Homme

Pourquoi un homme a-t-il tant de difficultés à se définir ?

D’abord, dans la mesure où nous sommes des hommes, et qu’il est difficile de s’autodéfinir. Ensuite, l’homme est un sujet d’actualité, notamment concernant sa place dans le règne animal ce qui rend cette tache d’autant plus complexe. Peut-être est-il plus puissant que les animaux ? Pourtant, l’homme n’est-il pas lui même un animal ? Ne dépend-il pas lui même des espèces qui l’entourent ?

De plus, de nos jours, nous nous questionnons beaucoup sur l’identité et le genre. J’ai donc pensé intéressant et judicieux de chercher à mieux comprendre ce que cache le mot « homme ». Qu’est-ce qui nous définit réellement, et nous caractérise, en tant qu’homme ? Sont-ce nos capacités cognitives ? Est-ce notre rapport au monde ?

Étymologie du terme :

Homme vient du latin « hominem », qui est lui même l’accusatif d’« homo ». Au 7ème siècle, Isidore de Séville, un évêque et une grande figure de la chrétienté, affirme que l’origine du mot homme vient du latin « homo », car il a été créé depuis le terme « humus », la terre. Isidore fait vraisemblablement ce rapprochement en s’appuyant sur la Bible, car selon le livre de la Genèse, Adam, le premier homme, œuvre de Dieu, aurait été créé à partir de la poussière de la terre. Cependant, cette proposition n’est pas admise par tout le monde. Il pourrait simplement s’agir d’une interprétation de cet évêque.

Sources : (https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9H0850, https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1891_num_22_2_2737, https://blogs.univ-tlse2.fr/olga-spevak/files/2020/03/Etymologies-2009.pdf)

Définitions :

  • Furtière (1690) :

Définition philosophique : animal raisonnable

Définition en médecine : l’homme ne se considère que selon le corps naturel, c’est à dire le corps humain, de sa création (fœtus) à sa mort.

Définition morale : en morale, l’homme se distingue en homme charnel (ne cherche point les choses de Dieu), et en homme spirituel (saint homme, un homme de Dieu, un homme de bien ), selon qu’il se laisse commander par l’âme raisonnable, ou par l’appétit sensuel. On le peut décrire par ses principales qualités, qui sont d’ordinaire opposées, et qui vont de part et d’autre aux extrémités.

Autres définitions : mâle, opposé à la femelle, celui qui a atteint l’âge de virilité, individu qui se distingue selon ses mœurs et ses qualités naturelles, selon les professions qu’il embrasse, ou les choses qu’il sait bien, qu’il est capable de faire. Ce terme, se dit aussi relativement, en parlant de la dépendance de quelqu’un à l’égard d’un autre.

  • Robert en ligne :

Premier sens : être (mâle ou femelle) appartenant au règne animal, mammifère primate de la famille des hominidés, seul représentant du genre Homo (Homo sapiens). L’être humain, en général. Les hommes ou (collectif) l’homme (humanité), créature mortelle.

Deuxième sens : être humain mâle. D’une part : dans tous les âges de la vie, mais d’autre part à l’âge adulte uniquement.

  • CNRTL :

Premier sens : être appartenant à l’espèce animale la plus développée, sans considération de sexe. Mammifère de l’ordre des Primates, seule espèce vivante des Hominidés, caractérisé par son cerveau volumineux, sa station verticale, ses mains préhensiles et par une intelligence douée de facultés d’abstraction, de généralisation, et capable d’engendrer le langage articulé. Animal raisonnable, sociable, considérant l’espèce humaine tout entière, abstraction faite du sexe.

Deuxième sens : mâle adulte de l’espèce humaine, être humain doué de caractères sexuels masculins (caractères biologiques, physiologiques).

(sources : https://dictionnaire.lerobert.com/definition, https://www.cnrtl.fr/)

Si nous comparons les définitions actuelles, c’est à dire les définitions du CNRTL et celle du Robert en ligne, avec celles du Furtière, un dictionnaire datant de 1690, nous pouvons voir que les définitions les plus anciennes sont bien plus précises, considérant alors l’homme dans toutes ses dimensions. Les définitions les plus récentes renvoient elles à une vision plus scientifique de l’homme, que ce soit au niveau du vocabulaire employé pour le définir, ou encore dans les différents sens que nous accordons à ce mot.

