” ? etc.
    Il manque un antonyme + enlever l’échafaudage 😉
    De bonnes pistes dans l’argumentaire, à creuser. Réorganiser le propos : vous citez Descartes, expliquez-le. Peut-être pouvez-vous ajouter des liens vers d’autres articles, en vous appuyant sur le travail d’autres élèves (animal, éthique, bioéthique, etc.).
    Très bon choix d’illustration, mais rendez à Delarozière ce qui est à François Delarozière = sources ! Pourquoi parlez-vous de poésie ? Justifier ce point de vue intéressant.

    Bon travail 🙂

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