Absence

Absence

Le terme « absence » est prononcé de nombreuses fois au cours de notre vie dès lors que nous savons parler. À l’école par exemple : « Qui est absent aujourd’hui ? ». Au travail : « pouvez-vous me donner plus d’informations sur l’absence de mon collègue cette semaine ? ». Le sport ne fait pas exception : « Comment l’absence du capitaine de l’équipe influencera-t-elle le résultat du match ? ». Pourtant, ce terme est-il réellement compris de tous et par tous ?

Personnellement, je pense que connaître et comprendre ce terme est essentiel pour plusieurs raisons, en lien avec la compréhension de la nature humaine, des relations, de la communication et même de la philosophie. J’aime beaucoup ce mot, car je le trouve à la fois complexe, de par ses nombreuses significations, mais aussi relativement clair dès l’instant où on le vit. C’est paradoxal !

Étymologie

Le mot “absence” a des racines anciennes, remontant au latin classique. Il dérive du terme latin “absentia”, dérivé du verbe “absens”, qui est le participe présent du verbe “abesse”. Voici une décomposition de l’étymologie du terme “absence”:

  1. “Ab-“ : Ce préfixe latin signifie “loin de” ou “hors de”. Il exprime l’idée de séparation ou d’éloignement.
  2. “Sens” (ou “sent-“) : Cela provient du verbe latin “esse”, qui signifie “être”. Le participe présent de “esse” est “sens” ou “sent-“, qui se traduit par “étant” ou “étant là”.

Donc, littéralement, “absentia” ou “absence” signifie “être loin de” ou “être hors de” quelque chose, indiquant l’état de ne pas être présent ou disponible à un endroit donné.

Définition

Définition générale:
Fait pour quelqu’un, quelque chose de ne pas se trouver à l’endroit où l’on s’attend à ce qu’il soit ; temps pendant lequel quelqu’un est absent de ce lieu. ( Larousse)

 

  • Domaine du droit:

État de celui dont l’existence est incertaine, du fait de sa disparition et du manque de nouvelles pendant un temps déterminé par la loi Situation légale d’une personne qui a cessé de paraître à son domicile et dont on n’a pas de nouvelles depuis au moins quatre ans. ( Le Robert + CNRTL)

  • Domaine de la psychologie:

L’absence peut être liée à des troubles mentaux tels que la dissociation ou la dépersonnalisation. C’est un oubli, une brève perte de mémoire, une interruption passagère de la conscience. ( Le Robert + Larousse).

  • Domaine Militaire :

Faute commise par le militaire qui s’absente de son corps sans droit et qui n’a pas encore dépassé les délais à l’issue desquels il serait déclaré déserteur ( Larousse ).

L’absence est un nom féminin. L’évolution de ce terme à travers l’histoire et les langues a conduit à son utilisation contemporaine en français pour décrire le fait de ne pas être physiquement présent ou de manquer dans une situation donnée.

Synonymes et  Antonymes

  • Synonymes:

séparation : Action de séparer,  d’isoler,  fait d’être séparé. (Le Robert)

défection : Abandon (par qqn) d’une cause, d’un parti. (Larousse). Fait de ne pas venir là où l’on était attendu ( Le Robert ).

  • Antonymes:

présence : Fait pour quelqu’un, quelque chose de se trouver physiquement, matériellement en un lieu déterminé. (Larousse)

pléthore : Abondance, excès. (Le Robert)

La séparation et son antonyme la présence sont deux termes qui évoquent le mot absence au niveau du physique comme si ce mot n’avait qu’un seul et unique sens. La défection est une décision d’abandon et non pas une situation d’abandon.  Le pléthore est une abondance excessive de choses, de gens donc le contraire d’une absence. Ce mot du XIVe siècle, “absence” est donc une représentation personnelle reconnaissant l’existence d’un sujet ou d’un objet.

 

Extrait philosophique

“L’absence est le plus grand des maux, car elle tue peu à peu ceux qui sont privés de ceux qu’ils aiment.” – François Fénelon, Les Aventures de Télémaque.

Cette citation, écrite en 1699, est apparue dans ” Les aventures de Télémaque”, un roman d’éducation qui relate les aventures du fils d’Ulysse, à la recherche de son père. Elle vient de François Fénelon (1651- 1715)  un écrivain français, homme d’église, théologien et pédagogue. Ses œuvres littéraires et philosophiques ont eu une influence considérable sur la pensée et la littérature françaises du XVIIe et XVIIIe siècles.  Son style d’écriture était caractérisé par sa clarté, son élégance et sa finesse.

