Perfectionnisme

Pourquoi peut-on avoir besoin de connaître ce terme là ?

Atteindre la perfection, partout, tout le temps. Ne plus fermer l’œil pour être sûr qu’un jour on y arrivera. Etre satisfait. Recommencer. S’épuiser. Echouer. Ne pas pardonner. Atteindre la perfection, c’est mon objectif.

Courir après cette « qualité », de nos jours l’être humain en raffole. Faire preuve de soin dans ses actions est important mais commencer à plonger dans ce qui n’est pas possible d’atteindre demeure épuisant. Il est donc important de comprendre comment certaines personnes n’arrivent pas à effectuer ce dosage qui, pourtant, pourrait leur redonner le sourire.

Etymologie :

Le mot “perfection” provient du terme latin perfectus qui signifie “achevé” ; “complet”.

Le mot « perfectionniste » fut le nom donné à une secte américaine fondée par John Noyes  (socialiste utopique américain) en 1869. Dans celle-ci règne la communauté des biens et celle des femmes, sous la surveillance de la Bible, car le libre amour n’étant possible suivant eux, que dans la vie chrétienne.

L’objectif de John Noyes était de créer un paradis sur Terre où hommes et femmes vivraient dans la candeur en profitant des délectations offertes par Dieu. Cet endroit fut ainsi qualifié d’idéal par cette société utopique dite des perfectionnistes.

Définition du terme :

Dictionnaire : Larousse Poche 2015

n.m Recherche excessive de la perfection en toute chose.

Site internet: CNRTL : (http://www.cnrtl.fr/definition/perfectionnisme)

 (PSYCHOPATHOLOGIE) Tendance, comportement du perfectionniste.

→ Un perfectionniste est une personne animé(e), obsédé(e) par un souci exagéré de la perfection en tout chose, notamment qui apporte un soin extrême, excessif dans la finition de son travail.

→  Ce souci exagéré de vouloir tout réussir parfaitement pousse l’Homme à être obnubilé par l’échec.

Dictionnaire Hatier : La pratique de la philosophie de A à Z

Pour en apprendre d’avantage sur le perfectionnisme, on s’intéresse plus particulièrement à l’objectif de l’individu : la perfection.

Perfection (n.f) : 1. Ce qui est exactement conforme à sa définition (ex : “un cercle parfait”).

2. Ce qui est parfait, c’est-à-dire aussi réussi que possible en son genre (ex : “une œuvre parfaite”); ce à quoi on ne peut donc rien ajouter ni retrancher.

Point de vue philosophique … Chez Descartes, la perfection est synonyme de réalité. Autrement dit, Dieu, étant un être parfait, est suprêmement réel.

Chez Leibniz Gottfried (1646-1716; Homme étudiant la philosophie, puis le droit et les mathématiques : il fut l’un des plus grands esprits de son temps ainsi que le plus cultivé) la perfection est l’état d’une chose quand elle connaît son plus haut degré d’être. “Dieu n’est pas simplement parfait en acte : il l’est absolument”. Aussi bien quantitativement que qualitativement : il possède toutes les perfections et celles-ci atteignent en lui une dimension suprême. Sa science est la plus étendue et a ceci s’ajoute toutes les bontés qu’il possède telles que la justice, la générosité et la miséricorde …).  

L’excellence divine (= la perfection de sa nature) s’exprimerait alors dans sa création … et pourtant, un bref regard sur le monde nous donne une impression contraire : le mal, l’injustice, la souffrance et l’iniquité (= Caractère de ce qui est inique, injuste; injustice grave) semblent régner sans partage.

Histoire :

 Le perfectionnisme en philosophie morale et politique :

Ce terme est utilisé pour se référer à une description de la vie bonne (humaine) ou du bien être humain. Le perfectionnisme est associé à des théories éthiques (=qui concerne la morale) qui caractérisent le bien humain en ter me de développement de la nature humaine.

Le perfectionnisme moral se traduit par cette interrogation : comment et pourquoi compter sur soi-même ? C’est une tradition de la philosophie antique (naissance de la philosophie au 6e S av-JC ; élaboration de la pensée des grands philosophes : Platon, Aristote).

Extrait philosophique :

« Le piège de la perfection humaine est terrible ». Cet extrait provient de l’ouvrage : Légère comme un papillon de Michela Marzano ; 2011.

Muni de difficultés ( qu’elles soient morales, psychologiques ou physiques étant un casse tête pour le sujet), le piège de la perfection entraîne l’être humain dans un cercle vicieux. Inconsciente du niveau d’exigence trop élevé qu’elle se fixe, la personne effectue, chaque jour, un combat pour atteindre cet idéal. Un piège : enfermé derrière les barreaux de la prison qu’il s’est lui-même forgé, et persuadé qu’il peut effectuer toute chose d’une manière parfaite, le perfectionniste n’en sortira pas tant qu’il n’aura pas poussé ses limites au plus haut point. S’acharner pour que ses exigences deviennent de véritables objectifs, pour au final, n’avoir que le sentiment ou l’impression d’avoir atteint la perfection, amène l’Homme à ce que l’on appelle le “TOUT OU RIEN” : par crainte de mal faire, ne risquons-nous pas de ne rien faire ? En effet, “chaque réalité a un corps, en revanche, seul l’idéal est sans corps, sans chair, sans faim. C’est la raison pour laquelle l’idéal est supérieur. La perfection ne laisse pas de trace. Ne salit pas. Elle est ineffable (= Qui ne peut être exprimée)…” Michela Marzano. Si l’on part du principe que la perfection n’a pas de corps, elle ne peut donc JAMAIS être atteinte. Celle-ci n’étant pas un concept concret, elle ne permet pas de bénéficier à l’Homme d’un point de repère au niveau duquel il pourrait se fixer ses propres limites.