Synonymes :

Individu : tout être concret, donné dans l’expérience, possédant une unité de caractères et formant un tout reconnaissable. Spécimen vivant appartenant à une espèce donnée; être organisé, vivant d’une existence propre et qui ne peut être divisé sans être détruit. Élément d’une population. Chaque être appartenant à l’espèce humaine. L’être humain considéré isolément dans la collectivité, la communauté dont il fait partie. L’être humain en tant que réalisant son type et possédant une unité et une identité extérieures de nature biologique.

Le terme individu a un sens plus général. En effet, ce terme peut désigner aussi bien l’espèce humaine que n’importe quel être vivant.

Être humain : un être humain est un être vivant membre de l’espèce humaine. Il se différencie des autres espèces par son mode de déplacement bipède, son langage articulé, ses mains préhensiles et son intelligence développée.

Cette définition va, elle, plus dans le sens de l’évolution, car elle mentionne l’entièreté de l’espèce humaine et des caractéristiques qu’elle a acquises au cours de son évolution.

(source : https://www.cnrtl.fr/, https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/)

Antonymes :

Animal : Être vivant non végétal, ne possédant pas les caractéristiques de l’espèce humaine.

Dieu : Être appartenant au monde supérieur ou inférieur, doué de qualités de transcendance qui le font coexister avec des êtres de même rang et doté d’attributs, notamment anthropomorphes, se manifestant dans ses missions auprès des hommes, avec lesquels il entre en relation pour orienter leur existence ou pour satisfaire son besoin de communication et dont il reçoit l’hommage cultuel.

Femme : être humain de sexe féminin. Seul représentant femelle de la famille des Hominiens dans l’Ordre des Mammifères primates, par opposition à son homologue mâle, l’homme.

(Source : https://www.cnrtl.fr/ , https://dictionnaire.lerobert.com/definition)

Citation :

« L’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est. »

Albert Camus

Albert Camus (1913-1960) publie son essai L’Homme révolté en 1951, qui dénonce et combat les idéologies absolues, et rompt ainsi avec Jean-Paul Sarte et le courant marxiste.

Ici, le terme « créature » désigne tout être vivant, animal ou bien humain. Ce que sous-entend Camus est donc que l’homme est le seul animal qui ne veut pas admettre en être un. Il est doué de la parole et du langage, ce qui lui a permis de développer des facultés cognitives, de dissimuler sa nature animale, qu’il a pourtant dès la naissance. Cette nature animale résiderait d’ailleurs, d’après Freud, dans l’inconscient, et serait régulée grâce à notre éducation, et aux codes qui nous ont été enseignés tout au long de notre vie. Ainsi, peut-on dire d’un nouveau né qu’il est animal, car il n’a pas encore cette culture de la perfection ? De ce fait, l’homme refuse d’admettre qu’il peut être violent, qu’il a peur de la vieillesse et de la mort, bref, qu’il n’est pas parfait ou idéal. Il fait ainsi preuve de beaucoup d’orgueil.

Il est cependant étonnant de voir le terme chrétien “créature” employé par Camus. On peut y voir un paradoxe, en se demandant quel est l’intérêt pour lui de parler de créature, alors qu’il ne croit pas en Dieu. Peut-être est-ce pour donner plus de sens à sa citation, qui s’adresse à une population encore en grande partie chrétienne ? Le fait de faire usage de ce terme permet aussi de mettre l’homme et les animaux sur un même pied d’égalité, car tous sont, d’après la religion chrétienne, créations de Dieu. Cette phrase devient alors d’autant plus polémique.

(Source :https://www.radiofrance.fr/personnes/albert-camus)

Interprétation personnelle :

C’est en réalité assez complexe de se questionner sur cette notion, « homme ». Quelle est notre vraie nature ? Qu’est ce qui fait de nous ce que nous sommes ? L’enseignement de la philosophie cette année m’a ouverte aussi à ces questionnements.