Cette citation de François Fénelon exprime de manière déchirante  le profond impact que peut avoir l’absence sur les individus qui sont séparés de leurs proches ou de ceux qu’ils aiment. Elle rappelle que la proximité des êtres chers est essentielle pour notre bien-être. Cette phrase évoque l’idée que l’absence est un élément perturbateur pour l’âme humaine. L’auteur la décrit comme un poison pour l’âme, ” le plus grand des maux” capable de tuer, soulignant ainsi le caractère nuisible de l’absence sur le bien-être psychique. Il évoque également l’idée que l’absence crée un vide, un manque, une privation qui résonne de manière douloureuse dans notre être intérieur. L’absence est a la fois un rappel constant de ce qui manque mais aussi une source de douleur.  Cela traduit le fait que l’absence peut avoir des conséquence néfaste pour notre bien être émotionnel et mental. L’absence peut susciter des souvenirs et des émotions nostalgiques, renforçant ainsi le désir de revoir la personne ou la chose qui nous manque. Cette nostalgie peut être à la fois réconfortante et douloureuse.

François Fénelon met en lumière la notion de privation et de douleur inhérente à l’absence, mettant en garde contre son impact sur le psychisme humain. Il est important d’identifier et de reconnaître cette souffrance pour pouvoir la guérir. L’absence peut non seulement affecter individuellement ceux qui sont séparés de leurs proches, mais aussi influencer les relations elles-mêmes. Les liens familiaux, amicaux ou amoureux peuvent être mis à l’épreuve par l’absence, et il est souvent nécessaire de lutter pour les maintenir.

En littérature concept d’absence est souvent associé à des questions sur le sens de la vie, la présence et l’absence d’un but ou d’une entité supérieure.Cette citation peut conduire à une réflexion sur la nécessité de cultiver des relations saines et de ne pas prendre la présence des autres pour acquise.

 

Illustration

 

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Œuvre : “L’Homme au chapeau melon” par René Magritte

  • Artiste : René Magritte (1898-1967)
  • Année : 1964
  • Technique : Huile sur toile
  • période : surréalisme

“L’Homme au chapeau melon” est une œuvre emblématique de Magritte. Dans cette peinture, on peut voir un homme au visage dissimulé par un chapeau melon et un manteau, le tout dans une palette de couleurs sobres, représenté contre un ciel nuageux et bleu. Ce qui rend cette image intrigante, c’est que le visage de l’homme soit complètement caché par le chapeau melon, ne laissant aucune indication sur ses caractéristiques faciales et sur son identité. Cela crée un sentiment de mystère et de surprise, car le spectateur est habitué à voir un visage. En cachant le visage, Magritte crée une distance entre le personnage représenté et le spectateur. L’incapacité de voir le visage ne crée t-elle pas une rupture dans l’empathie et la connexion émotionnelle habituelle que l’on établit avec un visage humain ?  L’oiseau représente symboliquement l’absence de communication, de liberté et de compréhension entre les individus malgré leur proximité physique. C’est une exploration de la séparation entre la présence physique et l’absence émotionnelle ou intellectuelle.

L’œuvre est typique du style surréaliste de Magritte, caractérisé par des images surréelles et des éléments inattendus qui défient les attentes et incitent à la réflexion sur la signification cachée derrière les apparences. L’absence d’une explication claire et évidente de ce qui se passe dans l’image encourage le spectateur à interpréter et à imaginer diverses possibilités. Cet œuvre ne  laisse t-elle pas place à une absence de réponse définitive ?

Le terme “absence” est utilisé pour exprimer le manque de quelque chose ou de quelqu’un. Ne pensez vous pas que dans ce cas ci, c’est même une absence d’identité, de visage, d’explication et de connexion ( avec le spectateur) ?

Interprétation personnelle

L’absence est une énigme, un vide qui se glisse insidieusement dans nos vies et qui, paradoxalement, en révèle la plénitude. Elle est le fantôme qui hante nos pensées, l’ombre qui plane sur nos cœurs, le silence qui résonne dans nos souvenirs.

Dans l’absence, nous découvrons la véritable valeur de ce qui est absent. C’est comme si l’absence avait le pouvoir de magnifier ce qui n’est plus là, de le rendre plus précieux, plus poignant. L’absence nous rappelle que chaque moment, chaque rencontre, chaque objet, chaque être cher est éphémère, qu’ils sont comme des étoiles filantes dans le vaste ciel de notre existence. Lorsque l’on se sent seule on peut associer l’absence à une personne de plus qui est avec nous et qui refuse de nous lâcher.

L’absence  nous pousse à méditer sur la nature du temps, sur notre propre fin, sur la fragilité de tout ce qui nous entoure. Elle nous invite à questionner notre attachement aux choses et aux personnes, à nous interroger sur ce qui donne du sens à notre existence.

Pourtant, l’absence peut être douloureuse. Elle peut créer un vide béant dans nos vies, un manque insurmontable. Elle peut nous plonger dans la mélancolie, dans la nostalgie, dans la tristesse. Mais c’est aussi dans cette douleur que se révèle la profondeur de nos émotions, la force de nos liens avec ceux que nous aimons. Le mot absence peut  être un euphémisme pour faire référence à une personne physiquement absente ou décédé. Lorsqu’on fait l’expérience d’une absence, cela peut déclencher des émotions liées au deuil, à la solitude et à la tristesse.

En fin de compte, l’absence est un miroir qui nous renvoie à nous-mêmes, à notre humanité. Elle nous rappelle que nous sommes des êtres en quête de sens, en quête de connexion, en quête de présence. Elle nous enseigne que, même dans son absence, l’amour, l’amitié, la beauté, la vérité, continuent de briller dans notre cœur et dans notre esprit.