Ainsi, n’étant pas confiant dès le départ en ses capacités, le perfectionniste ne s’accorde pas le droit à l’erreur d’où une peur monstre d’échouer.

Synonymes :

Dictionnaire (Larousse Poche 2015)

  • Minutieux, euse (adj) : Qui s’attache aux détails ; pointilleux.
  • Scrupuleux, euse (adj) : Minutieux, exact.
  • Soigneux, euse (adj) : 1. Qui apporte du soin à : soigneux de sa personne ; 2. Fait avec soin : un travail soigneux.

Les nuances de ces termes plus en détails ! … Etre minutieux soulève d’autres termes tels que la patiente ; les gestes et le langage doivent faire preuve d’une certaine délicatesse et le sujet en question a la volonté de s’attarder aux moindres des ces petits éléments qui composent cet ensemble : son résultat souhaité.

Même si le détail se révèle être “une chose peu importante”, la minutie, étant une application attentive, pourrait au final se caractériser par l’art du soin donné aux moindres de ces petites touches… De ce fait, si le travail du perfectionniste doit être parfait (ce qui pourrait s’expliquer par le fait de viser l’excellence à son plus haut point) celui-ci aura sans doute eu recours à ces différents comportements, donnant ainsi l’harmonie d’un travail qui se voudra aussi bien intellectuel qu’esthétique.

Antonymes :

Dictionnaire (Larousse Poche 2015)

  • Distraction
  • Négligence

Interprétation personnelle :

Prenant plaisir à étudier le comportement humain, une connaissance plus approfondie de ce terme m’a fait comprendre que l’Homme, dans toute sa complexité, associait certains comportements lui permettant, inconsciemment, de lutter contre son mal-être. Atteindre l’idéal, demande à l’homme de fournir un travail perpétuel. Il est sans relâche, et le jour comme la nuit, il ne pense qu’à faire aussi bien qu’il le peut. Avant tout, la personne s’exige d’être parfaite elle-même : cela suppose un certain contrôle de soi-même. Le perfectionnisme pourrait provenir d’un sujet qualifié de narcissique. En effet, cultivant une image de lui-même qu’il perçoit comme supérieure aux autres mais dont l’estime de soi l’empêche d’atteindre cet idéal, l’individu compensera alors cette faille en ce tournant vers d’autres domaines ( c’est une valorisation à travers ses propres performances). Si l’on parle ici d’une prison qu’il s’est construite lui-même, c’est à cause de la vision qu’il se fait de la perfection. Etre parfait suppose être fort, indépendant, et libre. La personne n’a donc aucune nécessité de l’aide d’autrui. Ainsi, elle se coupe de toutes relations extérieures. Faudrait-il encore prendre conscience que “placer la barre trop haute” ne permet en rien la progression ? Dès cet instant, l’individu part soucieux d’échouer. Il refuse d’admettre qu’il est possible de se tromper et de ce fait, il redoute ses capacités. De même, la procrastination et le perfectionnisme sont de paire : en prévention de l’échec, le perfectionniste adopte une tendance à tout repousser au lendemain.  Il demeure donc important dans la vie d’un Homme de comprendre comment il fonctionne et qu’un socle solide dès le début de sa vie lui permettra de passer outre certaines erreurs et surtout de s’accepter soi-même, parce que s’aimer, c’est mieux vivre avec les autres.

Après cette description comportementale de ce sujet qui reflète l’image d’un individu épuisé, aurions-nous oubliez que ses efforts finissent toujours par être récompensés ? Aller au bout des choses et ne pas les laisser en suspend… En effet, qu’y a t’il de plus agréable que de travailler avec des gens qui ont le goût de l’effort et le sens du travail bien fait ? Derrière cette volonté ce cache l’investissement de la personne ainsi que son sérieux. Soucieuse de bien réussir, la personne sera fière d’elle et aura donc, cette motivation qui lui permettra de faire le meilleur d’elle même.

Illustration :

perfectionniste

Assise sur son tabouret, et ne pouvant bouger davantage dû au poids qu’elle porte sur ses genoux, cette jeune femme semble épuisée. En effet, n’étant pas un corps réel, la perfection est ici représentée par un boulet dont la femme ne peut se débarrasser. Ce fardeau nous illustre les conséquences d’un idéal non atteint : insatisfaction provoquant la mélancolie, le découragement, une certaine faiblesse morale mais également physique. Désormais seule, c’est un combat effréné dans lequel elle tente d’atteindre tous les objectifs fixés. Libre à vous d’imaginer comment a t’elle fait pour en arriver à tomber dans un tel excès … Sans doute a t’elle cherché à devenir parfaite par peur des critiques, ou bien par désir de vouloir tout contrôler (les perfectionnistes sont dans le contrôle de l’autre, de la réalité). Son rêve de l’idéal s’est peut-être répercuté sur les autres, ayant ainsi la volonté d’imposer ses actes, ses mots et son image.

Elle est triste, désormais seule avec son boulet puisque le perfectionnisme toxique nous empêche de vivre, or une certaine tolérance envers soi-même est indispensable pour pourvoir aimer sa vie.

À bon dosage, le perfectionnisme se révèle être une qualité d’autant plus bénéfique à celui qui effectue le travail (satisfaction de réaliser des choses propres et de qualité) qu’à celui dont le résultat final est destiné puisqu’il aura le privilège de recevoir un travail bien soigné, ce qui sous entend également, une certaine forme de respect envers son destinataire.

(http://www.forme-sante-ideale.com/guerir-perfectionniste-avec-hooponopono/)

Amoneau Marine