Fratrie

Que nous soyons enfant ou adulte, la fratrie est bien l’une des choses qui grandit avec nous, en même temps que nous.  La fratrie évolue au même rythme, jours après jours, mois après mois, années après années. En effet, en étant enfant nos parents veulent nous donner une éducation identique, où les règles sont les mêmes et où l’amour est le même : sans aucune différence au sein de la fratrie. Mais justement, une fratrie ne serait-elle pas plus qu’un simple ensemble de frères et sœurs? Dans ce cas, pourquoi dirions-nous des “enfants uniques” qu’ils ont souvent ce besoin de sentir qu’ils appartiennent à une fratrie, qu’ils n’ont pas par définition? S’ils ont cette nécessité, c’est bien qu’une fratrie correspond à autre chose que simplement des règles et un amour à partager… Ainsi, nous sommes dans la mesure de nous demander ce que cache ce mot “fratrie”. Pourquoi tout être humain aime ce sentiment d’appartenance à une fratrie? Est ce les liens fraternels que nous cherchons ou bien plus?

Tout d’abord, intéressons nous à l’étymologie du mot “fratrie”. D’après l’Académie française, le mot “fratrie” est un dérivé savant du latin frater, “frère”.  A l’origine, ce mot “frater” est  l’un des termes centraux de la Bible et a donc une portée théologique et religieuse. De nos jours, il appartient au vocabulaire de la démographie c’est à dire qu’elle qualifie une partie de la population et désigne l’ensemble des frères et sœurs d’une même famille. Etymologiquement, ce mot ne montre rien qui puisse autant tenter les Hommes. Pourtant, être au sein d’une fratrie, est parfois une quête pour certains.

Ainsi, nous allons voir les différentes définitions que possède ce mot tant mystérieux finalement… Si nous prenons un dictionnaire comme Le Robert Collège il est écrit : “nom féminin qui désigne l’ensemble des frères et sœurs d’une même famille.”. Ensuite, si nous regardons la définition donnée par L’Internaute c’est : “une fratrie représente un groupe d’individus uniquement constitué par les frères et sœurs d’une même famille.”. Nous pouvons donc voir qu’il n’y a rien de bien différents jusque là. Cependant, si nous nous penchons vers un sens plus figuré du mot “fratrie”, nous pouvons retrouver ce qui est tant recherché. En effet, le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales nous informe que “fratrie” peut aussi être utilisé en ethnologie et a la définition suivante : “Groupe formé de plusieurs clans dont les membres se considèrent comme liés les uns aux autres par une règles de filiation unilinéaire”.  De plus, un article sur Wikipédia nous dit :”La fratrie (…), est une notion découlant des liens affectifs tissés entre les membres qui la composent.”. Nous pouvons donc voir, que le mot “fratrie” peut prendre un sens expliquant simplement le partage, l’histoire commune, l’envie et  les besoins communs, ou alors, uniquement être lié par une chose que seul les membres de cette fratrie connaissent. En aucun cas, dans ces deux dernières définitions, il n’est question  de liens de parenté, de liens sanguins, mais plutôt de liens affectifs qui nous montrent qu’une fratrie c’est le partage avant tout, le soutien, l’entraide, la solidarité, l’amour, le bonheur…

Afin d’illustrer ceci, nous pouvons penser aux paroles de Sigmund FREUD.

Né en 1856 et décédé en 1939, il est le fondateur de la psychanalyse. 

Au sujet de la fratrie, il a écrit dans son œuvre L’interprétation du rêve écrit en 1900 : “Je ne sais pourquoi nous admettons d’avance qu’elles doivent être affectueuses.” Avec l’utilisation du pronom personnel “elles”, Sigmund FREUD fait référence aux relations fraternelles. Dans cette citation , nous pouvons lire la complexité de ce mot : “fratrie”.  La présence de cette négation : “Je ne sais pas pourquoi (…)”  nous oblige à nous interroger sur la suite de son propos. Ainsi, nous pouvons donner une certaine réponse puisque justement, nous avons vu précédemment que le fratrie avait plusieurs sens. Dans l’imaginaire collectif, une fratrie désigne les individus nés de mêmes parents au sein de laquelle tout se passe très bien. Cependant, nous connaissons tous des frères et sœurs dont les relations sont compliquées au point même parfois de ne plus d’adresser la parole… C’est pour ces cas précis que Sigmund Freud a rédigé cette phrase. Il n’aborde pas l’aspect de la fratrie où les liens du sang sont inexistants mais où les liens du cœur sont plus que présents. 

Le nom “fratrie” est un substantif c’est à dire que c’est un type de mot déterminant la réalité. Parmi tous les mots de la langue française, aucun ne définit le fait d’être dans un groupe uniquement composé de frères et sœurs. Cependant, il existe des synonymes de “fratrie” qui définissent l’aspect des points communs. Nous avons donc les mots “clan” et “tribu” d’après le Dictionnaire-synonyme.