Ainsi, l’absence est à la fois un mystère et une leçon, une épreuve et une source de réconfort. Elle est le tissu même de notre existence, le fil conducteur qui relie les moments de notre vie et qui donne du relief à notre expérience. Elle est le rappel constant que chaque instant est précieux, que chaque personne est unique, que chaque chose a sa place dans l’éphémère danse de la vie.

Si l’absence devait être personnifié ce serait une sorte de fantôme, un personnage transparent et vide qui serait attiré par la tristesse des humains et des animaux autour de lui. Ce « fantôme » donnerait l’impression à ses victimes de ne pas se sentir à leur place et de faire «  tâche » dans la société. Elles se sentiraient comme un « rien » parmi un « tout » au point de remettre le sens de l’utilité de leur vie en question. L’absence créée une sorte de trou, le manque, difficile à combler. L’absence entraîne un manque et ce manque entraîne un nouveau besoin. C’est un cercle vicieux car on apprend aussi que l’absence mène à l’ oubli. L’absence d’une chose négative est un réconfort et même dans certains cas une libération, tandis que l’absence d’une chose positive blesse profondément et peut même détruire.

En réfléchissant à comment achever cet article, je me suis demandée comment serait l’absence si ce mot devenait une personne et non plus simplement une association de lettres et comment les gens la verraient .  Les mots me sont rapidement venus et j’ai écrit ceci :

« Son innocence, son apparence, sa différence, son effervescence ne font qu’ accentuer son silence. Elle s’appelle absence, c’est une évidence. Ses yeux dans le vide, elle ne pense plus , elle ne vit plus. C’est comme si le monde s’immobilisait dès qu’elle nous chuchotait la solitude qui nous attendait. Alors on réfléchissait, ou du moins on essayait. On traversait la forêt dormante, frissonnante, combattant le manque. Dans ce silence épais, chaque pas résonnait comme un cri étouffé dans l’obscurité de la nuit. Les éclats de lune révélaient un visage pâle et mélancolique, portant les stigmates d’une douleur indicible. »

 

 

Mélissa BOURDIN –LERAT, terminale production

 

 

 

Une réflexion sur « Absence »

  1. On ne comprend pas bien votre amorce, qui d’ailleurs est trop longue. Avez-vous voulu jouer sur le mot “absence” ? Gardez des arguments pour l’argumentaire ! L’amorce est la “captatio benevolentiae” du discours : elle doit justifier le choix en donnant envie de lire la suite.

    Impeccable, pour l’étymologie et les définitions : clair et précis, bravo !

    Des qualités d’analyse. Précisez cependant en quoi les synonymes se distinguent de l’absence (ne laissez rien sous-entendu). Une erreur de conjugaison à corriger.

    Citation : Attention ! “Il est surnommé « le Cygne de Cambrai » et est surtout connu pour ses écrits littéraires, philosophiques et spirituels. Son œuvre la plus célèbre se nomme “Les Aventures de Télémaque”. C’est un roman d’éducation qui relate les aventures du fils d’Ulysse, Télémaque, à la recherche de son père. Ce livre, écrit dans le but d’instruire et de moraliser le jeune duc de Bourgogne, a également été lu et apprécié par un large public. Ses œuvres littéraires et philosophiques ont eu une influence considérable sur la pensée et la littérature françaises du XVIIe et XVIIIe siècles. Son style d’écriture était caractérisé par sa clarté, son élégance et sa finesse.

    Le concept d’absence est exploré dans la philosophie et l’existentialisme, où il est souvent associé à des questions sur le sens de la vie, la présence et l’absence d’un but ou d’une entité supérieure.” : tout ce copier-coller est absolument inutile. L’existentialisme étant par ailleurs un courant philosophique, triez les informations trouvées sur internet, s’il vous plaît !
    L’analyse de la citation est souvent pertinente, mais pas assez méthodique. Ne la remplacez pas par des jugements de valeur (poignant, par exemple). Voyez plus précisément ce que supposent les termes employés, ce qu’ils désignent (voir fiche des termes outils à employer en écrivant). Attention notamment à l’emploi du terme “spirituel” : il désigne la croyance religieuse. Je ne vois pas où vous lisez la distinction que vous posez en fin d’analyse : est-ce votre point de vue personnel ? A transférer, dans ce cas, dans la rubrique concernée.

    Très beaux passages autour de l’oeuvre picturale et du point de vue personnel sur le mot “absence” : bravo ! Vous gagneriez cependant à formuler certaines idées avec davantage de modalisateurs, notamment des questions. Votre raisonnement est très cohérent, mais la fin gagnerait aussi à être mieux reliée à ce qui précède (connecteur logique ? réagencement ?). Attention à “oubli” : vous l’avez écrit comme le gâteau 😉 Je crois qu’une fiche a été faite sur ce mot-là : un lien interactif serait bienvenu.

    Bon travail, pour peaufiner une fiche qui est déjà d’une très grande qualité 🙂

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