Sacrifice

Gandhi disait : “Une vie de sacrifice est le sommet suprême de l’art. Elle est pleine d’une véritable joie.” Mais qu’est ce qu’une vie de sacrifice? Qu’est-ce tout simplement un sacrifice?

Comme beaucoup d’autres mots de la langue française, ce mot est aujourd’hui employé dans le langage courant avec un sens différent de son sens premier. En effet, ce terme employé initialement dans le domaine religieux se rencontre aujourd’hui dans la vie de tous les jours. Mais l’emploi de ce mot à l’heure actuelle a-t-il la même valeur que lorsqu’il est utilisé dans le contexte religieux?

 

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                 Le sacrifice d’Isaac, Le Caravagne, 1603

Ce tableau de Caravagne représente un épisode biblique tiré de la genèse, au cours duquel Abraham s’apprête à sacrifier son propre fils Isaac afin d’obéir à l’injonction de Dieu, mais un ange arrête son geste.                                                                                                                                       Ce tableau représente bien le terme “sacrifice” tel qu’il est employé dans le domaine religieux. En effet, ce tableau illustre bien le sacrifice puisqu’il nous montre Abraham prêt à tuer son fils pour prouver sa Foi envers Dieu. Cette image illustre l’importance de la religion ainsi que des pratiques qui y sont liées comme les actes de sacrifice.

 

Initialement le terme “sacrifice” a une signification religieuse, mais ce mot est aujourd’hui aussi employé dans le langage courant. Ce mot peut donc exprimer différentes idées selon le contexte dans lequel il est utilisé.

 

Définition 1 :

1- RELIGION   Offrande à une divinité et, en particulier, immolation de victimes.

2- SENS COURANT  Renoncement volontaire à quelque chose. Perte qu’on accepte, privation, en particulier sur le plan financier.

(def : Le petit Larousse Compact 2001)

Définition 2 :

1- RELIGION    Action sacrée par laquelle une personne, une communauté offre à la divinité, selon un certain rite, et pour se la concilier, une victime mise à mort (réellement ou symboliquement) ou des objets qu’elle abandonne ou brûle sur un autel.

2- SENS COURANT   Renoncement, privation que l’on s’impose volontairement ou que l’on est forcé de subir soit en vue d’un bien ou d’un intérêt supérieur, soit par amour pour quelqu’un.

(def : CNRTL)

Définition 3 :

1- RELIGION    Action par laquelle on offre quelque chose à Dieu, avec certaines cérémonies, pour luy rendre un hommage souverain.

2- On dit fig. Faire un sacrifice à quelqu’un, pour dire, Renoncer pour l’amour de luy à quelque chose de considérable, d’agréable.

(def : Dictionnaire de l’Académie Française, première édition, 1694)

 

Le terme “sacrifice”, lorsqu’on l’emploie dans le domaine religieux, peut aussi avoir différentes significations selon la religion.

Étymologie :

Le mot “sacrifice” vient du latin sacrificium, de sacer facere, qui signifie faire du sacré. Étymologiquement le sacrifice est donc «le fait de rendre sacré».

 

Position d’un philosophe :

“Le sacrifice de soi est la condition de la vertu.” 

Aristote, La Rhétorique – IVe s. av. J.-C.

 

Le terme “vertu” qualifie la force morale avec laquelle l’être humain tend au bien, s’applique à suivre la règle et la loi morale. Ainsi pour Aristote, grand philosophe grec de l’Antiquité, le sacrifice de soi serait le prix à payer pour arriver à cette force morale. Pour Aristote, le sacrifice de soi est un acte gratifiant qui apporte un sentiment d’honneur, ce qui est pour Aristote l’un des biens les plus précieux. Faire un sacrifice est une chose honorable et digne de louanges, ainsi le sacrifice de soit peut permettre de procurer le bien aux autres tout en s’en procurant à soi-même.

Pour Aristote le sacrifice de soi n’est pas défini comme une perte, mais comme le gain d’une conscience morale et d’une force honorable. Il perçoit le sacrifice comme un acte positif et bénéfique, tant pour la personne qui reçoit que pour celle qui offre.

 

Interprétation personnelle :

Le sacrifice comporte deux idées : d’un côté on offre, et de l’autre on se prive de ce que l’on offre.

La plupart du temps, on a tendance à percevoir le terme “sacrifice” comme péjoratif puisqu’il suppose une privation. Un sacrifice implique un renoncement et demande un certain dévouement ainsi qu’une certaine générosité. Toutefois, un sacrifice peut aussi procurer à celui qui offre un sentiment de satisfaction face au plaisir qu’il produit à autrui. Faire un sacrifice ne serait donc plus vu comme l’abandon d’une chose mais comme une certaine fierté.  Mais peut-on alors réellement parler de sacrifice? Le sacrifice n’implique-t-il pas instinctivement un sentiment de souffrance, de supplice?

Synonymes :

offrande, abnégation

  • Dans le domaine religieux le terme “offrande”  désigne, tout comme le terme “sacrifice”, un don que les fidèles offrent à un dieu pour l’honorer. Toutefois on différencie ces deux idées : en effet, faire une offrande c’est donner alors que faire un sacrifice c’est s’offrir. Dans la religion, il existe différentes formes d’offrandes et le sacrifice est l’une d’elle puisqu’il consiste à faire le don d’une victime à la divinité.                                                            Dans le langage courant une offrande est un présent dont on gratifie quelqu’un pour lui prouver son dévouement et son attachement. Ce terme se différencie du terme “sacrifice” puisque faire un sacrifice traduit un renoncement, une privation que l’on s’impose pour faire le bien d’autrui, alors que faire une offrande ne demande pas de se priver soi-même.
  • Une abnégation est une forme de sacrifice, cependant à la différence du sacrifice, l’abnégation est un renoncement total et volontaire. Faire preuve d’abnégation c’est se sacrifier totalement dans le seul but de faire le bien d’autrui, alors qu’un sacrifice se fait généralement avec l’attente de recevoir quelque chose en retour, de la gratitude ou de la reconnaissance. Les sacrifices faits aux dieux, que ce soit celui de vies humaines ou ceux d’objets, de fleurs et de nourriture avaient pour objectif d’obtenir de ceux-ci des faveurs ou une protection.

 

Antonymes :

égoïsme, contentement

 

Enora Jehanne