De mon point de vue, l’homme est le résultat de l’évolution. En effet, d’après la théorie de l’évolution de Darwin, tout être vivant évolue au cours du temps, selon la sélection naturelle. Ainsi, nous sommes devenus ceux que nous sommes aujourd’hui, des êtres dotés de capacités physiques, mentales, intellectuelles et sociales. L’homme remet pourtant en question son origine, en s’interrogeant sur la frontière qui le sépare des animaux. En effet il a été prouvé que les singes et les enfants ont des capacités cognitives voisines. Alors qu’est ce qui nous différencie réellement d’eux ? Est-ce notre empathie ? Nos capacités morales ? Les animaux n’en sont pourtant pas dépourvus.
Des études ont démontré que certains singes pouvaient faire preuve de relations diverses au sein d’un groupe : sociales, morales, même politiques. Ils sont capables de réguler la violence, de faire preuve d’empathie et de coopération. Et si l’on a tendance à dire que l’homme est plus pacifique, on constate que c’est aussi le cas chez certaines espèces d’animaux.

Au cours des années, l’homme est devenu perfectionniste, et c’est à partir de ses pensées qu’il refuse d’admettre qu’il a pu être un animal un jour : il ne veut pas assumer cette partie de lui. C’est le message passé par Albert Camus, lorsqu’il nous dit que nous refusons d’être ce que nous sommes. Nous n’avons aucun droit à nous considérer plus forts, plus intelligents, ou tout simplement meilleurs que les autres espèces, car nous dépendons également d’elles. Certes, le langage nous a donné l’accès à une pensée développée, mais est-ce suffisant pour se considérer supérieur ?

Image :

 

L’homme de Vitruve, Léonard de Vinci, vers 1490, Galerie dell’Accadémia de Venise

L’Homme de Vitruve doit son nom à l’architecte et ingénieur romain Vitruve. Il est connu pour son livre sur les principes de base d’une construction, dans lequel il donne les proportions d’un corps humain supposément parfait.

Sur le dessin de Léonard de Vinci, on peut voir un homme se trouvant au centre de deux figures géométriques faisant penser à la Grande Triade : un cercle, représentant le ciel, et un carré, représentant la terre. Tandis que les parties génitales de l’homme se trouvent au centre du carré, c’est le nombril qui se trouve au centre du cercle.

L’Homme de Vitruve est le symbole du courant l’Humaniste, car l’homme représenté se situe au centre du dessin, d’où le lien avec la devise de l’Humanisme : « L’Homme au centre du monde. », comme symbolisé avec le nombril de l’homme, se situant au centre du cercle. Il s’agit également d’un dessin ayant traversé les siècles, et qui est, encore aujourd’hui, reprit en architecture par exemple, comme l’a fait Le Corbusier, dans sa mise au point du “Modulor”, un système de mesure basé sur les dimensions du corps humain.

Salaud–Mabileau Yona

Une réflexion sur « Homme »

  1. L’amorce est trop longue. Ne’ grillez pas vos cartouches pour l’argumentaire à suivre !
    Intéressante étymologie. avec l’hypothèse qui a longtemps eu cours. Isidore a été une grande figure de la chrétienté.
    Peut-être gagneriez-vous à sélectionner l’essentiel dans les définitions, de façon à pouvoir les comparer. Bon choix de dictionnaires.
    Peut-être pouvez-vous faire un lien hypertexte avec “individu”, car je crois que la fiche été réalisée (mais je me trompe peut-être). Rédigez plus soigneusement, en sélectionnant les informations essentielles.

    Citation bien choisie, mais a-t-on vraiment besoin du topo biographique, avec ce courant littéraire fantaisiste ? Allez directement à l’essentiel : titre et date de l’oeuvre dont est tirée la citation.
    Interprétation pertinente. Le terme de “créature” est chrétien et c’est étrange de le lire sous la plume de Camus… Vous pouvez parler de paradoxe.

    De bonnes pistes, dans l’argumentaire, mais évitez le “je pense que”, trop oral. En revanche, vous gagneriez à poser davantage de questions. Ce qui m’interpelle, c’est qu’on définisse toujours l’homme par opposition ou similitude par rapport à l’animal. Nuancez vos propos et justifiez-les davantage. L’homme vous semble de mauvaise foi par nature, si je comprends bien ? Existe-t-il une nature humaine ? Voir les cours de début d’année.

    Interprétez davantage le dessin de Vinci.

    Bon travail 🙂

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