Un clan est un nom masculin, qui d’un point de vue ethnologique définie des personnes ayant un ancêtre commun et qui, d’un point de vue péjoratif, définie un groupe fermé de personnes qui se soutiennent entres elles. (L’internaute)

Une tribu, quant à elle, est d’après le dictionnaire Larousse, un nom féminin qui désigne tout d’abord une “agglomération de familles vivant dans la même région, ou se déplaçant ensemble, ayant un système politique commun, des croyances religieuses et une langue commune, et tirant primitivement leur origine d’une même souche”.  En second lieu, le terme “tribu” peut être utilisé en langage familier pour définir un “groupe assez nombreux et, en particulier, familles dont les membres se tiennent de près, suivent des règles communes”.

Comme les synonymes, les antonymes sont compliqués à trouver. Cependant, nous pouvons opposer l’idée de “fratrie” à celle de “l’enfant unique” et au terme “solitude”.

L’interprétation personnelle de “fratrie” 

Lorsque j’entends le mot “fratrie” résonner dans mes oreilles, je ne peux contrôler mes pensées qui s’en vont directement vers mon frère et ma sœur. Il est impossible pour moi, de limiter mon esprit à un groupe d’individus qui ne partagent que les liens du sang et qui sont nés des mêmes parents. Et quand bien même je prends en considération le sens plus figuré du mot “fratrie”, je me sens restreinte et j’ai l’impression d’occulter toute une partie, une magnifique partie de ce que représente MA fratrie. On dit parfois que l’horreur ne se raconte pas mais selon moi le bonheur ne se raconte pas non plus. Je vais tenter malgré tout de mettre des mots sur ce que je ressens lorsque je suis entourée de mon frère et de ma sœur… Je me sens comprise parce que même sans un mot, nous parlons. Il m’ont vue grandir, je les ai vus évoluer dans la vie active. Pendant toutes ces années de vie commune, nous avons presque vécu en symbiose. Je ne dirais pas que nous nous connaissons pas cœur, parce que, même si nous avons vécu une partie de notre vie ensemble et même si quand ils sont partis du nid familiale nous avons continué à grandir au sein de cette famille, nous avons tous gardé notre jardin secret. Par contre, je dirais que nous connaissons l’essentiel, le plus important de chacun et surtout nous connaissons l’amour que nous partageons. Mon frère, ma sœur, ce sont mes semblables. Ils sont la base de mon bonheur puisque le mot qui rime avec “fratrie” est selon moi “partage”. Dans ce partage, je vois les partages matériels : les jouets, les vêtements, les livres… Je vois les partages affectifs : les câlins, les mots gentils et réconfortants, les rires… Je vois les partages de connaissance : les bêtises, les gros mots mais surtout la vie avec tous ses fou rires, ses découvertes musicales, ses repas partagés, ses voyages, ses histoires… Et même si certains, en lisant ceci seraient tentés de me dire que je suis aveugle face aux moment difficiles que partagent toutes les fratries, je leur répondrais d’aller relire les lignes précédentes.

 

Image issue du site Tatooblog, Minimalist Matching Hearts

Cette photographie, représente trois tatouages plus ou moins identiques partagés par trois frères et sœurs. Ils représentent trois cœurs avec un électrocardiogramme qui évoque le battement de leurs cœurs. Ainsi, nous pouvons supposer que leur fratrie les fait vivre. De plus, les trois cœurs se complètent ce qui sous-entend qu’ils ont besoin d’être tous ensemble pour que leur cœurs battent à l’unisson et qu’ils puissent vivre pleinement et heureux.  De plus, l’endroit où se trouve le tatouage est significatif. En effet, la main est symbole de solidarité et d’entre-aide. Ils seront là pour se tenir la main dans le bonheur et la tristesse. Ils seront là pour se relever quand l’un d’eux tombera, ils se tiendront par la main pour résister aux éléments extérieurs. Enfin, cette photographie est en noir et blanc, cela signifie que ce qui lie cette fratrie traverse les époques. Elle a un passé, un présent et aura un futur. Dans cette société du tatouage, nous avons déjà pensé à marquer notre amour envers quelqu’un sur notre peau de manière indélébile et quoi de mieux que le tatouage? Nous avons, au moins une fois, entendu parler d’une personne qui regrettait de s’être fait tatouer quelque chose en commun avec une autre personne car la vie les avaient séparé et elles ne partageaient plus rien dorénavant. Justement, c’est avec la photographie ci-dessus, que je souhaite montrer qu’on ne pourra jamais regretter un tel acte (je prend l’exemple du tatouage mais cela est vrai pour tous les autres actes), parce que peu importe les épreuves de la vie, nous aurons toujours une histoire commune avec notre fratrie qui ne s’effacera pas. Lorsque nous avions agit nous l’avions fait par amour. Certains parlent d’aveuglement au sein d’une fratrie et cette photographie en est la preuve. Des frères et sœurs seraient prêts à se faire un tatouage commun uniquement pour le bonheur de l’un des leurs et uniquement pour avoir quelque chose d’indélébile en commun. Ainsi, il est impossible de regretter car sur le moment nous avions écouté notre cœur et nous voulions juste partager ce moment avec notre fratrie.

Flavie ALLAIN